(Washington) Il était le pilier financier du parti républicain américain, un partisan fidèle du président américain Donald Trump et du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou : Sheldon Adelson, magnat des casinos de Las Vegas à Macao, est mort dans la nuit de lundi à mardi, emporté par un cancer à 87 ans.

Il sera inhumé en Israël, pays de naissance de sa veuve, la Dre Miriam Adelson, selon un communiqué de son entreprise, Las Vegas Sands.

Le multimilliardaire, dont le groupe détient notamment deux luxueux complexes hôteliers sur le Strip de Las Vegas – The Venetian et The Palazzo – et des casinos à Macao et Singapour, avait très largement œuvré en faveur du président républicain.

« Son ingéniosité, son génie et sa créativité lui ont valu une immense richesse, mais c’est son caractère et sa générosité philanthropique qui lui ont valu son grand nom », a réagi Donald Trump mardi. M. Adelson était aussi « un fervent partisan » d’Israël, « grand allié » des États-Unis, a-t-il relevé.

M. Adelson avait farouchement combattu la politique du président Obama, avant de devenir, en 2016, le principal donateur de la campagne électorale de Trump et de lui renouveler son soutien en 2020.

Début décembre 2020, le New York Times rapportait que Sheldon Adelson et sa seconde femme, Miriam, avaient ainsi dépensé près de 220 millions de dollars pour l’élection.

Pour autant, les millions déversés dans la campagne du républicain n’auront pas suffi à empêcher l’élection du démocrate Joe Biden.

Outre les généreuses donations au parti républicain américain, M. Adelson a beaucoup œuvré en faveur de la communauté juive.

Il avait créé avec sa femme la Fondation Adelson dont « le but principal » est « de renforcer l’État d’Israël et le peuple juif », selon le site internet de l’organisation.

« Serial » entrepreneur

En Israël, sa générosité a largement bénéficié à Benyamin Nétanyahou par le biais du quotidien gratuit Israel Hayom que M. Adelson a fondé en 2007, aujourd’hui l’un des plus diffusés en Israël.

« Il était un merveilleux ami pour nous personnellement et un incroyable champion du peuple juif, de l’État juif et de l’alliance entre Israël et l’Amérique », a déclaré Benyamin Nétanyahou.  

Le multimilliardaire n’a jamais caché son opposition à une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.  

Sheldon Adelson « a plaidé sans relâche pour le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan et la recherche de la paix entre Israël et ses voisins », a lui-même souligné Donald Trump.

En septembre 2020, Sheldon Adelson avait fait grand bruit en achetant la résidence officielle de l’ambassadeur des États-Unis en Israël, située à Herzliya, la banlieue huppée du nord de Tel Aviv.  

Tout un symbole : certains observateurs y ont vu une façon de sceller à jamais le transfert de la résidence de l’ambassadeur des États-Unis à Jérusalem.

Né le 4 août 1933 à Boston dans une famille modeste, Sheldon Gary Adelson a grandi dans le quartier Dorchester de cette même ville du nord-est des États-Unis.

Son père, d’origine juive d’Ukraine et de Lituanie, était chauffeur de taxi. Sa mère, tenancière d’un atelier de tricot, avait, elle, immigré d’Angleterre.

Sheldon Adelson manifeste très jeune une fibre entrepreneuriale.  

Selon l’American-Israeli Cooperative Enterprise (AICE), organisation destinée à resserrer les liens entre les États-Unis et Israël, Sheldon Adelson aurait commencé sa carrière dans les affaires à l’âge de 12 ans en empruntant 200 dollars à son oncle pour pouvoir vendre des journaux à Boston.  

Quatre ans plus tard, en 1948, il lui emprunte 10 000 dollars – une coquette somme pour l’époque – afin de lancer une entreprise de distributeurs automatiques de bonbons.  

Il a fréquenté le City College de New York, mais n’a pas obtenu son diplôme. Son passage dans une école pour devenir sténographe judiciaire n’a pas rencontré plus de succès, pas plus que son passage dans l’armée américaine.

C’est dans les années 1960 qu’il commence à faire fortune grâce à une entreprise de voyages nolisés.  

Considéré comme celui qui a révolutionné le monde du tourisme, en créant les complexes hôteliers intégrés, ce n’est qu’à l’âge de 55 ans que ce « serial entrepreneur » entre dans le secteur des casinos, en 1989, avec l’achat du Sands Hotel & Casino à Las Vegas pour 128 millions de dollars.

Avant sa mort, il possédait plus de la moitié de l’empire du jeu de 14 milliards de dollars (ventes), avec des casinos à Las Vegas, à Singapour et à Macao, en Chine, selon le magazine Forbes.

Mardi, sa fortune était estimée à 35 milliards de dollars, selon la même source qui l’avait aussi classé 28e au rang des milliardaires 2020.

Il laisse derrière lui six enfants issus de ses deux mariages et 11 petits enfants.

« Sheldon a vécu un véritable rêve américain », a estimé Donald Trump. « Le monde a perdu un grand homme. Il va nous manquer », a-t-il conclu.