Le Québec n’a jamais produit autant de sirop d’érable. Forts de cette production record en 2020, jumelée à une hausse des ventes ici et à l’étranger, les acériculteurs ont décidé de profiter du lancement de la saison des sucres pour rappeler qu’ils sont un moteur important de l’économie.

Ainsi, en 2020, les acériculteurs n’ont pas chômé : ils ont connu une hausse de leurs ventes de 14 % au Québec et produit 175 millions de livres de sirop (contre 159,4 millions de livres en 2019). Un record. Les exportations ont quant à elles augmenté de 22 %. « On fait rouler l’économie », lance sans détour Simon Trépanier, directeur général des Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ).

Pendant ce temps, l’initiative Ma cabane à la maison, un site internet qui permet aux amateurs de sirop d’érable de commander un repas parmi un choix de 70 érablières offrant un service de restauration, connaît un succès inattendu depuis son lancement, le 22 février. Quelque 40 600 commandes ont été enregistrées sur le site, qui a accueilli, jusqu’à maintenant, 1,2 million de visiteurs.

C’est incroyable. Ça nous permet de dire aux Québécois qu’on existe encore et qu’on veut être de retour après la pandémie.

Stéphanie Laurin, présidente de l’Association des salles de réception et érablières du Québec

Érablières-restaurants et producteurs

Si les érablières qui se spécialisent dans les réceptions et la restauration connaissent des années difficiles en raison de la pandémie – leur dernière vraie saison remonte à 2019 –, les acériculteurs, eux, se portent plutôt bien, assure-t-on du côté des PPAQ.

Simon Trépanier tient d’ailleurs à faire une distinction entre les deux pour éviter la confusion. « Les cabanes à sucre qui produisent du sirop d’érable, il y en a 7500 au Québec. Des cabanes à sucre qui font des repas, il y en a 200. Ce que le consommateur voit souvent, ce sont ces 200 cabanes qui sont des ambassadrices de l’érable, mais beaucoup d’entre elles ne produisent pas. »

Faire du sirop d’érable, c’est un métier, avoir un restaurant de cabane à sucre, c’est un autre métier. Certains combinent les deux, mais la plupart ne combinent pas ces deux rôles-là.

Simon Trépanier, directeur général des Producteurs et productrices acéricoles du Québec

La pandémie n’a donc pas empêché les acériculteurs de travailler. Rappelons que la production de sirop d’érable crée environ 10 500 emplois. En prévision de la saison qui débute actuellement dans l’ouest de la province et débutera dans environ trois semaines dans l’est, les acériculteurs ont fait près de 50 millions d’entailles.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

David Hall, acériculteur, prépare sa saison.

Joint mercredi à son érablière de Lac-Brome, David Hall entamait sa saison avec un peu de nervosité à l’idée de « repartir ses machines ». « Aujourd’hui, ça commence pour de vrai », dit-il. Heureux de l’augmentation des ventes enregistrées l’an dernier, le producteur ignore si la récolte sera bonne cette année. Tout dépendra de la météo. Il le souhaite ardemment, rappelant que le sirop, c’est son gagne-pain.

« On n’est plus dans l’artisanat. Il y a des gens qui vivent de l’acériculture, ajoute M. Trépanier, qui souligne dans la foulée que le Québec produit 73 % du sirop d’érable dans le monde. Il faut que le ministère des Forêts reconnaisse l’importance de l’acériculture et réserve des entailles sur les terres publiques pour l’avenir. Et là-dessus, on n’est pas du tout rassurés. » Plusieurs producteurs ont dénoncé ce qu’ils qualifient de « saccage » des érablières publiques au profit d’entreprises forestières. Dans un article publié dans La Terre de chez nous en février, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, disait « prendre la situation au sérieux ».

La production acéricole

Quelques chiffres

• Production en 2020 : 175 millions de livres
• 85 % du sirop d’érable du Québec est exporté dans 60 pays
• Principaux pays importateurs de sirop du Québec : États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Australie
• Principaux producteurs de sirop d’érable dans le monde : Québec (73 %), États-Unis (21 %), reste du Canada (6 %)

Source : Producteurs et productrices acéricoles du Québec