Réduction de l’espace entre les tables des salles à manger, moyens de se prémunir contre les réservations qui ne sont pas honorées par la clientèle… les restaurateurs souhaitent quelques assouplissements alors qu’ils attendent de connaître les détails entourant le déploiement du passeport vaccinal à compter du 1er septembre.

Résignés à hériter de la vérification des preuves de vaccination afin d’éviter de nouvelles fermetures au moment où la tendance des cas d’infection à la COVID-19 est à la hausse, les restaurateurs espèrent en contrepartie pouvoir se mettre quelque chose sous la dent – notamment le droit d’accueillir plus de clients dans leurs établissements.

« Ce qui est important, c’est de ne pas venir alourdir quelque chose qui est déjà lourd, lance Graziella Battista, chef et propriétaire de Graziella, dans le Vieux-Montréal. Si tous les clients ont reçu deux doses de vaccin, la distanciation [de deux mètres] entre les tables, est-ce que c’est aussi nécessaire ? Cela nous aiderait énormément si nous pouvions rapprocher les tables un peu. »

Depuis le déploiement des projets pilotes, la semaine dernière, des restaurateurs ont estimé que l’application de la nouvelle consigne viendrait alourdir leurs responsabilités, ce qui leur donnera du fil à retordre dans un contexte où la main-d’œuvre se fait rare.

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Les restaurateurs espèrent avoir le droit d’accueillir plus de clients dans leurs établissements.

Pour le moment, rien n’indique que le passeport vaccinal signifierait la fin de l’obligation de tenir un registre des clients avec des noms et des numéros de téléphone, affirme François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec (ARQ).

On se retrouve donc avec une nouvelle mesure qui viendra ajouter à la complexité. Aucun assouplissement n’est prévu actuellement. Il faudra former du personnel, avoir l’équipement approprié. Est-ce qu’on peut demander au personnel d’utiliser leur téléphone pour lire les preuves ? Probablement pas.

François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec

Il y a encore beaucoup de questions sans réponse à l’endroit du passeport vaccinal, qui sera également imposé aux salles d’entraînement ainsi qu’aux bars. Il devrait être possible de télécharger l’application de lecture du code QR la semaine prochaine, mais le ministère de la Santé et des Services sociaux n’offre pas plus de détails.

« Tous les détails seront dévoilés au moment de l’annonce officielle, a expliqué le Ministère, dans une déclaration. Pour le moment, nous nous concentrons sur les projets pilotes. »

Après le restaurant La Cage – Brasserie sportive de Lebourgneuf, à Québec, et un centre de conditionnement physique Éconofitness situé à Laval, la taverne Midway, dans le centre-ville de Montréal, doit se prêter au projet pilote ce vendredi.

« Un no show, c’est insultant »

Les restaurateurs ont eu la vie dure depuis le début de la crise sanitaire. Certains espèrent éviter d’assister à une augmentation du nombre de réservations non honorées à la dernière minute après le 1er septembre parce que certains clients s’apercevraient qu’ils ne sont pas adéquatement vaccinés.

Francine Brûlé, présidente fondatrice des restaurants Les enfants terribles, croit qu’il serait simple d’éviter cette situation.

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Francine Brûlé, présidente fondatrice des restaurants Les enfants terribles

Je pense que le gouvernement devrait nous permettre de demander un dépôt, ce qui nous aiderait. La loi ne nous aide pas dans cette situation. Pour nous aider, nous pourrions prendre un dépôt et ceux qui ne se présentent pas pourraient le perdre.

Francine Brûlé, présidente fondatrice des restaurants Les enfants terribles

Marc-Olivier Frappier, chef copropriétaire du restaurant montréalais Vin Mon Lapin, abonde dans le même sens.

« Nous envoyons une confirmation et deux messages textes à la clientèle, explique-t-il. Un no show, c’est insultant. On en a eu deux [mercredi]. À certains endroits aux États-Unis, on demande par exemple 20 $ pour faire la réservation. C’est déduit de la facture totale. Si on ne se présente pas, on perd le dépôt. »

De plus, comment les touristes ontariens, américains et d’ailleurs pourront-ils entrer dans un restaurant le 1er septembre sans passeport québécois ? L’ARQ a également hâte de connaître les modalités qui n’ont pas encore été précisées par Québec.

Selon M. Meunier, il s’agit d’un « enjeu majeur ».

« Pensez aux restaurants de Gatineau avec des gens qui viennent d’Ottawa parce qu’ils travaillent pour le gouvernement fédéral, illustre-t-il. L’Ontario ne semble pas délivrer de passeport vaccinal. Cela suscite beaucoup de questions. »

Toute l’industrie a l’intention de se plier aux exigences de la Santé publique, rappelle M. Meunier. Mais à moins de deux semaines du 1er septembre, le représentant de l’ARQ espère que le gouvernement Legault dévoilera rapidement les modalités de l’application du passeport vaccinal.