(Ottawa) À l’instigation du Bloc québécois, les élus fédéraux demandent à la Chambre des communes et au gouvernement Trudeau de prendre les mesures qui s’imposent pour que les masques qui sont distribués sur la colline du Parlement et dans les divers ministères soient fabriqués par des entreprises canadiennes.

La Chambre des communes a adopté jeudi une motion présentée par la députée bloquiste Julie Vignola afin de corriger une situation jugée « inacceptable » par les partis de l’opposition et des entreprises canadiennes. La motion fixe au 31 janvier l’échéancier pour que la Chambre des communes et le gouvernement Trudeau s’acquittent de cette obligation.

Cette motion a été adoptée après que La Presse eut rapporté lundi que des masques fabriqués en Chine sont distribués aux députés fédéraux et aux employés de la colline du Parlement depuis quelques semaines, et cela même si plusieurs entreprises canadiennes produisent des équipements de protection individuelle depuis plusieurs mois.

Ces entreprises avaient d’ailleurs répondu à l’appel à la mobilisation du premier ministre Justin Trudeau lui-même, qui, alors que la pandémie faisait rage, en mars 2020, avait exhorté celles-ci à se lancer dans la production locale de ces précieux équipements.

L’objectif était de faire en sorte que le Canada ne soit plus jamais tributaire de pays étrangers, notamment la Chine, pour la production de tels équipements, comme c’était le cas durant les premiers mois de la crise sanitaire.

La motion parrainée par la députée bloquiste Julie Vignola exige que « l’administration de la Chambre et le gouvernement fédéral prennent des dispositions afin que, dès le 31 janvier 2022, les masques distribués sur la colline parlementaire et dans les divers ministères et organismes fédéraux proviennent d’entreprises domestiques qui produisent ce type d’équipement de protection individuelle ».

C’est le député conservateur Pierre Paul-Hus qui avait été le premier à dénoncer cette situation.

« Il y a des entreprises canadiennes qui ont fait des investissements majeurs pour être en mesure de fabriquer des masques de qualité qui correspondent aux normes les plus élevées. Mais que la Chambre des communes et le gouvernement fédéral achètent des masques qui sont fabriqués en Chine et prétendument approuvés par la FDA, ça dépasse l’entendement. C’est aussi inquiétant pour la santé et la protection des députés et du personnel de la colline parlementaire. Ils portent un masque dont on ignore la qualité », a soutenu M. Paul-Hus lundi.

« Au début de la pandémie, on peut comprendre qu’il y avait urgence d’obtenir des masques. On n’avait pas de réserve stratégique. Mais après près de deux ans de pandémie, et après que des entreprises canadiennes ont investi massivement pour produire des masques ici, c’est totalement incompréhensible que le gouvernement canadien continue de nous fournir des produits faits en Chine », a-t-il ajouté dans une entrevue à La Presse.

Jeudi, les députés du Parti conservateur et du NPD ont appuyé la motion de Mme Vignola, tandis que les députés libéraux n’ont pas signifié assez bruyamment leur opposition au président de la Chambre des communes, Anthony Rota, pour se faire entendre. Après que ce dernier eut indiqué que la motion était adoptée, des libéraux se sont levés pour dire qu’ils s’y opposaient. Mais le président a affirmé qu’il ne les avait pas entendus et que la motion était donc réputée avoir été adoptée à l’unanimité.

C’était la deuxième tentative de la députée Julie Vignola visant à forcer la Chambre des communes et les ministères fédéraux à encourager l’achat local.

En matinée, elle avait tenté de faire adopter une motion semblable durant la réunion du comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Mais les députés libéraux qui sont membres de ce comité s’y sont montrés réfractaires, affirmant notamment qu’une telle motion pourrait violer les règles de l’Organisation mondiale du commerce.

Certains ont aussi insisté pour que l’on vérifie d’abord si la réserve de masques était suffisamment garnie à Ottawa avant de se départir de ceux fabriqués en Chine. Des arguments qu’ont tournés en ridicule les députés des autres formations politiques. Mais les échanges interminables sur des amendements et des sous-amendements à la motion bloquiste ont fait en sorte que la réunion du comité a pris fin sans que les députés aient voté.