(Ottawa) Le chef du NPD, Jagmeet Singh, promet une lourde taxe pour les étrangers qui achètent une maison au pays, ainsi que des investissements « massifs » dans le logement, afin de refroidir un marché immobilier en ébullition.

La déclaration aux allures de promesse électorale, publiée jeudi propose de consacrer 14 milliards à la construction de logements pour aider à bâtir 500 000 unités sur quatre ans.

L’objectif est également de faire baisser des prix de loyers et de maisons de plus en plus inabordables. La crise de l’immobilier s’est propagée au-delà de Toronto et de Vancouver, dans de nombreuses régions du pays.

L’engagement vise à éclipser le budget fédéral présenté le mois dernier par le gouvernement libéral prévoyant investir 2,4 milliards sur cinq ans pour des logements abordables et imposer une taxe de 1 % de la valeur imposable de la propriété aux non-résidents ayant une maison ou un condo inoccupé au Canada.

En Colombie-Britannique, une taxe de 15 % imposée aux acheteurs étrangers dans la région métropolitaine de Vancouver en 2016, portée depuis à 20 % et étendue à d’autres collectivités, a eu un effet de refroidissement à court terme, mais les prix ont monté en flèche au cours des 30 derniers mois et ont atteint des sommets.

Selon des experts, une taxe nationale pour les acheteurs non-résidents équivaut à une approche maladroite du marché immobilier, qui dépend des conditions locales, et pourrait avoir des conséquences inattendues dans des lieux touristiques tels que Banff et Mont-Tremblant.

Selon une analyse réalisée cette semaine par les Services économiques TD, la taxe de 1 % imposée sur les propriétaires étrangers par le gouvernement libéral est « peu susceptible de réduire grandement l’activité actuelle » sur le marché, car la demande étrangère s’est déjà refroidie en Colombie-Britannique et en Ontario. La frénésie actuelle des ventes et des prix est en grande partie causée par les acheteurs nationaux, selon l’analyse.

M. Singh a cherché à aborder un autre facteur faisant pression sur le marché, appelant à combattre le blanchiment d’argent dans l’immobilier. Les profits du marché noir canalisés par l’achat de terrains ont été « directement attribués à l’augmentation du coût du logement », a-t-il noté.

Le gouvernement libéral s’est penché sur le blanchiment d’argent et la transparence des marchés le mois dernier.

Dans un passage peu remarqué, le budget prévoit 2,1 millions sur deux ans au ministère de l’Industrie pour mettre en œuvre un registre des bénéficiaires effectifs d’ici 2025.

Avec certaines des lois sur le blanchiment d’argent les plus faibles parmi les démocraties libérales, le Canada offre actuellement l’anonymat aux investisseurs et aux blanchisseurs d’argent en permettant au propriétaire réel, ou « bénéficiaire » de ne pas être divulgué, comme le font les Seychelles ou les Îles Vierges britanniques.