Près de la moitié des 15 à 35 ans en recherche d’emploi ont revu leur choix de carrière pendant la pandémie, révèle un nouveau sondage réalisé en février par le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec (RCJEQ). Plus de la moitié des répondants ont aussi eu recours à un soutien moral de la part des intervenants de leur carrefour.

Manque de motivation, isolement, entrevues d’embauche difficiles en mode virtuel : la pandémie a eu plusieurs effets sur les personnes de 15 à 35 ans en recherche d’emploi. Plus des deux tiers des répondants, soit 68,36 %, ont fait face à un nouveau phénomène : ils ont eu à chercher un emploi. Alors qu’ils avaient profité jusqu’avant la pandémie d’un contexte de pénurie de main-d’œuvre, où les employeurs devaient les séduire, cette nouvelle conjoncture en a amené beaucoup à réfléchir à leur avenir.

« Avant, on était dans une situation de plein emploi, avec taux de chômage incroyablement bas, où ça demandait des efforts pour associer le bon emploi au bon jeune, alors que, maintenant, il faut faire en sorte que les jeunes puissent d’adapter au nouveau marché du travail », soutient en entrevue virtuelle Alexandre Soulières, directeur général du RCJEQ.

Près de la moitié des répondants, 46 %, ont d’ailleurs revu leur choix de carrière, 38 % ont décidé de reprendre leurs études, tandis que 29 % se sont réorientés, soit en changeant de carrière ou de programme d’études.

Alexandre Soulières a constaté que de nombreux jeunes avaient répondu à l’appel du milieu de la santé et commencé des études en soins infirmiers, pendant que d’autres avaient décidé de prêter main-forte dans le commerce de détail.

De la restauration à l’ébénisterie

Audrey Bélanger fait partie de ceux qui ont fait un virage à 180 degrés. La femme de 34 ans travaillait dans le secteur de la restauration et des bars, lourdement touché par la pandémie. L’an dernier, elle a beaucoup réfléchi à sa vie professionnelle et, avec l’aide du Carrefour jeunesse-emploi de D’Autray-Joliette, a décidé de se réorienter. Son choix s’est arrêté sur l’ébénisterie.

Sa formation, l’été dernier, et son stage, à l’automne, se sont si bien déroulés qu’elle a décidé de lancer cette année sa propre entreprise, Ébénisterie trésor des bois. Audrey Bélanger affirme que les intervenants du Carrefour l’ont beaucoup aidée à faire face aux préjugés reliés aux métiers traditionnellement masculins.

« Ils m’ont donné les outils pour changer ma vie moi-même », raconte-t-elle lors d’un entretien virtuel. « J’avais peur du jugement des hommes du milieu, du jugement des employeurs. On m’a appris à avoir confiance en moi, à changer ma façon de penser, et on m’a fait me rendre compte que j’avais plus de compétence que je le pensais. »

Sara Labelle-Brazeau a aussi profité de la pandémie pour réfléchir à son avenir avec le soutien d’une conseillère en orientation du Carrefour jeunesse-emploi Rivière-du-Nord, à Saint-Jérôme. Si la jeune femme a choisi de retourner aux études, elle hésite encore entre la technique de gestion et d’intervention en loisirs et celle en éducation à l’enfance.

« Je me suis rendu compte que ce qui était important pour moi, ce n’était pas ce que j’allais faire, mais avec qui j’allais le faire, la connexion humaine », raconte-t-elle en entrevue virtuelle.

Soutien psychologique

Sara Labelle-Brazeau soutient être très reconnaissante du soutien moral et psychologique des intervenants. Elle n’est pas la seule, car 55,91 % des répondants au sondage ont affirmé que ce soutien moral avait joué un rôle dans le succès de leur démarche de recherche d’emploi.

« Des fois, les jeunes appellent juste pour parler », a confié Karine Gagnon, intervenante au Carrefour jeunesse-emploi de D’Autray-Joliette. « Pendant la pandémie, les jeunes ont plus que jamais besoin de parler et de se sentir écoutés. »

Le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec a voulu sonder les usagers des carrefours de la province afin de leur offrir les services dont ils ont vraiment besoin, mais aussi pour documenter cette période historique.

Le sondage a été réalisé du 3 février au 18 février 2021 auprès de 635 personnes âgées de 15 à 35 ans. Les gens sondés ont tous bénéficié des services des carrefours jeunesse-emploi.