(Québec) Pendant que les revenus de Loto-Québec chutent et que les mises à pied se poursuivent, le nouveau PDG de la société d’État, Jean-François Bergeron, touchera un salaire annuel de base de 450 109 $, un peu plus élevé que sa prédécesseure Lynne Roiter.

C’est ce que révèle le décret de nomination adopté par le Conseil des ministres le 14 avril et rendu public mercredi.

Il y a un an, Loto-Québec avait pris la décision de geler le salaire de ses hauts dirigeants et de ses directeurs pour l’année 2020-2021 « afin de participer à l’effort collectif et d’appuyer ses clients, ses partenaires ainsi que l’ensemble des Québécois touchés par la crise de la COVID-19 ». La rémunération du nouveau patron est aujourd’hui revue à la hausse.

Jusqu’ici à la tête de la Société québécoise du cannabis, Jean-François Bergeron entrera en fonction à Loto-Québec le 31 mai pour un mandat de cinq ans, à la suite du départ à la retraite de Mme Roiter.

Le mandat de cette dernière avait été renouvelé en 2019. Son décret de nomination précisait que son salaire annuel de base s’élevait 414 620 $. Selon le plus récent rapport annuel de Loto-Québec, il se chiffrait à 435 035 $ au 31 mars 2020.

Jean-François Bergeron touchera quant à lui 450 109 $. Le PDG de Loto-Québec gagnera plus que la patronne de la Société des alcools du Québec, Catherine Dagenais (436 492 $). Ils sont parmi les mieux payés de l’État.

Comme pour Mme Roiter, le salaire de M. Bergeron sera « majoré annuellement selon le pourcentage applicable aux cadres dirigeants de la Société », à compter du 1er avril 2022. Et sa rémunération variable ne pourra excéder 15 % de son salaire de base – Mme Roiter a reçu 65 486 $ l’an dernier à ce chapitre. Le patron de Loto-Québec participera au Régime de retraite de l’administration supérieure (RRAS) et à un autre régime de prestations supplémentaires.

Le gouvernement demande au conseil d’administration de la société d’État de mettre en place « un mécanisme de suivi de l’application des présents paramètres ». Il devra ainsi remettre chaque année au secrétaire général associé responsable des emplois supérieurs au ministère du Conseil exécutif – le ministère du premier ministre – « tout document de support ayant servi à fixer la rémunération et les autres conditions de travail du président-directeur général de la Société par le conseil d’administration ».

La pandémie a plombé les finances de Loto-Québec, qui a mis à pied 4000 employés au cours des derniers mois. Ses casinos et ses salons de jeu ont dû fermer. Il reste la vente de billets de loterie et le jeu en ligne. La société d’État a entrepris une restructuration qui a entraîné l’abolition de postes récemment, dont celui de directeur des affaires publiques occupé par Patrice Lavoie depuis six ans.

Cette vache à lait du gouvernement a remis au gouvernement un chèque de 398 millions, près de 1 milliard de moins que l’an dernier.

Guy LeBlanc sur le gril à l’Assemblée nationale

Le patron d’Investissement Québec, Guy LeBlanc, a passé un mauvais quart d’heure en commission parlementaire mercredi. Lors de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Économie, les partis de l’opposition ont mitraillé de questions ce proche du ministre Pierre Fitzgibbon sur la nouvelle politique de rémunération des hauts dirigeants de la société d’État. Le salaire du PDG pourrait doubler et atteindre jusqu’à près d’un million de dollars. M. LeBlanc a expliqué qu’à son salaire de base de 500 000 $ s’ajoutaient une bonification basée sur la performance de 20 % et une autre de 70 % liée à l’atteinte d’objectifs évalués tous les trois ans. C’est la même logique pour les vice-présidents. La probabilité que le maximum soit versé est « relativement faible », a-t-il plaidé. Il faudrait pour cela que chaque membre de l’équipe frappe un « circuit ». « On s’est fait demander en termes d’exportation [d’atteindre] 50 % du PIB. Ça, ça veut dire de 15 à 20 milliards d’exportation de plus. Ce n’est pas rien », a-t-il dit, précisant que son objectif demeure de l’atteindre. Il a ajouté qu’IQ « n’est pas dans une situation de monopole », que la nouvelle politique de rémunération est nécessaire pour « attirer des talents » et que le salaire offert se compare à celui du Fonds de solidarité FTQ, de Desjardins Capital, du Fondaction et de la BDC. Pour le ministre Pierre Fitzgibbon, qui a adopté cette nouvelle politique au moment de nommer M. LeBlanc en 2019, il était impensable de maintenir à un demi-million la rémunération du patron. « On ne va pas à la guerre avec un tire-pois ! », a-t-il lancé. C’est une rémunération « à la hauteur des ambitions du gouvernement en matière de développement économique ».