(Genève) Ingrédients, verre pour fabriquer les flacons, plastique, bouchons… des pénuries apparaissent sur la chaîne d’approvisionnement pour la production de vaccins anti-COVID-19, se sont inquiété mardi les principaux acteurs du secteur, appelant à lever les obstacles à leur commercialisation.

Les partenaires du système Covax (l’OMS, l’Alliance pour les vaccins Gavi et le Cepi, sa branche recherche), la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (IFPMA) mais aussi des fabricants originaires de pays en développement, des experts et des gouvernements, se sont retrouvés lundi et mardi autour d’une table virtuelle pour discuter des défis causés par la production à très grande échelle des vaccins.

L’industrie pharmaceutique pense produire 10 milliards de doses de vaccins cette année, soit le double de la capacité de fabrication de 2019, tous vaccins confondus.

« C’est la plus grande augmentation de production que le monde ait jamais connue », a déclaré à l’issue de la réunion le directeur général de l’IFMPA, le lobby des groupes pharmaceutiques, Thomas Cueni.

« Il n’est pas surprenant que nous ayons vu des accrocs », a-t-il ajouté.

La pandémie de COVID-19 a fait plus de 2,6 millions de morts depuis fin décembre 2019, suscitant une demande sans précédent de vaccins.

Pour fabriquer ces doses, il faut non seulement les ingrédients en quantités sans précédent, mais aussi le verre pour les flacons, du plastique ou encore des bouchons, à un moment où les chaînes d’approvisionnement mondialisées sont déstabilisées par la pandémie.

« Nous avons vu ces dernières semaines et ces derniers mois une augmentation des tensions au niveau des chaînes d’approvisionnement », a indiqué Richard Hatchett, le directeur du Cepi.

« Les entreprises commencent à signaler des pénuries ponctuelles de matériaux essentiels, de matières premières, […] et même d’équipements nécessaires à la fabrication des vaccins », a-t-il ajouté.

Il s’est inquiété du fait que certains pays veuillent notamment « imposer des contrôles sur les exportations […] comme l’ont fait les États-Unis avec le Defense Production Act ».

« Ces mécanismes […] peuvent créer de réels problèmes », a-t-il dit.

Brevets

Dans un communiqué, ils ont appelé à favoriser la libre circulation des biens et de la main-d’œuvre.

Ils encouragent aussi les transferts de technologies et partenariats de production entre les laboratoires et fabricants de vaccins, comme le fait par exemple AstraZeneca avec le Serum Institute of India.

Aucune mention n’est toutefois faite sur la proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud qui demande la levée temporaire des brevets soumise à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une demande dénoncée par les laboratoires.

« Tous ceux qui s’y connaissent en matière de fabrication de vaccins […] savent que la propriété intellectuelle n’est pas responsable des goulots d’étranglements, mais bien la rareté des ingrédients et matières premières », a indiqué le patron de l’IFPMA.

Présente à la réunion, la nouvelle cheffe de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a appelé les fabricants de vaccins à accélérer la production dans les pays en développement, via des accords de licence.

Compte tenu des années nécessaires pour construire de nouvelles installations, la Nigeriane a appelé à « tirer le meilleur parti des capacités de production existantes, et en les réorganisant », une reconversion qui peut se faire en six ou sept mois selon l’OMC.

Mme Okonjo-Iweala a également appelé les pays à lever les restrictions commerciales introduites dans le contexte de la pandémie. Même si elles ont diminué, elles restent présentes dans au moins une soixantaine de pays, a-t-elle expliqué.