L’agglomération de Longueuil a publié son rôle foncier 2022-2024 jeudi. Ce rôle mérite qu’on s’y attarde pour la raison qu’il donne une image des fluctuations des valeurs peu de temps après la première vague de COVID-19, la date de référence du rôle étant le 1er juillet 2020. Les valeurs sont en hausse de 21,4 % par rapport au rôle précédent. L’assiette foncière de l’agglomération de Longueuil passe ainsi de 64,5 à 78,3 milliards.

Les hôtels : - 10 %

Il s’agit de loin de la catégorie d’immeubles la plus durement touchée. « Ils y ont goûté pendant la COVID », résume Marc Lagueux, directeur de l’Évaluation à la Ville de Longueuil, dans un entretien avec La Presse. Le taux d’occupation est resté inférieur à 15 % pendant de nombreux mois en 2020 parmi les membres de l’Association des hôtels du Grand Montréal, et la trentaine d’établissements de l’agglomération Rive-Sud n’ont pas été épargnés.

Les résidences de personnes âgées : 0 %

L’agglomération compte 114 résidences pour personnes âgées sur son territoire. La première vague a ébranlé le secteur. « Elles ont connu une hausse de l’inoccupation. Elles ont dû faire face à des augmentations des coûts. On a toutefois vu des hausses de loyer, précise la Ville de Longueuil, dans un courriel lundi. Un dans l'autre, les revenus ont baissé. Elles ont fait payer plus cher parfois. En même temps, les taux d’intérêt étaient tellement bas que ça a permis de maintenir les valeurs au rôle », explique M. Lagueux. Des taux d’intérêt plus faibles ont habituellement un effet positif sur les valeurs foncières.

Les centres commerciaux : + 4 à 5 %

On s’attendait au pire. Les grands propriétaires immobiliers Ivanhoé Cambridge et Cominar avaient pris des pertes de valeur importantes sur leurs mails en 2020. À Longueuil, le rôle municipal attribue une légère hausse, de 4 % à 5 %, à cette sous-catégorie, qui englobe 80 propriétés allant des Promenades St-Bruno, à la Place Longueuil en passant par les galeries marchandes de quartier. Ici encore, la baisse des taux d’intérêt a pu compenser en partie l’impact négatif lié à la diminution des revenus de loyers. À noter que les commerces sur rue ont fait un peu mieux puisque la catégorie « commerciale » dans son ensemble enregistre une hausse de 7 %.

Les restaurants : + 8 à 9 %

Les 200 restaurants de l’agglomération font mieux qu’on aurait pu le prévoir, avec une hausse des valeurs variant entre 8 % et 9 % par rapport à l’année 2017. Contrairement à d’autres commerces qui ont été fermés pendant des semaines au printemps 2020, les restaurants ont pu gagner des revenus avec les commandes à emporter.

L’industriel : + 16 %

Grand gagnant de l’économie post-première vague avec le résidentiel, la valeur des usines et des entrepôts s’est gonflée de 16 % par rapport au rôle précédent, dont l’année de référence était 2017. « C’est assez remarquable, merci, commente M. Lagueux. C’est rare dans ma vie que j’ai vu des augmentations de cet ordre. Au rôle précédent, on avait plutôt un maintien des valeurs. »

L’essor du commerce électronique se traduit par une demande accrue d’entreposage. Par exemple, Amazon s’est installée dans l’arrondissement de Saint-Hubert. Notre mode de vie virtuel amplifie le besoin de stockage dans des centres de données. Qui plus est, la Rive-Sud accueille des usines, comme la brasserie Molson Coors, qui a délaissé l’île de Montréal.

On a de beaux parcs industriels, de belles vitrines. Le phénomène de rareté joue : la demande surpasse l’offre, ce qui augmente la valeur des propriétés industrielles.

Marc Lagueux, directeur de l’Évaluation à la Ville de Longueuil

Résidentiel : + 23 %

Avec une hausse de 23 %, en moyenne, le secteur résidentiel a connu une plus forte hausse que lors des rôles triennaux précédents. Le travail à domicile et le besoin d’espace des ménages ont fait bondir la demande de maisons unifamiliales de banlieue dans un contexte de rareté de l’offre. D’après M. Lagueux, il faut sans doute remonter au rôle en vigueur en 2004 pour trouver des hausses de valeurs supérieures à 23 %.