Décrié depuis de nombreuses années, le processus de reconnaissance des diplômes et de compétences des personnes immigrantes devrait devenir plus efficace avec l’injection de 130 millions de dollars par le gouvernement Legault. Le ministre du Travail, Jean Boulet, a fait l’annonce de son plan d’action mardi.

« Ça fait trop d’années que des immigrants professionnels rencontrent des obstacles pour la reconnaissance de leurs compétences et ils ont de la difficulté à exercer leur métier alors qu’ils sont dans des domaines où les besoins sont particulièrement criants » a expliqué le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, et ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean Boulet, lors d’une conférence de presse mardi.

Au programme : accompagnement, aide financière et augmentation de l’offre de formation d’appoint.

Le plan d’action pour la reconnaissance des compétences des personnes immigrantes se décline en six mesures, dont la prospection pour trouver de nouveaux bassins de recrutement, le soutien des employeurs du Québec pour l’évaluation des études effectuées à l’étranger, l’accompagnement personnalisé des personnes immigrantes et le soutien financier aux personnes immigrantes en démarche de reconnaissance des compétences.

« C’est un plan exactement comme il le fallait avec des sommes conséquentes. Je pense que le ministre a entendu tous les angles sur lesquels il devait agir », affirme en entrevue Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« Un immigrant qui va obtenir un emploi à la hauteur de ses compétences aura une intégration réussie, soutient de son côté Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui espère que d’autres secteurs d’emplois non ciblés actuellement par le gouvernement s’ajouteront à la liste.

Car ce plan pour la reconnaissance des compétences est un autre élément de l’Opération main-d’œuvre annoncée par le ministre Jean Boulet le 30 novembre.

Le gouvernement s’est donné le défi de requalifier 170 000 travailleurs dans des secteurs ciblés en collaborant avec des entreprises, notamment dans les services publics – santé, éducation, service de garde – ainsi que dans les technologies de l’information, le génie et la construction.

Soutien de 500 $ par semaine

Comme 34 % des personnes immigrantes abandonnent leur formation d’appoint ou leur stage faute de soutien financier, le gouvernement a prévu des mesures spécifiques pour s’assurer qu’elles les terminent.

Ainsi les personnes immigrantes qui suivent une formation à temps plein recevront 500 $ par semaine et celles qui sont inscrites à une formation à temps partiel, 250 $.

Il y aura une exemption de paiement des droits de scolarité supplémentaires pour les professionnels formés à l’étranger, tandis que les frais de transport et les frais de garde seront remboursés.

« Dans ce dossier-là, il est important pour nous autres de sortir de la recherche de coupables. On est vraiment, comment on peut faire mieux pour accueillir les nouveaux immigrants », a précisé lors de la conférence de presse Gyslaine Desrosiers, présidente du Conseil interprofessionnel du Québec, qui a collaboré à l’élaboration du plan.

« On voudrait que le processus soit plus rapide et plus simple. Ce n’est pas tant la période pour évaluer les compétences qui est longue. Ça, ça se fait en quelques mois à peine. Mais ces personnes-là ont besoin d’un accompagnement personnalisé dès la sélection », a-t-elle soutenu.

Une reconnaissance plus simple pour les PME

Depuis trois ans, l’Ordre des ingénieurs du Québec est d’ailleurs le bon élève, selon Michel Leblanc de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, car la majorité des immigrants réussissent à obtenir leur reconnaissance en un an. Avec le soutien annoncé par le ministre Jean Boulet, les autres ordres professionnels auront la possibilité de le devenir aussi.

La Chambre réclamait une plateforme pour aider les PME dans la reconnaissance des diplômes. Son service Interconnexion, qui offrait un jumelage virtuel entre les talents professionnels issus de la diversité et les entreprises montréalaises, était devenu en quelque sorte une plateforme de validation des diplômes étrangers.

« Quelqu’un qui a un diplôme avec un nom qui n’est pas l’équivalent de nos noms ici, dans une école technique où on n’est pas sûr si c’est une université ou un collège, que ce soit en Turquie, en Algérie ou ailleurs, c’est très difficile à évaluer pour une PME, surtout quand c’est sa première embauche », observe Michel Leblanc, qui croit que le plan va rendre beaucoup plus fluide cette étape du processus.

« Je suis aussi fier et je le mentionne que le Québec, avec ce plan-là, améliore sa réputation en termes de terre, société d’accueil », a conclu le ministre Boulet.