Profitant de l’imminence de la mise à jour économique et financière du gouvernement Legault, le Conseil du patronat du Québec (CPQ), le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) ont lancé vendredi un cri du cœur groupé pour rappeler à quel point la pénurie de main-d’œuvre était criante et un frein à l’économie.

« On est unis, car cette crise de main-d’œuvre est sans précédent, lance Daniel Côté, président de l’UMQ. On veut s’assurer que des mesures efficaces soient mises en place. Les municipalités veulent contribuer à la hauteur de leurs moyens. Nous ne pouvons y arriver seules. Elles tendent la main au gouvernement. »

Tous s’entendent pour dire qu’il faut agir dans les meilleurs délais. Pour arriver à aplanir le problème de pénurie, les organisations ont énuméré quelques conditions : miser sur une stratégie de régionalisation de l’immigration, accélérer l’intégration au marché du travail des personnes judiciarisées, personnes handicapées, membres des Premières Nations et autres travailleurs expérimentés, accentuer le soutien à la formation dans les PME ainsi que miser sur les investissements en robotisation et en automatisation, entre autres.

« On veut que la voix de tous les entrepreneurs soit entendue, dit Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ. La pénurie est une catastrophe économique. Tous les pays la vivent, mais c’est pire au Québec à cause du vieillissement de la population. L’immigration doit faire partie de la solution. Le gouvernement a déjà fait des gestes importants, mais on veut que les seuils d’immigration soient conformes à ce qu’il manque. J’invite le gouvernement québécois à trouver avec le gouvernement fédéral des façons rapides, flexibles et agiles d’alléger le programme d’immigration temporaire. »

« Les entrepreneurs s’épuisent »

À cette occasion, on a rappelé qu’il y avait plus de 25 000 postes vacants dans le milieu manufacturier et plus de 20 000 dans l’industrie du commerce de détail, « du vendeur à l’architecte de données ». « Une telle pression pèse beaucoup à la veille du temps des Fêtes », se désole Jean-Guy Côté, directeur général du CQCD.

La situation pèse lourdement sur les épaules des PME, au point que 45 % d’entre elles disent refuser des contrats, selon la FCEI. « Les entrepreneurs s’épuisent, note aussi François Vincent, vice-président, Québec, de la FCEI. Environ 64 % disent qu’ils font plus d’heures. La pénurie est telle que la majorité des PME ne recommandent pas de se lancer en affaires. »

La fin de la Prestation canadienne de la relance économique pourrait-elle alléger leur fardeau ? « Ça va prendre quelques semaines avant de mesurer l’impact de la fin du programme », répond Véronique Proulx, PDG de MEQ.