Si la mort du Boxing Day n’a pas encore sonné, la traditionnelle journée des soldes d’après Noël a été mise à rude épreuve à cause de la pandémie et des changements de comportement des consommateurs. Depuis trois ans, le Vendredi fou et le Cyberlundi lui volent la vedette.

Files plus courtes, mesures sanitaires, achats en magasin et en ligne qui s’échelonnent sur deux jours avec des heures d’ouverture allongées… L’époque où les consommateurs se faisaient piétiner pour mettre la main sur des soldes extraordinaires semble révolue.

« Les habitudes des clients sont différentes, et c’est tant mieux pour nous », affirme au téléphone Martin Boucher, PDG du Groupe Boucher Sports, qui possède 29 franchises des enseignes Sports Experts, Atmosphère et Entrepôt du Hockey.

« C’est beaucoup plus constant que de vivre des périodes où c’était la folie totale, quand on avait de la misère à circuler dans le magasin. »

Le fait d’allonger les heures d’ouverture et de faire les soldes d’après Noël les 26 et 27 décembre a permis aux différents magasins du Groupe de faire de bonnes ventes, mais pas à la hauteur de celles de 2019. Martin Boucher, qui est dans le domaine depuis 35 ans, enregistre maintenant de meilleurs résultats lors du Vendredi fou et du Cyberlundi.

Le Vendredi fou, c’est rendu plus fort que le Boxing Day. Depuis trois ou quatre ans, les journées de ce week-end là sont vraiment plus fortes dans nos commerces que ce qu’on fait là présentement, même sans la COVID.

Martin Boucher, PDG du Groupe Boucher Sports

« Ça fait trois ans que le Vendredi fou supplante le Boxing Day », affirme de son côté Francis Mailly, directeur des relations gouvernementales pour le Conseil canadien du commerce de détail.

Le quart des Québécois participent aux soldes d’après Noël, tandis que plus de 40 % recherchent des aubaines lors du Vendredi fou et du Cyberlundi.

« Mais ce n’est pas spécifique à la pandémie, on observait ce phénomène avant », explique Francis Mailly.

Pour les autres ou pour soi

Le Vendredi fou permet aux consommateurs d’obtenir des rabais pour les cadeaux de Noël des parents et amis, alors que les soldes d’après Noël sont plutôt destinés à se gâter soi-même, observent les différents experts du commerce de détail.

« C’est deux types de comportements », précise Thierry Lopez, directeur du marketing et des affaires de l’entreprise au Québec pour Best Buy. Malgré une « augmentation rapide des ventes au moment du Vendredi fou et du Cyberlundi », il affirme que le détaillant en électronique prend toujours très au sérieux les soldes d’après Noël en offrant de vrais bons spéciaux.

« Les consommateurs ont reçu des cartes-cadeaux ou veulent quelque chose de précis et se disent qu’il y a des soldes, que les gammes de produits changent et que c’est le moment d’économiser », explique-t-il.

Magasinage en mode hybride

Outre les mesures sanitaires et l’effet du Vendredi fou, la disparition de l’achalandage monstre en magasin est aussi causée par la montée en flèche du magasinage en ligne.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Jean-Guy Côté, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail

C’est sûr que le commerce en ligne a explosé avec la pandémie. Même si, depuis six mois, le rythme de croissance est revenu à celui d’avant, les achats en ligne sont là pour de bon.

Jean-Guy Côté, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail

« Ce n’est pas parce que les magasins ont rouvert que les gens sont retournés en magasin et ont cessé d’acheter en ligne », remarque Thierry Lopez, qui souligne un autre phénomène. Chez Best Buy, 93 % des gens qui achètent en magasin ont consulté le site de l’entreprise et comparé les prix avec d’autres commerces.

Le temps passé en magasin a donc diminué. Tout comme dans les boutiques du Groupe Boucher Sports. « Les gens ont fait leur magasinage avant de se présenter en magasin. Ils savent ce qu’ils veulent et repartent après l’avoir repéré. C’est une tendance qui s’est installée », raconte Martin Boucher.

« Nos membres nous disent que ceux qui s’en sortent très bien, c’est ceux qui peuvent être à la fois bons en ligne et bons en magasin. Si on se concentre sur l’un ou sur l’autre, on rate le bateau », conclut le directeur général du Conseil québécois du commerce de détail.