Selon un sondage commandé par le groupe immobilier Royal LePage, 35 % des baby-boomers canadiens songent à acheter une maison au cours des cinq prochaines années. Au Québec, ce taux s’établit plutôt à 29 %.

« S’il y a vraiment 29 % des boomers qui pensent acheter une maison, ça devrait libérer de l’inventaire dont on a grandement besoin », estime Georges Gaucher, courtier immobilier et directeur général de Royal LePage Village, qui a participé à l’élaboration de l’étude. Il s’attend à ce qu’une partie de ces acheteurs choisissent de vendre leur maison pour s’installer hors des grands centres. Selon le sondage, 51 % des baby-boomers québécois envisagent de déménager dans une autre ville lors de la retraite, et 41 % estiment que le moment serait bien choisi pour vendre leur demeure.

Georges Gaucher attribue ce possible exode rural au phénomène du télétravail, qui peut réduire l’importance du temps de transport dans le choix d’une résidence. Selon lui, cette tendance pourrait avoir une influence positive sur le nombre de maisons à vendre dans les grandes villes.

Selon le courtier immobilier, les Québécois ont été réticents à vendre leur maison depuis le début de la pandémie, par crainte de laisser entrer de nombreux étrangers dans leur maison. « Le manque d’inventaire était vraiment prononcé depuis le début de la pandémie, estime-t-il. Un marché équilibré, c’est d’avoir 10 mois d’inventaire devant soi. En ce moment, on est à deux ou trois. C’est un marché de vendeurs, complètement. » Évidemment, ce manque d’inventaire provoque une pression à la hausse sur les prix. « C’est l’offre et la demande. S’il y a une maison et dix acheteurs, les gens vont se battre pour l’avoir. »

Georges Gaucher ne croit toutefois pas que cela freinera la montée des prix, du moins à long terme. « Le pendant de ça, c’est que ça va amener beaucoup d’acheteurs expérimentés sur le marché, des gens qui ont des sous et qui font des mises de fonds importantes. »

« Il faut aussi réaliser, souligne le courtier immobilier, que le marché de Montréal a été sous-évalué pendant des décennies par rapport à Toronto et à Vancouver, pour une ville somme toute assez pareille en termes d’offre et de qualité de vie. »

Les Québécois moins souvent propriétaires

Le sondage révèle des différences marquées entre le Québec et le reste du Canada. D’abord, seulement 67 % des baby-boomers québécois sont propriétaires de leur maison, contre 75 % pour l’ensemble des Canadiens. « Aussi loin que je me souvienne, dans tous les sondages, les Québécois, et particulièrement les francophones, étaient avant tout des locataires, et souvent toute leur vie, indique Georges Gaucher. Je crois que c’est une habitude bien québécoise, mais ce sera intéressant de voir dans 20 ans si les jeunes vont changer cette donnée. » Selon le sondage de Royal LePage, les Québécois sont aussi plus nombreux à vouloir rénover leur maison que l’ensemble des Canadiens, avec une proportion de 62 % contre 52 %.

Francis Cortellino, économiste à la Société canadienne d’hypothèques et de logement, ne croit pas que le faible taux de propriété à Montréal s’explique seulement par des facteurs culturels. « Globalement, explique-t-il, c’est vrai qu’il y a plus de locataires à Montréal, mais si l’on creuse dans les statistiques, on s’aperçoit que l’écart est moins significatif ou même inexistant dans certains segments de la population. » Il souligne aussi que la différence ne s’applique pas seulement aux anglophones et aux francophones : les immigrants seraient en effet plus souvent locataires à Montréal qu’à Vancouver ou à Toronto.

Coup de pouce aux plus jeunes

Par ailleurs, 24 % des baby-boomers québécois interrogés ont affirmé qu’ils aidaient ou étaient sur le point d’aider leur enfant à acheter une résidence. Ce chiffre ne surprend « pas vraiment » Georges Gaucher, qui l’attribue à l’engouement immobilier causé par la pandémie. « Avec la pandémie, les gens sortent et dépensent beaucoup moins, donc les plus jeunes couples ont plus d’argent pour envisager une mise de fonds. Mais, à cause des prix qui ont augmenté, ils ont été dans l’obligation de se tourner vers la banque de papa et maman. »

Le sondage a également révélé que 17 % des baby-boomers canadiens vivent avec leur progéniture devenue adulte ; 7 % d’entre eux cohabitent même avec leurs enfants âgés de plus de 30 ans. Parmi tous ceux qui ont des enfants à la maison, 21 % n’envisagent pas le départ de leurs enfants et 43 % ne pensent pas changer de propriété, une fois qu’ils seront partis.

Le sondage, commandé par le groupe immobilier Royal LePage, a été mené auprès d’un panel en ligne de 2000 personnes. Les répondants étaient nés entre 1946 et 1965, soit la période considérée comme celle des baby-boomers par Statistique Canada.