S’il veut éviter de se retrouver en queue de peloton au terme du virage vers les véhicules zéro émission (VZÉ), le Canada doit appuyer sur l’accélérateur pour soutenir le développement d’une chaîne d’approvisionnement allant des « mines à la mobilité », plaide une coalition d’une vingtaine d’acteurs de l’industrie.

Par l’entremise de l’initiative « Accélérer », dévoilée mardi, l’Alliance de la chaîne d’approvisionnement des VZÉ souhaite influencer les différents ordres de gouvernement alors que la vente de véhicules à essence sera interdite en 2035 au Canada.

« Pour le moment, il n’y a pas de stratégie globale, souligne Daniel Breton, président et chef de la direction de Mobilité électrique Canada, en entrevue téléphonique. Plus de 95 % du lithium extrait au pays s’en va en Chine. On a beau être riches en minéraux stratégiques, si nous n’avons pas un plan, c’est à l’extérieur que les produits finis seront fabriqués. »

L’initiative, qui regroupe à la fois des entreprises comme la Compagnie électrique Lion et New Flyer, le syndicat Unifor, Mobilité électrique Canada ainsi que la grappe des transports électriques et intelligents Propulsion Québec, se veut d’une durée de cinq ans.

Selon M. Breton, l’objectif consiste à réduire la dépendance de l’industrie canadienne aux produits fabriqués à l’étranger, comme des batteries et autres pièces. Il faut aussi être en mesure de créer des emplois, plaide-t-il.

« C’est une occasion de cinq ans, souligne celui qui a brièvement été ministre du Développement durable, de l’Environnement de la Faune et des Parcs dans le gouvernement péquiste de Pauline Marois. Si on n’a pas fait cela dans cinq ans, on ne sera plus dans la partie. »

Certains projets ont déjà vu le jour en matière d’approvisionnement. Établi à Saint-Jérôme, le constructeur de camions et d’autobus électriques Lion implantera une usine de bloc-batteries à Mirabel. Ce chantier de 185 millions $ doit créer 135 emplois à l’ouverture de la chaîne d’assemblage, en 2023. Québec et Ottawa ont offert chacun 50 millions $ pour des prêts.

Les efforts de l’Alliance se déclineront autour de six volets : l’élaboration d’une feuille de route industrielle, un plaidoyer pour la mise en place de politiques, la création de partenariats, l’attraction d’investissements, l’obtention de soutien public ainsi que le développement de futurs talents.

Celle-ci fait valoir que la « marge de manœuvre est étroite » pour le Canada. Ailleurs, certains États ont « déjà élaboré des politiques proportionnelles aux besoins et aux possibilités », avance l’Alliance. Elle chiffre par exemple à 6 milliards les initiatives aux États-Unis.

« Si New Flyer et Lion doivent importer des batteries de l’extérieur, nous sommes vulnérables, dit M. Breton. Cela touche aussi les systèmes de propulsion. Si on veut un partenariat continental avec les États-Unis, il faut montrer quelles sont nos forces. Pas seulement offrir de la matière première. »

Au Canada, le secteur automobile soutient plus de 500 000 emplois directs et indirects, calcule l’Alliance. Toutefois, depuis 1999, le pays a perdu des plumes au classement mondial des constructeurs automobiles. Du cinquième rang, il a glissé au 13e en 2020, d’après la coalition.