J’ai choisi de prendre la parole en tant qu’entrepreneure. Mon entreprise, située à Québec, est en fonction depuis près de 30 ans. À la suite de cette campagne électorale, accélérée et poussée de force dans la gorge des électeurs, je bous de rage ! Et, le 20 septembre dernier, je m’attendais à du changement.

Pendant que notre gouvernement continue de se préoccuper de sa popularité, continue de faire des promesses creuses et, pire encore, maintient des programmes qui asphyxient sa population, la crise se perpétue.

PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE BERNADET

Stéphanie Bernadet, PDG de Naturmania

M. Trudeau, quand allez-vous arrêter de donner la PCRE ?

Et réagir à la pénurie de main-d’œuvre manufacturière ?

Et imposer des moratoires sur les tarifications de transport ?

Et vous asseoir avec les propriétaires d’entreprise, étranglés par vos mesures, et vous pencher RÉELLEMENT sur leurs enjeux ?

M. Trudeau, quand allez-vous regarder en face votre désastre économique et arrêter de gaspiller l’argent de nos taxes et de nos impôts ?

Les entreprises ont du mal à demeurer ouvertes par manque de main-d’œuvre : il est préférable de recevoir la PCRE que d’aller travailler au salaire minimum ! Les chaînes de production s’épuisent, les ressources viennent à manquer. On est à bout de forces… Le gouvernement ne cesse de freiner les efforts des entreprises pour maintenir l’économie à flot.

Augmenter le salaire minimum ? Les consommateurs seraient-ils prêts à payer plus cher leurs produits pour pallier cette augmentation de salaire ? Comment amortir cette hausse pour tout le personnel d’une entreprise alors que nous connaissons déjà toutes les difficultés auxquelles nous faisons face ? Croyez-moi, si je rémunérais mes employés à la mesure de ce que je considère qu’ils méritent, ils seraient tous millionnaires !

Il y a un an à peine, un transport par cargo me coûtait 6000 $ US. Aujourd’hui, ce même cargo me coûte 30 000 $ US. Une augmentation de 500 %. Quel marché peut absorber ce type d’inflation ?

Je me suis battue pour continuer à fonctionner malgré toutes les conditions imposées par la Santé publique. J’ai affronté la fermeture de ma clientèle (des commerces) pendant des mois tout en maintenant mes opérations parce que nous devions être prêts pour la réouverture.

J’ai absorbé la pression du directeur de banque, préoccupé. J’ai rassuré mes fournisseurs, inquiets. Je me suis mise en mode solution, on s’est retournés sur un dix cents ; on a été créatifs et originaux. On s’est réinventés. On s’est défendus.

Mais j’ai peur, M. Trudeau. Peur de ne pas voir de changement dans vos actions, peur de voir le statu quo perdurer.

Peur de finir par ne plus pouvoir continuer. Il y a trop de contraintes, trop d’incertitude. Vous nous maintenez dans une position difficile à tenir. Il va devoir y avoir des actions concrètes mises en place.

Laissez-moi vous rappeler, objectivement, tout ce qui s’est passé au cours des derniers mois :

  • Les entreprises ont été fermées sans avoir eu le temps de se préparer.
  • On s’est vu imposer des mesures sanitaires jusque dans nos installations.
  • Les manufactures d’ici et d’ailleurs se sont mises à produire du matériel sanitaire sans forcément réorganiser leur calendrier de production habituel. Elles ont reporté et parfois, même, annulé les productions d’articles divers que tout le monde attendait depuis quelques mois déjà. (Vous savez, le vélo ou le frigo que vous attendez depuis plus d’un an ?)
  • Les frontières ont été fermées et le transport de marchandises a été restreint aux biens essentiels.
  • Le blocus des voies ferroviaires par les autochtones a freiné la circulation de marchandises, déjà étranglée par les restrictions sanitaires.
  • Les débardeurs du port de Montréal ont fait la grève.
  • Un bateau cargo s’est coincé dans le canal de Suez, créant un bouchon de circulation de marchandises monstre.
  • Les incendies dans l’Ouest canadien ont stoppé momentanément la circulation de marchandises, puis les trajets ont été détournés et rallongés.
  • Les bris d’équipement dans les ports, dans les manufactures, dans les appareils de transport, etc., ont créé des ralentissements incroyables et des montagnes de marchandises stagnantes et coûteuses.
  • La pénurie impensable et fort problématique de conteneurs (parce que tout dort dans les ports à cause des nombreux retards) a occasionné une flambée des prix de transport sans précédent.
  • La pénurie, bien réelle, de certaines ressources, causée par les retards de livraisons et de production, continue de mettre à mal l’ensemble de l’économie.
  • La maladie, voire la mort, d’employés dans plusieurs usines a ralenti et même causé la fermeture de certaines entreprises. Et j’en oublie, c’est certain !

Vous ajoutez à cela la déprime générale, la peur, jusqu’à l’hystérie collective, le changement des habitudes de vie des gens et l’instabilité d’approvisionnement et vous obtenez tous les éléments nécessaires pour créer une crise économique sans commune mesure !

Nous avons beaucoup parlé des travailleurs de la santé qui tiennent le système de santé à bout de bras. Mais j’ai l’impression que nous, entrepreneurs, c’est l’économie qu’on tient à bout de bras !

M. Trudeau, vous dites que vous avez compris et que les Canadiens vous ont donné un mandat clair. Clairement, vous n’avez pas entendu. Clairement, vous n’avez pas compris. Nous allons être muets pendant votre mandat, M. Trudeau, et vous, vous allez vous appliquer à demeurer sourd et aveugle. Quatre ans… Quatre longues années. Oh non ! C’est vrai ! Vous allez déclencher d’autres élections dans 18 mois ! C’est ce que vous avez dit pendant cette dernière campagne… Mais entre ce que vous dites et ce qui se passe…