La résine de plastique utilisée dans la fabrication d’une multitude de produits est en train de devenir le dernier exemple des problèmes d’approvisionnement provoqués par la pandémie de COVID-19.

En conséquence, la demande est forte et l’offre restreinte, entraînant la flambée des prix.

Selon des experts, la pénurie actuelle de ce matériau omniprésent ne sera pas résolue rapidement. La hausse des prix se répercute déjà dans le coût des biens de consommation et contribue à la poussée inflationniste.

« Les conditions sont très, très difficiles, reconnaît le PDG de l’Association canadienne de l’industrie de la chimie. Le marché voit des prix qu’il n’a jamais vus. »

Le tout a commencé au début de la pandémie lorsque la demande d’équipements de protection individuelle comme les masques, les écrans faciaux, les gants et les blouses a monté en flèche. Plusieurs de ces articles contiennent du plastique à usage unique.

La crise sanitaire a aussi modifié les habitudes d’achat des consommateurs. L’entreposage des produits d’épicerie a stimulé la demande – même le papier hygiénique est emballé dans du plastique. Les gens ont moins fréquenté les restaurants qui achètent de la nourriture en vrac dans des conteneurs plus grands.

À cause de la hausse vertigineuse du prix du bois, de nombreux consommateurs se sont tournés vers des matériaux à base de plastique.

« La COVID-19 a entraîné une augmentation significative de la demande de produits en plastique dans de nombreux segments de marché », souligne M. Masterson qui fait état d’un sommet dans la production et la consommation de plastique à la fin de 2020 en Amérique du Nord.

Mais si la demande atteignait toujours un sommet, l’offre plongeait.

De nombreux fabricants avaient reporté l’entretien de leurs installations au début de la pandémie, mais l’exercice ne pouvait être retardé indéfiniment, dit M. Masterson. Un certain nombre de machines ne seront plus en marche dans diverses usines.

Les conditions climatiques dans le golf du Mexique ont contribué à la chute de l’offre. De nombreuses usines chimiques ont dû ralentir leurs activités à cause des diverses tempêtes comme Ida ayant frappé récemment la côte américaine.

La construction de nouvelles installations a également été freinée. Par exemple, Inter Pipeline avait annoncé en mai 2020 que la pandémie avait affecté à court terme la construction du complexe pétrochimique Heartland, un projet évalué à 4 milliards dollars, près d’Edmonton. L’installation transformera le propane en polypropylène, un matériau utilisé dans une grande gamme de produits comme les fournitures médicales et les pièces automobiles légères.

Selon la société, l’usine de plastique devrait commencer à fabriquer du polypropylène au début de 2022.

L’offre restreinte et la forte demande continue ont fait grimper les prix de la résine plastique.

« Au cours de la première année de la pandémie, le prix de notre matière première a augmenté de 107 % », mentionne Joel Rudolph, directeur de l’exploitation de Farnell Packaging. L’entreprise près d’Halifax utilise des granulés de plastique pour fabriquer des emballages principalement utilisés dans le secteur de l’alimentation.

« Nous avons maintenant assisté à près de deux ans d’augmentations sans précédent. Nous avons connu des mois vraiment difficiles. »

Le coût des emballages en plastique des produits alimentaires ne représente qu’une petite partie du coût global payé par les consommateurs. La hausse des prix du plastique ne devrait pas provoquer à elle seule un choc, soutient M. Rudolph.

« Le coût du sac en plastique ne représente qu’un très faible pourcentage du prix du pain », dit-il.

Pourtant, les experts affirment que les prix du plastique sont l’un des nombreux facteurs qui font augmenter le coût des matériaux et contribuent à la hausse de l’inflation.

Statistique Canada a indiqué en septembre que le taux annuel de l’inflation est passé à 3,7 % en juillet, la plus forte augmentation depuis mai 2011. Le prix des biens durables, qui comprennent de nombreux articles en plastique, a augmenté à un rythme encore plus rapide, atteignant 5 %.

La chaîne Canadian Tire a reconnu lors de ses derniers résultats financiers que la hausse du coût des résines de plastique avait exercé « une pression inflationniste » sur le détaillant.

« Nous aurions vu une pression sur les coûts des produits de base dans les produits fabriqués avec de la résine de plastique, comme les articles de rangement », avait déclaré le président TJ Flood, en août.

Le fabricant de jouets pour enfants Spin Master a également discuté de la hausse des prix de la résine de plastique lors de sa dernière conférence téléphonique sur les résultats.

« Nous continuons de constater des augmentations du coût des intrants notamment les emballages de plastique, de papier et de carton. Les prix des puces électroniques et du fret maritime ont aussi grimpé », a dit Mark Segal, premier vice-président et directeur financier de Spin Master en août.

Selon M. Masterson, la station pourrait commencer à se rétablir lorsque la demande diminuera et les nouvelles installations seront en activité. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.