Le ministre des Transports, Marc Garneau, a changé de ministère, mardi, pour celui des Affaires étrangères dans un contexte de relations tendues entre le gouvernement et les compagnies aériennes canadiennes. Les acteurs du milieu espèrent que le nouveau venu, Omar Alghabra, fera accélérer deux dossiers importants : l’aide financière et la vente d’Air Transat.

Les compagnies aériennes, qui ont critiqué à maintes reprises la réponse d’Ottawa à la pandémie, ont salué la nomination d’Omar Alghabra au poste de nouveau ministre fédéral des Transports. Le président et chef de la direction du Conseil national des compagnies aériennes du Canada, Mike McNaney, qui représente les principaux transporteurs du pays, a déclaré que le groupe était impatient de travailler avec M. Alghabra sur le redémarrage de l’aviation et le déploiement d’une stratégie nationale de tests de COVID-19 pour le transport aérien.

« Nous travaillerons avec lui à la relance de l’industrie », a déclaré la porte-parole d’Air Canada Pascale Déry, tandis que le porte-parole de Transat, Christophe Hennebelle, a dit espérer que le dossier de la vente de la compagnie aérienne pourra progresser. « On souhaite voir une décision prise dans la transaction avec Air Canada le plus rapidement possible », a-t-il dit au téléphone.

Du côté d’Aéro Montréal, la grappe aéronautique, la PDG Suzanne Benoit a souligné que le passé d’astronaute de Marc Garneau a fait en sorte qu’il connaissait bien l’industrie spatiale et aérospatiale, mais que cette compréhension des enjeux n’a pas semblé avoir pesé dans la balance en situation de crise sanitaire mondiale. « On a trouvé que, de façon générale, le Canada n’était pas très proactif dans la mise en place de mesures qui auraient pu nous sortir de la crise plus rapidement », explique-t-elle lors d’un entretien.

« La subvention salariale d’urgence du Canada est un palliatif, soutient-elle. On aide les compagnies à garder leurs effectifs en subventionnant les salaires, mais ça va se terminer un jour. On est un peu sur le respirateur artificiel. »

Le syndicat des pilotes de ligne ALPA Canada, qui représente ceux de Transat et de WestJet, abonde dans le même sens. « On ne connaît pas le nouveau ministre. Il n’a pas d’expérience dans le transport ni l’aviation, mais on espère que ses expériences antérieures et la nouvelle énergie qu’il apporte vont aider à régler nos problèmes de façon urgente », a affirmé au téléphone le commandant Tim Perry, président de l’ALPA Canada, qui rappelle que la situation s’aggrave de jour en jour, que son industrie a besoin d’une aide financière et d’une meilleure politique de tests rapides contre la COVID-19.

Un groupe Facebook de 12 000 employés canadiens de l’aéronautique fondent aussi beaucoup d’espoirs dans ce nouveau ministre qui, espèrent-ils, viendra enfin à la rescousse de leur industrie. Un des organisateurs, Gilles Hudicourt, pilote pour Air Transat, précise que ce ne sont pas que les compagnies aériennes qui sont touchées, mais aussi les aéroports et toutes les entreprises qui gravitent autour de l’aviation.

« Dans le secteur de l’avion, M. Garneau n’est pas populaire du tout, dit-il. Au départ, il avait fait des déclarations qui nous ont donné espoir pour ensuite se croiser les bras et laisser la situation se détériorer. On attend une aide ciblée du prochain ministre et une prise de décision au sujet de la vente d’Air Transat. »

Champagne bien accueilli

L’arrivée du ministre François-Philippe Champagne, qui cède sa place à Marc Garneau aux Affaires étrangères pour prendre les rênes du ministère de l’Innovation, des Sciences et l’Industrie, est bien accueillie.

« C’est une excellente nouvelle, parce que c’est un Québécois et qu’il comprend bien nos enjeux et notre réalité puisqu’il a été lui-même un homme d’affaires, soutient la PDG d’Aéro Montréal. On a eu la chance de collaborer avec lui, et il est très dynamique. »

– Avec La Presse Canadienne