Maxime, 42 ans, et Juliette, 39 ans, sont parents de quatre enfants âgés de 3 à 11 ans.

La situation

Tous deux au travail, ils disposent d’un revenu familial totalisant environ 180 000 $ par an, en montant brut avant impôts et autres déductions.

Leur train de vie familial se chiffre aux environs de 85 000 $ par an. Ce montant comprend les débours liés à la résidence familiale, aux transports et au style de vie familial. Mais il exclut les débours fiscaux ainsi que les cotisations dans les comptes d’épargne enregistrés.

Maxime et Juliette sont parvenus au fil des années à se constituer un actif financier en épargne-retraite (REER) et en épargne-études (REEE) dont la valeur totale se chiffre à 195 000 $.

Leur actif comprend aussi la maison récemment évaluée à 470 000 $. Après soustraction du solde du prêt hypothécaire de 310 000 $, la valeur nette de cette maison dans le patrimoine familial est de 160 000 $.

Par ailleurs, le passif au bilan familial comprend les débours courants et futurs (à 14 000 $ par an) pour les contrats de location de deux véhicules, dont les échéances de remplacement ou de rachat en fin de bail surviendront en 2023 et en 2025.

D’ici quelques années, aussi, Maxime et Juliette prévoient l’addition progressive à leur budget familial des droits de scolarité liés à l’entrée à l’école secondaire privée de leurs quatre enfants, à commencer par l’aîné dans deux ans.

Les chiffres

Maxime (42 ans)

  • REER : 60 500 $
  • Revenu d’emploi : environ 115 000 $ bruts
  • Régime de retraite :
  • REER collectif en début de cotisation
  • Régime de retraite d’emploi précédent : RREGOP (7 ans dans le secteur public)

Juliette (39 ans)

  • REER : 93 000 $
  • Revenu d’emploi (travailleuse autonome) : environ 60 000 $ bruts
  • Pas de régime de retraite

Actif au bilan familial 

  • REEE pour chacun des quatre enfants : 40 000 $ au total (enfants âgés de 11, 9, 8 et 3 ans)
  • Maison : 470 000 $

Passif au bilan familial 

  • Solde de prêt hypothécaire sur la maison : 310 000 $
  • Solde de baux de location sur deux véhicules : environ 40 000 $ de paiements d’ici quatre ans, avant prix de rachat à terme

Train de vie familial

Environ 85 000 $ par an (en incluant les débours résidentiels, de transports et de style de vie familial, en excluant les débours fiscaux et d’épargne)

Les questions

Dans ce contexte, Maxime et Juliette cherchent conseil afin de valider l’évolution de leur situation financière jusqu’à maintenant, mais aussi de mieux établir leur planification financière pour les prochaines années.

« Avons-nous fait les bons choix jusqu’à maintenant, en matière de gestion de l’actif dans les comptes d’épargne enregistrés avec nos REER et les REEE des enfants, mais alors que nos CELI sont encore à zéro ? », demande Juliette en conversation avec La Presse.

« En parallèle, nous cherchons conseil afin de renforcer notre planification financière à moyen et à long terme, tout en tenant compte de nos prochains besoins budgétaires. »

Nous souhaitons optimiser notre situation fiscale. D’abord, en tant que parents et travailleurs à temps plein avec des enfants à charge pour plusieurs années à venir. Mais ensuite, en prévision de nos éventuels préparatifs financiers à la retraite, dans une vingtaine d’années.

Juliette

La situation financière et les questions de Maxime et de Juliette ont été soumises pour analyse-conseil à Guylaine Lafleur, qui est notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur.

Les conseils

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur

D’emblée, Guylaine Lafleur constate que le budget familial de Maxime et Juliette leur laisse une marge de manœuvre de quelques milliers de dollars afin de cotiser à leurs comptes d’épargne enregistrés.

D’où l’importance d’en optimiser l’usage en fonction des critères fiscaux applicables à leur situation familiale courante et prévisible à moyen terme, tout en veillant à l’accumulation d’un actif suffisant en prévision de leur retraite.

« Selon leurs revenus actuels, après soustraction des déductions fiscales et des charges sociales ainsi que les cotisations au REER de Maxime au maximum annuel alloué, j’estime qu’il leur reste environ 91 000 $ en revenu disponible », indique Mme Lafleur.

« C’est juste ce qu’il faut à Maxime et Juliette pour assumer leur train de vie familial [environ 85 000 $ par an], tout en permettant 6000 $ en tout parmi les REEE de leurs quatre enfants. »

« Cela signifie pour Juliette qu’elle ne fera pas ou très peu d’épargne en REER et en CELI durant les prochaines années », souligne Mme Lafleur.

« En contrepartie, en raison de son revenu d’emploi et de son taux d’imposition plus élevés, Maxime retire un plus grand avantage fiscal en maximisant sa cotisation annuelle dans son REER personnel, afin de profiter de l’important montant de cotisations inutilisées [environ 50 000 $] qu’il a accumulé dans son REER. »

Priorité aux REEE des enfants

Ensuite, suggère Guylaine Lafleur, « comme les cotisations aux REEE des enfants donnent droit à des subventions fiscales, il est préférable pour Maxime et Juliette de maximiser leurs cotisations annuelles aux REEE de façon à en optimiser les avantages fiscaux ».

« Je leur recommande aussi de prioriser les cotisations aux REEE des deux enfants plus vieux. Parce que lorsqu’ils commenceront leurs études postsecondaires, et que pourront débuter les retraits de leur REEE, Maxime et Juliette pourront alors récupérer du capital qui leur permettrait ensuite de maximiser les cotisations aux REEE des deux enfants plus jeunes. En second lieu, ils pourraient aussi rattraper les cotisations inutilisées qui se seront accumulées dans leur REER respectif. »

Entre-temps, avertit toutefois Guylaine Lafleur, Maxime et Juliette doivent se préparer à une prochaine décennie de gestion serrée de leur budget familial, en fonction de leur revenu disponible.

« Un poste du budget familial a attiré mon attention. Il s’agit des 14 000 $ par an qui sont déboursés en paiements sur leurs deux véhicules en location, ce qui m’apparaît une dépense très importante dans leur coût de vie total d’environ 85 000 $ », souligne Mme Lafleur.

« Je comprends que l’un des contrats de location [à 8940 $ par an] arrivera à échéance en septembre 2023, soit au moment où l’aîné des enfants commencera son secondaire au privé.

« N’empêche, Maxime et Juliette devraient envisager de réduire ce poste budgétaire lié aux transports afin de se dégager une meilleure réserve de liquidités pour les dépenses d’école privée des enfants. »

Vigilance budgétaire

« Comme le plus vieux de leurs quatre enfants commencera son secondaire dans une école privée en 2023, il faut prévoir une augmentation du coût d’environ 6000 $ par année pour cinq ans. Deux ans plus tard, selon leurs intentions, le deuxième enfant entrera au secondaire privé. Et l’année suivante, ce serait au tour de leur troisième enfant, constate Guylaine Lafleur.

Donc, dans cinq ans, Maxime et Juliette auront trois enfants au secondaire privé. En fonction de leur revenu familial prévisible, cela signifie que Maxime devra réduire ses cotisations au REER pendant des années afin que sa famille puisse boucler son budget.

Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur

Ensuite, signale Mme Lafleur, « une fois les études secondaires des enfants terminées, Maxime pourra rattraper ses cotisations encore inutilisées à son REER, et en maximiser alors les avantages fiscaux pendant qu’il aura encore un revenu d’emploi à taux d’imposition plus élevé ».

« Dans le cas de Juliette, si ses revenus nets de profession dépassent alors les 45 000 $ par an, elle aurait aussi avantage à maximiser ses cotisations inutilisées à son REER. Ensuite, s’ils ont encore des liquidités disponibles, Maxime et Juliette pourront alors tous deux cotiser à leur CELI respectif. »

Selon Guylaine Lafleur, « en procédant ainsi, et en considérant la fin des paiements hypothécaires sur leur maison dans une vingtaine d’années, Maxime et Juliette devraient avoir accumulé un capital d’épargne-retraite leur permettant d’envisager la retraite du travail au début de la soixantaine ».

Et ce, jusqu’au début à 65 ans de leurs rentes des régimes gouvernementaux, ainsi que des prestations de Maxime pour ses sept années de participation au régime de retraite des employés du secteur public québécois.

« Selon un tel scénario, considérant un rendement net d’environ 3,8 % au fil des ans, l’épargne-retraite de Maxime et de Juliette serait épuisée en une trentaine d’années, aux environs de leur 95anniversaire. Il leur resterait alors la valeur nette de leur maison, libre d’hypothèque, ainsi que leurs rentes viagères des régimes publics. »

* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.

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