Le producteur de cannabis Hexo peut à nouveau officiellement se dire québécois. Le siège social revient à Gatineau après avoir été déplacé à Kanata, en banlieue d’Ottawa, il y a une vingtaine de mois.

« On revient à nos racines », lance Sébastien St-Louis, cofondateur et PDG d’Hexo.

« Avec la COVID-19, on a découvert qu’on n’avait plus besoin de bureaux sur des sites non opérationnels et qu’on pouvait aller vers un système virtuel, ce qui permet [d’éviter] certains coûts. On va donc opérer à partir de nos sites principaux. On n’a plus besoin de bureaux satellites. »

La direction avait justifié le transfert en Ontario de son siège social en décembre 2019 pour une question d’assurances responsabilité des administrateurs et dirigeants.

« On a réglé ça, dit Sébastien St-Louis. C’est assez complexe comme solution. C’était trop dispendieux de faire affaire avec des compagnies d’assurances traditionnelles. On travaille toujours avec une compagnie d’assurances, mais on a décidé de créer ce qu’on appelle une captive. »

Une assurance captive est un mécanisme de financement des risques dans lequel une entreprise s’assure contre un danger potentiel. L’assuré détient ainsi ses risques à l’interne en créant une société titulaire d’un permis qui fournit une assurance à la société.

L’effectif d’Hexo est aujourd’hui d’environ 1500 employés, dont près de 400 au Québec, principalement à Gatineau.

Fournisseur privilégié de la Société québécoise du cannabis (SQDC), Hexo a augmenté sa capacité de production et de transformation avec trois acquisitions cette année (Zenabis Global, 48 North et Redecan).

Hexo exploite donc dorénavant une serre de 1,3 million de pi2 à Gatineau. L’entreprise possède aussi un site extérieur de culture de 100 acres (environ 4 millions de pieds carrés) à Niagara, en Ontario, ainsi qu’un site intérieur de 500 000 pi2 au Nouveau-Brunswick. Sur le plan manufacturier, Hexo compte sur une installation de 900 000 pi2 à Belleville, en Ontario, et sur un site de 50 000 pi2 au Colorado.

Si Hexo a enregistré des pertes à son plus récent trimestre, Sébastien St-Louis vise la rentabilité pour l’exercice 2022. « Pour les 12 derniers mois, nous avons des revenus d’environ 270 millions. Sur cette base-là, c’est certain qu’on peut être rentable. »

Les revenus trimestriels s’élevaient à une vingtaine de millions lorsque Hexo a présenté ses résultats trimestriels en juin. « Ce n’est que lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre de 2022 [en début d’année] que les acquisitions seront pleinement consolidées dans les états financiers. Le marché pourra alors reconnaître la force d’Hexo de ce côté », dit-il.

« Nous sommes aujourd’hui le plus gros au pays, avec 14,4 % de parts de marché. Ça se compare au suivant, Tilray, 14 %, et à Canopy, 10 %. On veut maintenant pénétrer le top 3 aux États-Unis dans les trois à cinq prochaines années chez les manufacturiers de cannabis, c’est-à-dire au niveau de la transformation avec la technologie d’Hexo pour faire du cannabis 2,0 (préroulé, gélules, etc.). »

Le grand patron d’Hexo dit toujours ne pas souhaiter devenir détaillant aux États-Unis. Il n’ambitionne pas non plus de faire pousser du cannabis aux États-Unis. « La stratégie est d’établir des partenariats avec des entreprises licenciées américaines qui donneraient à Hexo l’option d’acheter ces entreprises dans le futur une fois les activités légalisées.

À un bas des 52 dernières semaines

Le titre d’Hexo a clôturé à 2,32 $ jeudi à Toronto après avoir atteint durant la séance son plus bas niveau des 52 dernières semaines. Le titre a perdu plus de 80 % de sa valeur depuis son sommet de 14 $ atteint en février.

Seulement 3 des 11 analystes qui suivent les activités de l’entreprise recommandent l’achat du titre.

L’un deux est John Zamparo, de Marchés Mondiaux CIBC. Compte tenu de l’évaluation d’Hexo, il s’est dit étonné de la décision d’émettre des titres le mois dernier pour financer l’acquisition de Redecan. « L’action d’Hexo a largement sous-performé celle de ses pairs cette année dans un secteur sous pression qui récompense la force du bilan et la portée des tentacules sur le marché américain », souligne-t-il dans une note récente.

Il propose néanmoins l’achat de l’action, en raison de l’acquisition de Redecan essentiellement, mais croit que l’escompte sur le titre pourrait demeurer en place tant que le bilan n’affichera pas une certaine stabilité et que la rentabilité est atteinte.

« Redecan est hautement rentable, c’est peut-être même le producteur le plus rentable dans l’industrie », dit-il. Cette acquisition devrait permettre de relever les marges d’Hexo à des niveaux supérieurs à celles des entreprises comparables.

22 milliards

Avec le recul boursier enregistré depuis le début de l’année dans l’industrie, la capitalisation boursière des huit plus importants producteurs licenciés de cannabis au pays s’élève aujourd’hui à environ 22 milliards de dollars. Ces huit producteurs canadiens sont Canopy (Ontario), Tilray (C. -B.), Cronos (Ontario), Sundial Growers (Alberta), Aurora (Alberta), Organigram (N. -B.), Village Farms (B. -C.) et Hexo (Québec).