Livrer des boîtes-repas à domicile accompagnées de bière ou de vin, voilà la prochaine étape que souhaite franchir Marché Goodfood. L’entreprise montréalaise, qui a déjà plaidé sa cause auprès du gouvernement québécois, a l’intention d’atteindre son objectif d’ici la fin de 2021. Cook it, autre acteur de l’industrie du prêt-à-cuisiner, est aussi d’avis que la possibilité de vendre de l’alcool lui permettrait de bonifier son offre.

« On a eu des discussions avec certains ministères au Québec et en Ontario pour faire de la livraison d’alcool », a confirmé à La Presse Philippe Adam, chef de la direction financière de Marché Goodfood. « Les clients nous demandent beaucoup s’ils peuvent avoir de l’alcool livré avec leur repas. Maintenant, on est une épicerie [en ligne] en plus. Donc les gens se demandent pourquoi on ne peut pas livrer de l’alcool comme les autres épiceries, ajoute-t-il. Nous aussi, on se le demande. »

« C’est important de dire qu’on ne veut pas venir concurrencer la SAQ, tient-il à préciser. On veut juste offrir les mêmes produits que les épiceries comme du vin, de la bière et du cidre. »

PHOTO FOURNIE PAR MARCHÉ GOODFOOD

Philippe Adam, chef de la direction financière de Marché Goodfood

L’adoption, un peu avant les Fêtes, du projet de loi 72, qui permet notamment aux restaurants de livrer de l’alcool accompagné de nourriture – avec leur propre service ou par l’intermédiaire d’un tiers comme Uber Eats – a incité Goodfood, l’une des plus importantes entreprises au pays dans le marché des repas prêts à préparer, à sauter dans la mêlée.

« [Dans le cadre du projet de loi 72], on a déposé un mémoire de façon officielle, souligne M. Adam. On a vu qu’il y avait une avancée dans la loi qui permettait la livraison d’alcool par des tiers, donc on a voulu se joindre à la discussion pour être sûrs qu’on soit considérés. »

Le gouvernement à l’écoute

Selon lui, l’entreprise a reçu une bonne écoute de la part du gouvernement Legault. « Tout le monde veut nous appuyer. Changer les lois, c’est compliqué, reconnaît-il toutefois. On comprend qu’il y a un processus qui va s’étaler sur plusieurs mois. On espère que ça pourra se régler rapidement, autant au Québec qu’en Ontario. On est pancanadien, on aimerait faire la même chose en Colombie-Britannique, en Alberta et à travers le pays. Chaque province a ses lois. »

Bien qu’il soit conscient que son entreprise ne se mettra pas à livrer des bouteilles de chardonnay ou de bière rousse d’ici deux semaines, Philippe Adam veut que le projet se concrétise d’ici la fin de l’année.

On aimerait que ça se fasse en 2021. Si ça prend plus de temps que ça, on va commencer à trouver que c’est long.

Philippe Adam, chef de la direction financière de Marché Goodfood

Goodfood aimerait pouvoir offrir à ses 306 000 clients la possibilité de mettre sur leur table des vins de la vallée de l’Okanagan, de l’Ontario, du Québec ainsi que des bières de microbrasserie.

De son côté, Cook it suit également le dossier de près. « Ça serait une plus-value pour nos clients, croit Geneviève Allaire, responsable des relations publiques pour Cook it. Actuellement, on fait des recherches et on a des discussions avec certains acteurs de l’industrie. »

« Il y a une bonne demande [de la part de nos clients], poursuit-elle. Ça nous permettrait de bonifier notre offre, d’avoir des partenaires. »

À Québec, le ministère de la Sécurité publique, responsable du dossier, affirme être en contact avec Goodfood. « Il s’agit d’une [possibilité] intéressante que nous prendrons le temps d’analyser avec toutes les parties concernées », a fait savoir Amélie Paquet, attachée de presse de la ministre Geneviève Guilbault. Même son de cloche du côté de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) où on a affirmé être en train de travailler sur les différents dossiers.

Les bars aussi veulent vendre de l’alcool

En raison de la grande quantité de spiritueux qui attendent la réouverture des bars pour être consommés, certains propriétaires, regroupés sous le nom d’Association pour spiritueux à emporter Québec (ASEQ), ont lancé la semaine dernière une pétition demandant au gouvernement le droit de vendre des mojitos, des margaritas et autres daiquiris dans des pots Mason à emporter, sans nécessairement être accompagnés de nourriture. « On demande au gouvernement de nous donner [la possibilité] de faire de l’argent », explique l’un des initiateurs de la pétition, Toby Lyle, également propriétaire de cinq établissements dont le Burgundy Lion Pub, établissement du Sud-Ouest reconnu pour ses whiskies. Quelque 1400 noms figurent actuellement sur la pétition. Lorsqu’elle en comptera 2000, l’ASEQ la déposera à l’Assemblée nationale.