Le président américain désigné Joe Biden, qui entrera en fonction mercredi, hérite d’une crise sanitaire sans précédent et d’une économie mise à l’épreuve par la COVID-19. Comment relancer l’économie américaine ? Voici les cinq défis de l’administration Biden.

1. Vacciner, vacciner, vacciner

Si l’économie vacille depuis mars dernier, c’est à cause de la COVID-19. La solution est à la fois simple et complexe : vous matez la COVID-19, et l’économie reprendra. Seul un vaccin semble pouvoir vaincre la COVID-19 pour de bon.

« On ne pourra pas repartir l’économie américaine sans sortir de la crise actuelle de la COVID-19. Le rebond qu’on espère tous avoir en 2021 dépendra du succès de la campagne de vaccination », dit Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins.

À la fin de septembre, l’économie américaine était à un niveau inférieur de celui de décembre 2019, soit le dernier trimestre avant le début de la crise. On saura à la fin de janvier où se situait l’économie américaine à la fin de l’année 2020. Le taux de chômage était à 6,7 % en décembre 2020, ce qui est moins élevé que le taux de chômage de 7,8 % en janvier 2009 quand Barack Obama et son vice-président Joe Biden ont fait leur entrée à la Maison-Blanche.

L’administration Biden veut donc vacciner le plus d’Américains le plus rapidement possible. Son objectif pour les 100 premiers jours du mandat : vacciner 100 millions d’Américains, soit 1 million par jour. En pratique, l’administration Biden propose de maintenir le rythme de vaccination des derniers jours : les États-Unis ont vacciné 951 324 personnes en une journée mercredi dernier.

En date du 13 janvier, les États-Unis avaient vacciné 3 % de leur population, ce qui leur confère le deuxième rang parmi les pays du G7, derrière la Grande-Bretagne (5 %), mais devant l’Italie (1,5 %) et le Canada (1,1 %). Le pays le plus avancé dans la vaccination est Israël, avec un taux de 24 %.

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En date du 13 janvier, les États-Unis avaient vacciné 3 % de leur population.

2. Un plan de relance de 1900 milliards

Joe Biden veut dépenser 1900 milliards pour son plan de relance à court terme contre la crise de la COVID-19. L’administration Biden doit faire approuver son plan, dévoilé jeudi dernier, par le Congrès. Les démocrates contrôlent les deux chambres du Congrès.

Le plan propose une multitude d’aides : un chèque de 1400 $ par Américain gagnant moins de 75 000 $, une bonification de l’assurance-chômage de 400 $ par mois, 20 milliards supplémentaires pour la campagne de vaccination, 50 milliards pour améliorer les tests et le traçage, 40 milliards pour l’équipement de protection des travailleurs, 350 milliards pour les États et les villes, 170 milliards pour rouvrir les écoles. D’autres milliards pour aider les PME à passer à travers la crise.

Vu du Canada, le chèque de 1400 $ par Américain peut surprendre. C’est un peu comme si Ottawa envoyait un chèque à tous les Canadiens, qu’ils aient perdu ou non des revenus durant la crise…

S’il est adopté, le plan de 1900 milliards de Joe Biden serait le troisième plan de relance du gouvernement fédéral américain pour la crise de la COVID-19. Washington a injecté 2000 milliards en mars 2020, puis 900 milliards le mois dernier. À titre de comparaison, le plan de sauvetage de la crise financière de 2009 était de 787 milliards (956 milliards en dollars de 2020).

3. Le salaire minimum à 15 $

L’une des promesses phares de Joe Biden : faire passer le salaire minimum fédéral de 7,25 $ à 15 $ l’heure d’ici 2024. Le salaire minimum fédéral – un plancher pour les 50 États – n’a pas bougé depuis 2009. Pour hausser le salaire minimum, il faut une loi du Congrès. « Il veut s’assurer que la prochaine croissance économique profite à tout le monde, particulièrement aux travailleurs à faible revenu », dit l’économiste Francis Généreux.

En pratique, en raison de l’inflation, un travailleur au salaire minimum s’est appauvri depuis 2009. Dans les années 1970, le salaire minimum représentait environ 27 % du salaire moyen des Américains, contre 13 % aujourd’hui, selon les calculs de l’économiste Gabriel Zucman.

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En pratique, en raison de l’inflation, un travailleur au salaire minimum s’est appauvri depuis 2009 aux États-Unis.

4. Hausser les impôts des plus riches

L’administration Biden veut aussi annuler certaines des baisses d’impôt consenties par l’administration Trump en 2017. Elle propose de hausser les impôts des contribuables gagnant plus de 400 000 $ par an (le taux maximal passerait de 37 % à 39,6 %), ainsi que des entreprises (le taux passerait de 21 % à 28 % ; il allait jusqu’à 35 % avant 2017). Encore une fois, il lui faut obtenir l’accord du Congrès.

5. Relancer l’économie avec des infrastructures… vertes

Pour relancer l’économie à long terme, Joe Biden veut miser sur les investissements verts. « Il veut concilier la croissance économique avec la lutte contre les changements climatiques », dit l’économiste Francis Généreux.

En campagne, Joe Biden promettait d’investir 1300 milliards sur 10 ans dans les infrastructures, dont 50 milliards dès la première année dans les infrastructures routières. À moyen et à long terme, l’administration Biden veut donner la priorité aux projets d’infrastructures intéressants sur le plan environnemental. Les États-Unis doivent d’ailleurs réintégrer l’Accord de Paris sur le climat cette semaine, et ils auront maintenant comme objectif d’établir des cibles de réduction des gaz à effet de serre au plus tard pour 2025. L’objectif ultime : devenir carboneutre (niveau d’émissions à zéro) d’ici 2050. Cette préoccupation pour l’environnement pourrait notamment aider Hydro-Québec à vendre davantage d’hydroélectricité aux Américains. L’administration Biden imposera-t-elle une taxe sur le carbone comme au Canada ? L’avenir le dira.