Le gouvernement sort le chéquier pour l'exercice 2021-2022

(Ottawa) De l’argent pour acheter des tests de dépistage rapide et des produits thérapeutiques, de l’aide pour assainir la ventilation dans les écoles, une bonification de la déduction pour le travail à domicile : alors que le variant Omicron fait frémir, l’empreinte de la COVID-19 est partout dans la mise à jour économique présentée par le gouvernement Trudeau.

Au total, pour l’exercice 2021-2022, le fédéral injecte 3,3 milliards dans diverses mesures pour combattre le virus. Il y a dans cette enveloppe de l’argent pour l’achat de divers outils devant servir dans la lutte contre la pandémie.

Des déficits en baisse et de nouvelles dépenses pour affronter le variant Omicron
La dette coûtera plus cher

Ottawa sort le chéquier pour se procurer 180 millions de ces tests de dépistage rapide que les provinces réclament à cor et à cri, au coût anticipé de 1,7 milliard. Le fédéral met aussi de côté 2 milliards sur deux ans pour l’achat de produits thérapeutiques de Merck et de Pfizer, avec qui le gouvernement a récemment annoncé une entente.

À ces investissements s’ajoutent 70 millions destinés aux écoles qui veulent mettre à niveau leur système de ventilation, et un crédit d’impôt au coût de 241 millions sur trois ans pour les petites entreprises qui le prévoient aussi. À ceux pour qui le télétravail est encore une réalité, la déduction pour dépenses passe de 400 $ à 500 $.

Et parce que le variant Omicron rôde – la ministre des Finances, Chrystia Freeland, ne s’est d’ailleurs pas présentée en personne à la conférence de presse à l’intérieur du huis clos, car deux membres de son personnel ont reçu des résultats positifs à des tests de dépistage –, le fédéral met 4,5 milliards de côté, au cas.

La grande argentière a qualifié de « police d’assurance » cette somme supplémentaire qui servirait à assumer les nouveaux coûts potentiels associés à la bataille contre le variant Omicron et à d’autres mesures contre la COVID-19 – y compris certaines mesures de contrôle aux frontières et diverses mesures de soutien au revenu et aux entreprises.

Le cumul des nouvelles dépenses teintées par le contexte pandémique, sur six ans – y compris celles de l’exercice financier qui prend fin le 31 mars 2022 –, atteint 8,1 milliards. Mais elles représentent une petite portion des dépenses faites depuis le dernier budget, et annoncées dans cette mise à jour économique, soit 71,2 milliards.

La part du lion ira, comme il avait (inhabituellement) été confirmé à la veille du dépôt de ce document, au règlement d’une longue saga judiciaire sur les enfants autochtones et à l’échafaudage d’une réforme à long terme des services de protection de l’enfance chez les Premières Nations : 20 milliards pour l’indemnisation, 20 milliards pour des investissements sur cinq ans, jusqu’en 2026-2027.

Immigration et Afghanistan

Pour juguler la pénurie de main-d’œuvre qui sévit, le gouvernement mise sur l’accueil, en 2022, d’un nombre record d’immigrants, « un moteur important de la croissance économique », a argué la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Pour atteindre cette cible de 411 000, on versera 85 millions afin de réduire les arriérés du système.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Chrystia Freeland, la ministre des Finances, en mode virtuel

Le gouvernement fédéral allouera par ailleurs 1,3 milliard sur six ans afin d’accueillir et de réinstaller 40 000 réfugiés afghans et leur famille au Canada. Cette somme apparaît nettement supérieure aux projections initiales – dans la plateforme libérale, on évoquait 350 millions, sur deux ans, pour recevoir 20 000 de ces réfugiés.

Et l’inflation ?

Le gouvernement Trudeau, qui considère son programme pancanadien de services de garde et sa stratégie en matière de logement abordable comme deux remparts de premier plan contre l’inflation, n’a pas présenté de mesures additionnelles pour aider directement la population à composer avec la hausse des prix.

« La responsabilité pour contrôler l’inflation, c’est la responsabilité opérationnelle de la Banque du Canada, et cette indépendance est très importante. C’est une fondation de la stabilité et la prévisibilité du Canada », a déclaré la ministre Freeland.

Réitérant que « l’inflation est un phénomène global », elle a tenu à préciser que le document présenté mardi n’est « ni un budget ni un minibudget », et que le budget à venir le printemps prochain contiendrait des mesures « structurelles ».

D’autres mesures en vrac

  • 5 milliards en fonds de prévoyance pour la reconstruction en Colombie-Britannique, où les inondations ont fait de sérieux dégâts
  • 60 millions en 2022-2023 pour appuyer les artisans de l’industrie du spectacle, par l’entremise du nouveau Fonds pour la résilience des travailleurs du secteur des spectacles sur scène du Canada
  • 29 millions sur six ans, à compter de l’exercice financier toujours en cours, pour l’élargissement du crédit d’impôt pour fournitures scolaires destiné aux éducateurs