La Caisse de dépôt va confier en impartition la gestion de ses centres commerciaux au Canada. Elle rompt ainsi avec une longue tradition qui aura permis à deux générations de Québécois d’acquérir une expérience précieuse dans les métiers de l’immobilier commercial.

« Nous allons nous recentrer sur notre métier d’investisseur », a indiqué Nathalie Palladitcheff, lors de la présentation des résultats semestriels d’Ivanhoé Cambridge (IC), bras immobilier de la Caisse. La présidente et cheffe de la direction d’IC participait mercredi matin à une visioconférence en compagnie du grand patron, Charles Emond, et du chef des marchés liquides, Vincent Delisle.

Traditionnellement, la Caisse confiait la gestion de ses immeubles à l’étranger à un gestionnaire local, mais gardait à l’interne la gestion de ses immeubles canadiens, là où elle connaît le marché aussi bien que quiconque.

Ivanhoé détient notamment les centres commerciaux Centre Eaton et Place Montréal Trust, au centre-ville de Montréal, et Laurier Québec et Place Ste-Foy, à Québec.

En immobilier commercial, la gestion externe soulève des enjeux de conflits d’intérêts à l’occasion. Le dilemme se pose par exemple quand le gestionnaire externe sert plus d’un client dans le même marché. Lequel se verra privilégié par le gestionnaire externe ? C’est entre autres pour cette raison que les entités immobilières cotées comme les fonds de placement immobilier (FPI ou REIT) telle Cominar gèrent leurs immeubles à l’interne pour l’essentiel.

Ce virage va aussi à l’encontre de la tendance instaurée à la Caisse du temps de Michael Sabia, soit acquérir une expertise forte à l’interne. Ce fut le cas, par exemple, dans le placement privé et dans les infrastructures.

Invitée à préciser ses intentions à la période des questions avec les médias, la patronne d’IC a confirmé que le processus du recours à la sous-traitance était irrémédiablement en marche.

« Nous avons entamé il y a quelques semaines un appel d’offres pour trouver un partenaire qui va nous permettre d’avancer dans la création de valeur. Nous allons opérer dans les prochains jours des annonces pour donner le nom du partenaire et les modalités de transfert d’une partie de nos équipes vers le partenaire qui va continuer d’assurer la gestion quotidienne de nos opérations dans nos centres commerciaux », a-t-elle indiqué.

On ignore le nombre d’employés d’IC touchés et l’impact sur leurs conditions de travail. Ivanhoé avait la réputation d’avoir un effectif bien rempli et des conditions de travail enviables dans l’industrie. IC a indiqué dans un courriel que ces détails attendront le jour de l’annonce.

L’expérience américaine

Il sera intéressant de connaître l’identité du gestionnaire externe. L’an dernier, des détaillants québécois s’étaient publiquement plaints d’être servis en anglais par le consultant américain qu’Ivanhoé Cambridge avait engagé pour relancer ses centres commerciaux en difficulté.

Relisez l’article « Des Américains à la rescousse d’Ivanhoé Cambridge » portant sur le consultant américain de la Caisse

Selon les témoignages recueillis à l’époque, le mandat du consultant Raider Hill s’apparentait plus à une mise sur tutelle de l’équipe interne d’Ivanhoé qu’à du simple conseil stratégique. La direction d’IC s’en est toutefois toujours défendue.