Alors que les informations concernant le variant Omicron sont très préliminaires, les restrictions de déplacement annoncées par plusieurs pays dans la foulée de ce nouveau variant ont été suffisantes pour ébranler les marchés.

Je suis loin d’être un scientifique, encore moins un épidémiologiste. Il me semble néanmoins que c’est dans la nature d’un virus de muter. Tant que les populations à travers le monde ne seront pas majoritairement vaccinées, il est probable que le virus continuera de muter, possiblement (mais pas obligatoirement) dans les régions où les taux de vaccination sont les moins élevés.

C’est pourquoi je crois que la COVID-19 sera vraisemblablement avec nous longtemps et qu’elle continuera de se manifester de manière récurrente sous forme de nouveaux variants. Ce sera vrai tant et aussi longtemps que les populations de toutes les régions de la planète n’auront pas été largement vaccinées.

Cela implique qu’il faudra vivre avec des mesures sanitaires et de confinement qui referont surface de manière répétitive et sporadique. On a déjà appris à vivre avec ces mesures, mais à mon avis, il faut s’attendre à ce qu’elles restent largement en place (distanciation physique, port du masque, lavage de mains, etc.). Il faut également prévoir que nos déplacements seront occasionnellement restreints pour ralentir de nouvelles vagues de contagion.

En même temps, je crois que les gouvernements ont beaucoup appris au cours des deux dernières années. Les mesures de confinement à venir devraient être mieux ciblées et moins sévères qu’en 2020.

Ils ont pu observer les impacts majeurs qu’ont eus les mesures sur leur économie et je ne crois pas qu’on vivra à nouveau ce qu’on a vécu au printemps 2020 à travers le monde.

Aussi, plus que jamais, le monde entier, et en particulier la communauté scientifique, est aux aguets et suit de près l’évolution du coronavirus.

La réaction de l’Afrique du Sud a été rapide et exemplaire, avertissant la planète (à ses dépens ?) du variant Omicron qui avait commencé à se propager dans le pays. De nombreux gouvernements ont immédiatement réagi en fermant temporairement leurs frontières aux ressortissants de l’Afrique australe.

De leur côté, les sociétés pharmaceutiques, telles que Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson, ont rapidement annoncé que, s’il s’avérait nécessaire, elles travailleraient sur une version plus efficace pour protéger du variant Omicron.

Attendons-nous à une possible nouvelle dose de vaccin afin de mieux nous protéger non seulement contre ce variant, mais possiblement contre d’autres variants à venir dans les prochains mois. Le monde est aujourd’hui beaucoup mieux préparé pour faire face aux nouveaux virus qu’en 2019.

L’investisseur doit aussi faire face à la réalité. Un retour rapide à la situation prépandémique, ce qui semblait espéré par de nombreux investisseurs au cours des derniers mois, paraît très improbable. Même si les perspectives économiques demeurent favorables pour les prochaines années, ce ne sera sans doute pas sans heurts et périodes difficiles.

Un autre facteur à considérer est l’inflation élevée des derniers mois causée à la fois par des problèmes d’approvisionnement mondial et des pénuries généralisées de main-d’œuvre, des problèmes sans doute exacerbés par la pandémie.

De nouvelles mesures de confinement dans certaines régions du monde pourraient aviver ces problèmes et contribuer à maintenir l’inflation à un niveau élevé. Une telle situation réduirait sensiblement la marge de manœuvre des gouvernements pour relancer leur économie.

À mon avis, une inflation élevée est un risque pour le marché à court terme. À long terme, cependant, le marché boursier offre une protection contre l’inflation que l’encaisse et les titres à revenu fixe n’offrent pas.

Il y a également quelques facteurs favorables au marché boursier. D’une part, les taux d’intérêt demeurent très bas.

D’autre part, les sociétés dans leur ensemble vont bien. Selon Standard & Poor’s (S&P), les sociétés qui composent l’indice S&P 500 devraient enregistrer des bénéfices ajustés par action de 202,09 $ en 2021, soit 65,2 % de plus qu’en 2020 et 28,6 % de plus qu’en 2019, année prépandémique.

Pour 2022, les analystes de S&P prévoient des bénéfices par action ajustés de 219,77 $, ce qui représenterait un taux de croissance de 8,8 % par rapport à 2021.

Bien sûr, la question est de savoir à quel point la venue du variant Omicron influera sur cette croissance, mais je crois qu’on peut anticiper une progression robuste des bénéfices des entreprises en 2022.

Si les bénéfices prévus par S&P se matérialisent en 2022, l’indice S&P 500 s’échange présentement à 20,8 fois les bénéfices prévus, un niveau historiquement élevé, mais qui ne nous semble pas déraisonnable dans un contexte de taux d’intérêt particulièrement bas.

Les marchés boursiers offrent des perspectives de rendements attrayants pour les prochaines années, même s’ils seront probablement bien moins élevés qu’au cours des quelque dix dernières années (qui ont été franchement exceptionnelles).

Nous recommandons toutefois de demeurer prudent et de privilégier les titres de sociétés de qualité en bonne santé financière. Le moment me semble d’ailleurs particulièrement mal choisi pour spéculer sur certains segments populaires et risqués du marché, encore moins en utilisant la dette.