(Bichkek) Le Kirghizstan a annoncé mercredi avoir entamé la procédure de dénonciation d’un accord sur l’exploitation de la plus grande mine d’or du pays avec la société canadienne Centerra Gold, que les autorités accusent de « corruption ».

Le Comité kirghiz de sécurité nationale a justifié dans un communiqué cette décision par des faits de « corruption à grande échelle tout au long de la période de coopération avec les investisseurs canadiens » exploitant la mine de Koumtor.

Le président kirghiz Sadyr Japarov avait déjà signé une loi mi-mai permettant la saisie par les autorités de cette mine d’or vitale pour l’économie de cette ex-république soviétique d’Asie centrale.

En 2020, l’exploitation de la mine de Koumtor représentait environ 12,5 % du PIB kirghiz, selon Centerra Gold, côté à la Bourse de Toronto.

La société canadienne avait admis en mai n’avoir « plus le contrôle de la mine de Koumtor et ne plus pouvoir assurer la sécurité des employés de la mine et de ses activités ».

Le Kirghizstan a régulièrement accusé Centerra Gold de malhonnêteté dans la gestion de la mine, détenue à plus d’un quart par l’État kirghiz.

La justice kirghize réclame également 2,5 milliards d’euros d’amende à Centerra Gold, accusé d’avoir déversé des déchets miniers sur des glaciers. L’entreprise est par ailleurs soupçonnée d’irrégularités fiscales estimée à près d’un milliard d’euros.

La société canadienne rejette ces accusations.

Ces derniers mois, un nombre de responsables politiques kirghizes ont été interrogés ou arrêtés dans le cadre de l’enquête pour corruption autour de cette mine.

Parmi eux figure notamment l’ancien président Askar Akaïev, qui était à la tête du pays au début de son exploitation, avant d’être destitué en 2005 à l’issue d’un soulèvement populaire.

Résidant en Russie, M. Akaïev s’est rendu au Kirghizstan la semaine dernière pour un interrogatoire sur son rôle dans la restructuration de la mine qui a abouti selon les enquêteurs à ce que le gouvernement obtienne une part plus petite. Il a pu ensuite repartir pour la Russie.

Porté au pouvoir par la rue fin 2020 après avoir été libéré de prison par ses partisans, le président Sadyr Japarov avait par le passé pris la tête d’un mouvement pour la nationalisation de la mine.

C’est lors d’une de ces manifestations en 2013 qu’un gouverneur de province avait été pris en otage, conduisant à la condamnation à 11 ans de prison de M. Japarov en 2017.