Broccolini va néanmoins de l’avant avec un ambitieux complexe de condos

L’un des plus importants promoteurs de la métropole québécoise va commencer sous peu la construction du Sherbrooke, ambitieux projet de condos comme on n’en voit plus au centre-ville depuis la pandémie. Le boom de construction au centre-ville est même derrière nous, avance un spécialiste du marché du condo neuf.

Selon Broccolini, près de 60 % des 515 appartements sont déjà vendus au Sherbrooke, situé dans le quadrant sud-est formé des rues Guy et Sherbrooke.

Ce promoteur poursuit actuellement la construction du 628, Saint-Jacques et de Victoria sur le Parc. Deux projets au centre-ville lancés et vendus bien avant la pandémie.

Broccolini fait équipe avec son agence de prédilection Immobilier Baker pour optimiser le flux des ventes. « Le Sherbrooke répond à un besoin actuel du marché que nous retrouvons dans toutes les grandes villes canadiennes, c’est-à-dire des demeures de prestige qui nécessitent moins d’entretien et permettent une plus grande liberté à leurs propriétaires », dit dans un communiqué Debbie LaFave, vice-présidente d’Immobilier Baker.

Situé dans le quartier prestigieux du Mille carré doré, le complexe, composé d’une entrée de quatre niveaux sur la rue Sherbrooke et d’une tour en retrait de 25 étages, aura une superficie totale de 490 000 pieds carrés. Le prix moyen est élevé, à 1279 $ du pied carré. Il n’y aura pas de logements sociaux ni abordables, le permis de construction ayant été obtenu avant la mise en vigueur du règlement sur la mixité le 1er avril 2021.

L’architecte est Bruno St-Jean, de Neuf architectes, et l’aménagement intérieur est l’œuvre du designer Andres Escobar, chez Lemay Escobar. La construction doit débuter sous peu. La livraison des appartements est prévue pour 2025.

Un nouveau venu au centre-ville
  • La cour intérieure

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    La cour intérieure

  • La terrasse

    ILLUSTRATION FOURNIE PAR LE PROMOTEUR

    La terrasse

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Dans un entretien, Jean Langlois, directeur, communications et marketing de Broccolini, réitère l’engagement du promoteur à l’égard du centre-ville, ce qui ne l’empêche pas de mener des projets à Kirkland et à Sainte-Anne-de-Bellevue.

Fin du boom de construction

Le spécialiste du marché du condo neuf Vincent Shirley, directeur principal, Innovation et stratégies de croissance du Groupe Altus, n’est nullement surpris du succès remporté par Le Sherbrooke. « Il n’y a pas d’invendus au centre-ville, parce que l’offre et la demande se sont contractées. On a eu beaucoup moins de lancements de nouveaux projets dans les 18 derniers mois. »

En somme, le nombre de nouveaux projets a dégringolé. Mais les rares qui vont de l’avant, comme Le Sherbrooke, obtiennent du succès.

« Le marché du condo neuf au centre-ville a subi un choc depuis 18 mois, poursuit M. Shirley. Notre relation avec le centre-ville a changé. Le marché a subi les contrecoups de la pandémie et les changements d’habitude au travail. »

Une compilation d’Altus montre que le nombre de nouveaux condos par année a chuté de 60 % depuis la pandémie par rapport à 2018.

Les nouveaux projets au centre-ville se limitent au Mansfield, du Groupe Brivia, et au Louis et Auguste phase 2, de Devimco, si on élargit le centre-ville dans l’Est jusqu’au terrain de Radio-Canada.

« On était dans une tendance baissière du nombre de nouvelles unités au centre-ville de Montréal déjà avant la pandémie », indique M. Shirley. La baisse de popularité du condo au centre-ville s’explique, selon lui, par l’attractivité des logements locatifs et de la banlieue.

Le développement immobilier s’est déplacé en banlieue au fil du temps. À mesure qu’on a fait du centre-ville un environnement d’affaires pour construire du condo avec plus de taxes, plus de contraintes et moins de prévisibilité, les promoteurs ont réagi en achetant du terrain en banlieue, où ils sont accueillis à bras ouverts.

Vincent Shirley, directeur principal, Innovation et stratégies de croissance, au Groupe Altus

Les promoteurs Brivia, Cogir, Devimco, LSR GesDev, TGTA et Prével ont tous des projets hors du centre-ville, souligne-t-il.

À défaut de condos, pourrait-on voir surgir des tours locatives au centre-ville comme dans les dernières années ?, lui a-t-on demandé. Pour le moment, le taux d’inoccupation des logements reste élevé au centre-ville, précise M. Shirley. Il demeure pessimiste à moyen terme parce que l’inflation dans le prix des terrains et dans les coûts de construction, si elle s’incruste, finira par rendre périlleuse la rentabilité des nouveaux projets locatifs.

« Est-ce qu’on doit prévoir moins de grues au centre-ville à l’avenir ? C’est clair », répond-il du même coup.