Vous avez été nombreux à répondre à notre appel à la suite de notre reportage « Comment profiter de la pénurie de main-d’œuvre », publié dimanche dernier, pour faire part de votre propre expérience en la matière. Exceptionnellement, nous avons accepté de taire le nom des auteurs de certains témoignages afin de ne pas nuire à leur relation avec leur employeur. 

En télétravail « pour toujours »

Oui, j’en ai profité ! Cela faisait près d’un an que je recevais de plus en plus régulièrement des messages de la part de recruteurs, mais pour toutes sortes de raisons, je déclinais toujours poliment. On voyait clairement qu’il y avait beaucoup d’opportunités et que la demande devenait de plus en plus importante ! Alors un matin, à la suite d’une décision qui ne m’a pas plu chez mon employeur actuel, j’ai décidé de rappeler quelques-uns des recruteurs, juste pour voir. Je me disais que si la demande était aussi forte, ça se répercuterait sûrement sur les salaires. Ça n’a pas traîné ! Une semaine plus tard, je recevais une offre augmentant mon salaire annuel de 25 % ! Avec une semaine de travail plus courte. Le seul point qui demandait réflexion était que je devrais maintenant être officiellement en télétravail « pour toujours » et non plus « en attendant ». Je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’accepter, 25 %, c’est 25 % !

Je crois que les employeurs de Montréal et de Québec font exactement la même chose que les acheteurs de maisons, ils viennent jouer dans les plates-bandes des régions. Comme les acheteurs de maisons, ils sont très compétitifs et déstabilisent le marché. Le télétravail est en train de révolutionner le marché de l’emploi dans notre industrie, les TI [technologies de l’information].

Yvan Trottier

Ne pas croire à la pénurie de main-d’œuvre

À mon grand regret, je n’ai pas été en mesure d’en profiter jusqu’à présent et je ne crois pas que j’y parviendrai. En effet, je souffre de bégaiement et je suis convaincu que les employeurs continuent de faire preuve de discrimination à mon égard et refusent de m’embaucher en raison de mon handicap. C’est aussi pour cette raison que je ne crois pas à l’existence de cette supposée « pénurie » de main-d’œuvre : si elle existait réellement, les employeurs ne feraient pas preuve de discrimination envers les candidats potentiels, car ils ne pourraient pas se le permettre.

Anonyme

Meilleure qualité de vie

Je suis passée de 65 000 $ avec 3 semaines de vacances et 3 jours mobiles à 63 000 $, l’équivalent de 6 semaines de vacances, 3 jours mobiles et 10 jours de maladie par année. Et le télétravail est autorisé. Pour une meilleure qualité de vie, 2000 $, c’est rien !

Marie

Meilleur horaire de travail

J’ai profité de la pénurie de main-d’œuvre pour avoir un meilleur horaire de travail. Je suis dans le domaine du cinéma, en construction de décors. Habituellement, ce sont des horaires de 10 heures, voire 12 heures. Je ne voulais pas faire plus que 8 heures parce que j’ai de jeunes enfants. Je n’ai pas fait valoir la pénurie, mais j’en ai profité quand même en me disant que 8 heures, c’est mieux que rien du tout.

Anonyme

Gros avantages

J’ai postulé à un emploi qui m’intéressait beaucoup, sans stress, sans trop d’heures supplémentaires puisque la reprise de temps est possible, en télétravail chez moi. J’ai été surprise de constater qu’on offrait, comme salaire de base, plus que je ne gagnais. J’ai quand même souhaité négocier mon salaire au cas où. Eh bien, on m’a offert un bien meilleur salaire encore ! Au final, près de 20 % d’augmentation salariale, aucuns frais d’essence, aucun service de garde à payer car mes enfants se rendent à l’école et reviennent à la maison en autobus. Des congés ? Beaucoup de flexibilité et 5 semaines en débutant, plus 1 semaine de maladie dès l’embauche…

La pénurie de gens qualifiés m’a très clairement permis d’améliorer mon sort ! On m’a avoué avoir bonifié les conditions de travail et donné plus de souplesse pour attirer de bons candidats, mais aussi les garder !

Patricia Nadon

Entretien payant

Je suis passé de 400 $ par semaine pour faire l’entretien de bars à 1050 $ par semaine dans l’entretien hospitalier. Je fais beaucoup d’heures supplémentaires à temps et demi.

Anonyme

Question de respect

J’ai deux baccalauréats et un diplôme en secrétariat. J’avais beaucoup de difficulté à me trouver un emploi qui soit payé à 20 $ l’heure. Je viens d’entamer une formation accélérée comme préposée aux bénéficiaires. Je m’estime chanceuse. Ce n’est pas juste le salaire. Bien des employeurs n’offrent pas de bonnes conditions de travail : une certaine flexibilité au niveau de l’horaire et du respect pour l’employé.

Oana

Ajustement salarial

Mon employeur dans le secteur de l’ingénierie a dû répondre à un exode de travailleurs tentés par de meilleures conditions. Afin de pallier cette perte, un ajustement salarial a été commandé pour tout le monde. J’ai eu droit à une augmentation de près de 20 % sans avoir rien négocié et sans changer d’emploi !

Anonyme