Comme plusieurs millions de téléspectateurs, Erica Bianchini, directrice artistique et cofondatrice de l’entreprise montréalaise de bijoux Ecksand, a regardé l’entrevue très médiatisée accordée par le couple formé par le prince Harry et Meghan Markle à Oprah Winfrey. Mais ce n’est que quelques jours plus tard, après avoir reçu de nombreux courriels de clients, qu’elle a constaté que la célèbre intervieweuse portait à son doigt une bague signée Ecksand.

« J’ai remarqué que c’était vraiment une belle bague, j’avoue », raconte en riant Mme Bianchini, plus d’une semaine après la diffusion de l’entrevue sur les ondes de CBS. « De là à penser que c’était une bague de chez Ecksand, ça ne m’a même pas [effleuré l’esprit]. C’était une vraie surprise pour nous, nous ne savions pas qu’elle possédait l’une de nos bagues. »

« Une icône comme Oprah a les moyens de porter une bague de n’importe où dans le monde, ajoute-t-elle. Elle peut sauter dans l’avion, se rendre à la place Vendôme, à Paris. Elle peut acheter tout le magasin et revenir à la maison le lendemain. »

Ce sont les nombreuses captures d’écran que lui ont fait parvenir des clients, croyant avoir reconnu l’une des créations d’Ecksand, qui l’ont incitée à faire des vérifications. Quelques jours plus tard, Erica Bianchini a dû se rendre à l’heureuse évidence : la bague en or rose Trio de papillons portée par Oprah a bel et bien été conçue à Montréal par son entreprise, située rue Cathcart, au centre-ville. Prix du bijou : 2250 $ (avant taxes).

PHOTO FOURNIE PAR ECKSAND

La bague en or rose Trio de papillons portée par Oprah Winfrey

L’entreprise québécoise, fondée en 2010, se spécialise dans la création et la conception de bijoux haut de gamme — bagues de fiançailles et de mariage écoresponsables. Des valeurs importantes pour la fondatrice. Ainsi, on utilise notamment de l’or recyclé, et les diamants proviennent de mines exploitées selon des règles éthiques et durables, assure Mme Bianchini. Toutes les activités de l’atelier et du siège social se déroulent à Montréal. Ecksand compte plus de 35 employés.

Rappelons que deux semaines avant la diffusion de l’entrevue, Meghan Markle a également porté, lors d’une apparition publique, un bijou d’Ecksand.

Gage de succès ?

Pour Martine St-Victor, stratège en communications, le choix de bague d’Oprah peut représenter « un tremplin exceptionnel » pour l’entreprise montréalaise. « Il y a quand même de grandes entrevues au fil des années où ce genre de détail a changé les choses. »

Elle rappelle notamment que le rouge à lèvres (Club Monaco) que portait Monica Lewinsky au cours d’une entrevue à la télévision menée par Barbara Walters, en 1999, s’est « vendu très rapidement » par la suite.

« Ce qu’il faut surveiller, c’est si la marque va se retrouver sur la liste des favorite things d’Oprah cette année », souligne-t-elle. Sur cette précieuse liste dressée annuellement, la célèbre intervieweuse y va de ses suggestions d’articles coups de cœur, notamment pour des idées cadeaux. « Une reconnaissance d’Oprah peut changer des carrières », soutient Mme St-Victor.

Heureuse d’avoir reçu le « sceau d’approbation » d’Oprah Winfrey, Erica Bianchini — qui ignore jusqu’à quel point cette apparition aura une incidence sur ses ventes — n’a toutefois pas l’intention de se lancer dans la chasse aux vedettes. L’entreprise n’a pas tenté non plus de prendre contact avec l’équipe d’Oprah pour savoir si elle avait l’intention de porter d’autres bijoux signés Ecksand. Mme Bianchini avoue néanmoins qu’elle serait heureuse si Oprah faisait d’autres apparitions avec ses bagues.

« Le fait de voir des stars qui portent [nos bijoux] sur le tapis rouge, ça pourrait vraiment être intéressant si les stars étaient alignées sur nos valeurs, tient-elle à souligner. Il y a beaucoup de stars qui portent des bijoux à Hollywood, mais souvent, elles sont payées. Ça, ça nous intéresse moins. On n’a pas les moyens. C’est important de ne pas juste porter un design, mais aussi un concept.

« Avec Oprah qui porte notre bague, on s’est dit que ce serait plus facile d’informer les gens de nos valeurs, poursuit-elle. Et ça, c’est inestimable, parce qu’on ne peut pas acheter Oprah. »