Nul besoin de chercher très longtemps pour trouver quelles entreprises ont le mieux traversé la pandémie mondiale de COVID-19 : ce sont celles qui investissaient déjà dans le numérique et qui ont continué de le faire pendant la crise.

Ces chefs de file du numérique – qui ne comptent que pour quatre entreprises sur dix au Canada, selon notre étude – avaient déjà élaboré leur stratégie de transformation numérique avant la pandémie. Au Québec, les entreprises se sont mieux portées durant la pandémie en partie grâce aux investissements et aux efforts du gouvernement pour transformer la province en une société numérique.

À l’heure où le Canada sort de la pandémie, nous constatons que le fossé s’élargit entre les chefs de file du numérique et les autres, non seulement entre les entreprises canadiennes et leurs concurrentes étrangères, mais aussi – et c’est là un motif de préoccupation – à l’échelle nationale et entre les secteurs d’activité.

L’écart grandissant entre les « nantis » et les « démunis » du numérique sera bientôt impossible à combler, les chefs de file mettant en place un marché où le vainqueur rafle toute la mise, ce qui laissera les « démunis » dans une position vulnérable.

Selon un récent sondage Harvey Nash/KPMG des chefs de l’information à l’échelle mondiale, le plus important sondage du genre mené auprès de dirigeants du secteur technologique, les chefs de file du numérique investissent généralement de 25 à 50 % plus dans les technologies que leurs concurrents.

Les résultats sont frappants. Les chefs de file du numérique sont deux fois meilleurs que les autres à gagner la confiance des clients ; trois fois meilleurs à créer une expérience client et employé positive ; trois fois meilleurs à augmenter le cours de leurs actions ; trois fois et demie meilleurs à augmenter leurs revenus et leurs profits ; et quatre fois meilleurs à améliorer leur efficacité opérationnelle.

Le technologique, une mentalité

Un tel modèle repose sur trois principes clairs. En premier lieu, s’harmoniser parfaitement à la mission, à la vision, aux valeurs et aux objectifs de l’entreprise. En deuxième lieu, passer d’une architecture technologique cloisonnée, rigide et dépassée à un assemblage moderne et automatisé de technologies en format ouvert et conçu pour répondre rapidement et en toute sécurité aux besoins de l’entreprise. En troisième lieu, transformer à dessein, c’est-à-dire ordonner, adapter et harmoniser les changements apportés au modèle d’exploitation au moyen d’investissements ciblant des résultats précis.

Cela dit, le numérique va bien au-delà du technologique. C’est une mentalité. Le numérique représente essentiellement une nouvelle façon de penser.

Ces chefs de file classent les risques liés aux talents parmi les plus importants auxquels les activités de l’entreprise sont exposées. Ils considèrent les employés comme autant de technologues capables de tirer parti des outils et des données de l’entreprise pour influer sur les résultats. Leur main‐d’œuvre possède à la fois des compétences techniques et le mélange de sens des affaires et d’empathie nécessaire pour modeler les technologies au parcours client.

En outre, ils invitent couramment leur directeur des systèmes d’information, leur directeur des technologies ou leur directeur de la stratégie numérique à siéger au conseil d’administration afin d’inscrire le numérique dans leur ADN et leurs stratégies.

En somme, ce sont des entreprises dirigées par l’humain et propulsées par la technologie.

Dans l’économie d’après-pandémie, ce n’est plus le temps de s’interroger sur la nécessité d’avoir un programme de transformation numérique ; la réponse va de soi.

Alors, ces six entreprises sur dix au Canada peuvent-elles rattraper le retard ? Peuvent-elles combler le fossé ?

Nous croyons que si, mais elles doivent s’atteler à la tâche dès maintenant.