Trois grandes centrales syndicales du Québec dévoilent ce lundi leur modèle intersyndical de politique de télétravail.

Le document de 12 pages, accompagné d’un modèle d’entente de télétravail, propose des « balises pour éviter l’aléatoire et le favoritisme », a exprimé le porte-parole de l’une des centrales.

Les centrales syndicales estiment que le télétravail doit conserver son caractère volontaire et que son autorisation doit être accordée en fonction de critères objectifs et applicables de manière équitable.

Élaborée par la CSN, la FTQ et la CSD, la proposition d’entente établit d’abord les principes généraux du télétravail, pour ensuite décrire les critères en fonction desquels une autorisation devrait être accordée à l’employé.

Suivent des clauses et des paramètres sur la durée de l’entente, l’horaire du télétravail, sa supervision, l’équipement fourni et les frais afférents, les caractéristiques du lieu de télétravail, la santé et la sécurité, la protection des données.

« Quand la pandémie est arrivée et que le télétravail est devenu une façon de fonctionner, comme organisation syndicale, il a fallu s’ajuster », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « On savait que sous une forme ou une autre, c’est quelque chose qui demeurerait et que ça ferait partie de notre travail comme syndicat d’équiper nos membres là-dessus. »

La photo qui illustre la page couverture du document réunit d’ailleurs les conditions typiques du télétravail : table en bois, piles de documents, tasse de tisane, ordinateur portable et travailleuse qui parle au cellulaire tout en participant à une visioconférence.

« C’est un guide pour aider à la négociation », précise la présidente.

C’est une façon de dire : réfléchissons ensemble, pour ne pas le faire dans 150 conventions collectives différentes.

Caroline Senneville, présidente de la CSN

La proposition d’entente a été préparée par les experts en relations de travail, les avocats et les spécialistes des trois centrales, sans concertation ou consultation avec des organismes patronaux.

« On a réuni des gens dans nos fédérations pour leur demander : “Comment ça se passe sur le terrain ? Quelles sont les craintes de vos membres ? Quels sont les dangers ?” »

L’iniquité a été la principale préoccupation exprimée.

La plupart des travailleurs souhaitent conserver une composante de télétravail, mais « sur le terrain, les gens nous disent : “Il faut que les règles soient équitables” ».

Différents enjeux

Les principaux enjeux pris en considération par la proposition intersyndicale ont trait à l’accès à l’équipement de travail, aux manières de rendre compte du travail fait à distance, à la sécurité informatique et à l’ergonomie. « Tu peux travailler une semaine sur ta chaise de cuisine, mais pas pendant six mois », illustre Caroline Senneville.

Même si la proposition s’adresse d’abord aux syndicats, les employeurs pourraient y trouver leur compte.

« On pense que ça passe la rampe. Ce n’est pas seulement une liste de revendications. C’est vraiment ce à quoi une entente pourrait ressembler. Pour qu’il y ait entente, il faut qu’il y ait deux signatures au bas de la page. »

Le modèle présenté par le syndicat est une proposition malléable.

« Les principes peuvent être précisés, modulés pour répondre aux caractéristiques du milieu de travail », indique Mme Senneville.

« Et l’employeur arrivera avec ses besoins. C’est alors le jeu de la négociation qui commence. »

La CSN fait elle-même face au défi du télétravail. « Effectivement, on est dans le même processus avec nos salariés », reconnaît la présidente.

« Je ne dis pas qu’on va appliquer cette politique. » Comme chez tout employeur, les clauses devront être adaptées aux spécificités du milieu… et négociées.

Chose certaine, ajoute-t-elle, le télétravail est aujourd’hui une réalité incontournable et bien installée.

« C’est comme le four à micro-ondes : une fois qu’on l’a inventé, on ne peut plus le “désinventer”. »