Parce que cela prend plus de bleu pour faire davantage de vert, le transport maritime doit accélérer sa décarbonation. Alors que 80 % des biens consommés partout sur la planète transitent par un navire et un port, l’industrie maritime accroît ses efforts et ses résultats de réduction de carbone. Partout dans la chaîne logistique, les entreprises donnent la priorité au climat, adoptent des cibles ambitieuses et font des gestes concrets.

Toutes les industries sont maintenant – et cela s’accroîtra – jugées par leurs gestes et non seulement par leurs cibles, aussi ambitieuses soient-elles. Demain, les consommateurs, qui exigent déjà aujourd’hui un produit livré chez eux sobre en carbone, choisiront les solutions maritimes et portuaires avec la plus faible empreinte environnementale possible.

Alors que des milliers d’entreprises, d’associations, de gouvernements et de membres de la société civile sont réunis à Glasgow pour la COP26, c’est de la décarbonation de l’ensemble des industries qu’il faut parler.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, nous devons miser sur nos avantages comparés. Et ici, notre hydrologie peut être mise davantage à contribution, tant pour la valorisation de la production d’énergie renouvelable que par l’utilisation de celle-ci et sa commercialisation sur le fleuve.

Comment ? Par l’électrification secondaire. Parce que tout ce qui ne peut être décarboné par une utilisation directe de notre énergie renouvelable peut l’être par sa transformation sous forme liquide pour déplacer des produits plus émissifs. De l’hydrogène et du méthanol verts, décarbonés, produits au Québec et utilisés par le secteur maritime. C’est ça, l’électrification secondaire.

Nous croyons que l’urgent besoin de solutions s’accompagne d’occasions qui nous permettront non seulement de réduire nos émissions de GES, mais également d’aider d’autres économies à en faire autant. L’industrie maritime et portuaire d’ici peut jouer un rôle clé dans cette transition et cette filiale naissante, mais ô combien prometteuse. Et le Port de Montréal entend jouer son rôle de service public pour fédérer les forces vives autour de cette vision.

Peu de gens le savent, mais le Québec s’affiche déjà en chef de file de l’électrification indirecte.

De l’éthanol vert produit près de Montréal et exporté à partir du port de Montréal, par des entreprises qui ont pignon sur rue ici, est distribué sur les marchés étrangers. Ces entreprises inspirent la planète et c’est un secret de moins en moins bien gardé.

Pour distribuer ces énergies renouvelables et ainsi contribuer concrètement à la décarbonation de l’économie mondiale, nos entreprises ont besoin d’infrastructures qui rendent possible leur utilisation. C’est le dilemme des infrastructures. On doit les mettre en place avant leur rentabilité assurée. Encore là, le Port de Montréal et ses partenaires seront actifs. C’est pour cette raison que nous avons signé une entente de collaboration avec l’important Port d’Anvers, un partenaire de choix situé au cœur du plus grand complexe industriel intégré d’Europe, pour expliciter notre engagement commun à développer un couloir maritime vert entre l’Amérique et l’Europe.

À partir de l’est de Montréal, dans un secteur de l’île qui doit s’approprier la transition énergétique, nous pensons que nous pouvons contribuer à l’adoption de solutions concrètes qui accéléreront la transition mondiale en offrant, avec d’éventuels partenaires, des énergies sobres en carbone pour le transport maritime et l’exportation.

Si l’industrie maritime peut contribuer à décarboner d’autres économies, elle ne doit pas faire fi de son propre bilan environnemental. C’est pour cela que le Port de Montréal et quelque 200 partenaires internationaux ont signé l’Appel à l’action pour la décarbonation de l’industrie maritime.

Pour y arriver, il nous faudra innover davantage, faciliter l’adoption de solutions pragmatiques comme l’électrification des navires à quai, trouver des solutions pour le camionnage ou pour le matériel roulant, accroître le verdissement des installations portuaires, et j’en passe. Nous envisageons de mettre en place toutes ces mesures en mobilisant tant le secteur privé que le secteur public, car la carboneutralité de l’industrie maritime ne peut être qu’un résultat collectif.

La décarbonation est une nécessité, mais c’est aussi l’occasion d’une véritable révolution énergétique. Sur la ligne de départ, de nombreux pays se sont déjà positionnés. La France y consacrera plus de 7 milliards d’euros, tandis que l’Allemagne y consacrera quant à elle près de 10 milliards d’euros. Le Québec et le Canada ne doivent pas être en reste, alors que nous avons les principaux atouts pour produire, par l’intermédiaire de ces carburants renouvelables, une énergie complémentaire à l’électrification directe.

Pour y arriver, pour décarboner l’économie mondiale, pour brancher le Québec sur ces nouveaux marchés, nous voulons développer un couloir maritime vert.