Un sondage fait apparaître quatre femmes au sommet des PDG les plus crédibles au Québec. Dont Véronique Cloutier.

Les femmes PDG du Québec apparaissent plus crédibles que leurs pendants masculins aux yeux de la population. C’est le constat qui peut être tiré d’un sondage SOM mené à l’instigation de l’Institut de la crédibilité auprès de Québécois qui se sont prononcés sur la crédibilité d’une vingtaine de présidents et de présidentes d’entreprise soumis à leur évaluation.

Christiane Germain, Cora Tsouflidou, Véronique Cloutier et Danièle Henkel occupent les quatre premiers rangs de la compilation, devant Alain Bouchard, fondateur et président du conseil d’administration de Couche-tard.

Sur les dix PDG jugés les plus crédibles, six sont des femmes. « On n’avait jamais vu ça encore ! », s’exclame le fondateur de l’Institut de la crédibilité, Stéphane Prud’homme. « Pendant des décennies, c’était toujours des hommes qui régnaient, qui étaient les plus crédibles. C’est la première fois qu’on teste et qu’on fait une enquête sur la crédibilité des PDG, avec équité. »

La méthodologie

Ce sondage a été mené en ligne du 21 au 31 mai 2021 auprès de 1030 adultes québécois, en français et en anglais. La marge d’erreur maximale pour l’ensemble des répondants est de 4,1 %, 19 fois sur 20. « La crédibilité est intangible pour le commun des mortels et il n’est pas facile de la mesurer », commente Julie Fortin, coprésidente de SOM, dans un communiqué. Cette étude « est une première au Québec et il sera intéressant d’en mesurer l’évolution à moyen et à long terme ».

Pour préparer le sondage, les noms d’une vingtaine de présidents et de présidentes d’entreprise ont été retenus, en égales proportions de genres. « On a pris les PDG les plus connus au Québec, sur la base de la liste des plus grandes entreprises du journal Les Affaires », décrit Stéphane Prud’homme.

Parmi ceux-ci, Véronique Cloutier.

Véronique Cloutier est sortie parce qu’elle est reconnue évidemment comme artiste et animatrice, mais dans l’imaginaire collectif, elle est encore présidente de son entreprise. C’est une femme d’affaires.

Stéphane Prud’homme, fondateur de l’Institut de la crédibilité

Les répondants devaient d’abord indiquer s’ils connaissaient ou non les PDG soumis à leur appréciation. Les questions suivantes ne s’appliquaient qu’aux PDG connus d’eux « parce qu’évidemment, ils ne peuvent pas évaluer la crédibilité des personnes qu’ils ne connaissent pas ».

Le répondant devait d’abord indiquer si chacun lui apparaissait crédible. Les cinq questions suivantes portaient sur autant de facteurs de crédibilité, sur lesquels chaque PDG était évalué. « Les deux facteurs pour lesquels les PDG ont obtenu les meilleures notes sont la compétence et la légitimité – la légitimité d’être à la bonne place en tant que PDG », relève Stéphane Prud’homme.

À l’inverse, ils ont été mal perçus à l’égard de la proximité et du partage de valeurs communes. « La population ne s’identifie pas assez avec les valeurs des PDG qu’on connaît, constate-t-il. S’il y a une recommandation à faire aux PDG, c’est de travailler sur leurs valeurs publiques, les valeurs qu’ils mentionnent dans leurs communications avec les employés et la population, et d’essayer de connecter la population avec ces valeurs. »

Les répondants avaient-ils conscience des valeurs de ces PDG ? « Je pense que oui, parce qu’ils ont répondu qu’ils ne s’identifiaient pas aux valeurs », répond-il.

Quatre dragons

La compilation des résultats a produit un classement pour lequel Christiane Germain, coprésidente et cofondatrice de Germain Hôtels, est arrivée en tête, devant Cora Tsouflidou, à titre de présidente fondatrice des Restaurants Cora, et Véronique Cloutier, présentée comme fondatrice de Véro.tv (qui n’est pourtant pas une entreprise). « Les gens auraient dû juger son talent de PDG plutôt que d’animatrice, souligne Stéphane Prud’homme. Peut-être que dans la tête des gens, il y a eu une petite confusion. »

Les dragons, en fonction ou retraités, ont eux aussi soufflé sur le palmarès, avec quatre représentants, dont Mitch Garber et Nicolas Duvernois. La notoriété n’est pourtant pas un gage de crédibilité, insiste Stéphane Prud’homme. « Par contre, il faut avoir une certaine notoriété pour être crédible, pour que les gens sachent qui on est et puissent juger si on est crédible ou non. Ça nous amène à la nouvelle tendance des CEO activistes, qui prennent position avec des valeurs sociales et environnementales, partout aux États-Unis. Ça s’en vient au Canada et au Québec. »

L’Institut de la crédibilité

Stéphane Prud’homme a fondé l’Institut de la crédibilité en 2018 après une carrière de plus de 20 ans en communication. Il poursuit actuellement des études doctorales sur la crédibilité des PDG célèbres. « Il y a beaucoup d’experts sur la confiance et la réputation, mais pas sur la crédibilité, dit-il. On veut faire un peu de consultation, mais surtout de la recherche. »

L’organisme, qui compte quelques collaborateurs outre son fondateur, prévoit d’organiser une conférence internationale sur la question à l’automne. Stéphane Prud’homme aimerait reprendre son enquête l’an prochain en l’élargissant aux grands chefs d’entreprise du G7.

Les PDG les plus crédibles

Christiane Germain, coprésidente et cofondatrice, Germain Hôtels
Cora Tsouflidou, présidente fondatrice, Restaurants Cora
Véronique Cloutier, fondatrice, Véro.tv
Danièle Henkel, PDG, Entreprises Danièle Henkel
Alain Bouchard, président exécutif du conseil d’administration, Alimentation Couche-Tard
Nicolas Duvernois, fondateur et PDG, Pur Vodka
Sophie Brochu, PDG, Hydro-Québec
Isabelle Hudon, PDG, BDC
Mitch Garber, PDG, président du conseil, Investir au Canada
Michael Sabia, président du conseil, Banque d’infrastructures du Canada

Source : Institut de la crédibilité (pour les dirigeants au classement)