Desjardins met en place un nouveau véhicule d’investissement pour sa clientèle institutionnelle intéressée par les infrastructures privées.

Ces actifs ont la cote depuis un moment auprès des investisseurs qui recherchent notamment une diversification et une volatilité inférieure à celle du marché boursier.

« L’opportunité était là et elle demeure là », lance Frédéric Angers, vice-président et chef des placements en infrastructures chez Desjardins Gestion internationale d’actifs. « Le cycle de cette classe d’actifs, on y croit plus que jamais », ajoute-t-il.

« On va jouer dans l’énergie renouvelable, un domaine d’expertise chez Desjardins, mais on sera aussi dans les télécoms, le transport, les aéroports, les routes et dans d’autres secteurs. »

Frédéric Angers et ses collègues sont enthousiastes parce qu’ils anticipent de belles occasions au sud de la frontière.

C’est certain qu’on surveille le plan Biden pour les infrastructures. Ça ne se transforme pas du jour au lendemain en opportunités, mais la trame de fond demeure qu’il y a beaucoup de demande pour l’infrastructure et qu’il y a beaucoup d’offre qui s’en vient.

Frédéric Angers, vice-président et chef des placements en infrastructures chez Desjardins Gestion internationale d’actifs

Il pense à la transition énergétique, à l’endettement des États qui forcera la participation du privé dans des projets, à l’énergie renouvelable, etc. Le développement du secteur des batteries alimente aussi sa réflexion.

Des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) seront intégrés aux décisions d’investissement et Desjardins envisage d’investir « massivement » aux côtés de ses clients.

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Frédéric Angers, vice-président et chef des placements en infrastructures chez Desjardins Gestion internationale d’actifs

« C’est unique dans le marché institutionnel, un alignement d’intérêt direct avec beaucoup d’argent de Desjardins dans les transactions. On veut devenir un joueur incontournable au pays », dit Frédéric Angers.

Le fonds visera des prises de participation à long terme dans des infrastructures pouvant générer des revenus stables et prévisibles.

L’objectif est d’avoir plus de 1 milliard dans le fonds d’ici 12 à 15 mois et plus de 3 milliards d’ici trois à cinq ans.

Une fourchette de rendement espéré de 7 à 9 % à long terme est présentée aux investisseurs désireux de diversifier leur portefeuille.

Quel genre de projet ?

Questionné pour savoir si le fonds pourrait investir ici dans des projets comme celui du tramway ou du troisième lien à Québec, Frédéric Angers répond que le fonds compte surtout investir dans des projets « contractés opérationnels ou en vue d’être opérationnels ».

« On peut prendre des risques de construction, mais pas des risques de développement de façon significative. Il y a peu d’opportunités en transport au Québec. Ce que l’on observe pour l’instant au Québec est au stade de pré-appel d’offres. Ce n’est même pas encore en qualification. On connaît certains consortiums qui se forment. On leur parle. On pourrait se faufiler. Mais ce n’est pas sur notre radar immédiat. On n’est pas un développeur. On est plus un investisseur financier », dit-il.

Le « terrain de jeu » du fonds se limitera aux pays de l’OCDE. « On vise à réaliser les deux tiers des investissements au Canada et aux États-Unis, et un tiers ailleurs en Europe et en Australie, par exemple. On n’ira pas en Chine, en Inde ou en Amérique du Sud », explique Frédéric Angers.

À ses yeux, le fonds est positionné pour capturer les occasions qui s’offriront au cours des cinq à dix prochaines années. « Ça devrait supporter les objectifs de taille et de rendement qu’on fixe pour le fonds. »

Desjardins Gestion internationale d’actifs, qui a acquis le gestionnaire montréalais Hexavest au printemps, est un des grands gestionnaires d’actifs au pays pour une clientèle institutionnelle (assureurs, caisses de retraite, fonds de dotation, etc.). L’actif sous gestion de l’organisation s’élevait à plus de 91 milliards au début d’octobre. La marque des 100 milliards demeure l’objectif à atteindre d’ici 2024.

L’équipe qui s’occupera du fonds d’infrastructures a été transférée du Régime de rentes du Mouvement Desjardins. Cette équipe s’y connaît en matière d’infrastructures, ayant géré des investissements en infrastructures avec une concentration en éolien et en solaire en Amérique du Nord et en Europe.