Olivier Babin a 25 ans et gagne 200 000 $ US par an avant les commissions comme financier de haut vol. Cégep à Brébeuf, bac à McGill, il a travaillé chez Goldman Sachs à New York, puis, maintenant, chez SoftBank Vision Fund à San Francisco.

Essoufflé ? Pas lui, en tout cas. Il s’en va faire un MBA à Stanford en septembre. Ensuite, il rêve de lancer une jeune pousse en technologie financière qui va servir à réduire les inégalités dans le monde. Si LDT a sa propre fondation, OB n’est pas en reste. Il a créé un OSBL qui fait du microcrédit auprès des paysans du Kenya.

Ce n’est pas d’hier que le jeune homme, originaire de la banlieue sud de Montréal, fait parler de lui. À 17 ans, il a remporté le premier prix de la simulation boursière Bourstad, en jouant sur la faiblesse de la monnaie japonaise.

La Presse l’avait nommé personnalité de la semaine un an plus tard, en septembre 2014, soulignant ses nombreuses réussites malgré son âge précoce. Il avait obtenu au printemps précédent une note parfaite de 45/45 pour l’ensemble de ses examens finaux au bac international à Brébeuf, devenant le deuxième cégépien seulement à réussir cet exploit à l’époque. La Presse a joint au téléphone Olivier Babin au début de mai.

La Presse : La vie semble bonne pour vous. Où en êtes-vous rendu ?

Olivier Babin : Après un bac en économie et finances à McGill, j’ai travaillé deux ans à la banque d’affaires Goldman Sachs à New York. Comme banquier d’affaires, on agit surtout à titre de conseiller aux entreprises, moi, je suis passionné par l’investissement. J’étais attiré par le capital-risque : travailler avec les jeunes pousses et les aider à grandir. Ça fait deux ans que je suis sur la côte ouest au fonds Vision de SoftBank.

LP : C’est le fonds qui a investi dans WeWork. Est-ce vous qui avez mis à la porte son fondateur Adam Neumann ?

OB : Non [rires], ce n’était pas mon dossier. Je fais partie d’une équipe de 10 personnes au sein du fonds Vision, qui est l’un des grands fonds de capital-risque dans le monde après avoir levé 100 milliards il y a trois ans. Au fonds Vision, nous sommes 50 professionnels de l’investissement à San Francisco et 30 à Londres, qui sont les deux principales équipes avec celle du Japon.

Depuis que je suis chez SoftBank, l’équipe de San Francisco a travaillé sur 18 investissements, dont DoorDash. Pour ma part, j’ai piloté six dossiers d’investissements, dont Plenty, une entreprise qui fait de la culture dans des serres verticales, Memphis Meat, qui produit de la viande en laboratoire, et Alto Pharmacy, qui a été fondée par un diplômé de l’Université d’Ottawa, Mattieu Gamache-Asselin, qui propose une pharmacie à domicile en interaction avec les bureaux de médecin.

LP : De la viande de laboratoire, c’est épeurant, non ?

OB : Au contraire, la technologie permettra de nourrir la population sans élever de cheptels. L’entreprise est rendue au stade de la précommercialisation. Elle est capable de produire. J’en ai déjà mangé. C’est impressionnant. Beaucoup de gens voient dans cette technologie une solution pour minimiser l’impact environnemental lié à l’élevage.

LP : Vous devez bien gagner votre vie. Ça ressemble à quoi, 200 000 $ US comme salaire de base plus les bonis ?

OB : C’est pas mal ça. Je gagne bien ma vie. Prochaine grosse étape, je retourne aux études faire mon MBA à Stanford. J’ai toujours adoré l’école. Avec Harvard, Stanford est probablement l’école la plus réputée pour le MBA. Surtout, je veux profiter de l’écosystème de Stanford pour lancer ma propre start-up. J’ai mes idées, mais c’est très embryonnaire. Je vois beaucoup de besoins dans les [technologies financières]. Je vois des inégalités entre les pays développés et ceux en développement et des inégalités aussi à l’intérieur des pays en développement. Il y a beaucoup de potentiel dans les marchés financiers et on veut révolutionner ça.

LP : Tout un contrat, révolutionner les marchés financiers…

OB : J’ai cofondé avec ma fiancée l’organisme à but non lucratif Mkono qui fait du microcrédit sans facturer d’intérêts à des entrepreneurs du Kenya. On les met en relation avec des mentors répartis partout dans le monde. On dessert pour le moment cinq collectivités dans lesquelles un incubateur pour entrepreneurs est en place. On recueille les fonds en Amérique du Nord et on a prêté, entre 500 et 1000 $ US la fois, à 40 entrepreneurs jusqu’à maintenant.

LP : Ma foi, vous êtes une sorte de Laurent Duvernay-Tardif de la finance ?

OB : J’aimerais ça. Mais, non. Mon seul sport, c’est la finance.