Une centaine de femmes entrepreneures se sont réunies virtuellement, mardi, pour discuter de récession au féminin et des mesures fédérales facilitant la longue traversée de cette pandémie. L’évènement, animé par la ministre Mélanie Joly, mettait en scène Ruth Vachon, du Réseau des femmes d’affaires du Québec, et Sévrine Labelle, de Femmessor.

« C’est réconfortant d’avoir une conversation entre nous en ces temps difficiles », a lancé en ouverture la ministre Mélanie Joly, ancienne femme d’affaires et féministe, pour qui le réseautage au féminin a toujours été primordial.

« On ne prend pas toutes le temps de s’asseoir et de décortiquer les centaines de pages du budget, mais de le faire ensemble et de se concentrer sur ce que ça peut vraiment donner aux femmes, c’est drôlement intéressant », a renchéri Ruth Vachon, PDG du Réseau des femmes d’affaires du Québec.

Les contrats avant tout

Lorsque la ministre Joly a voulu discuter des mesures de son gouvernement qui étaient les plus efficaces pour aider les femmes d’affaires du Québec à traverser la pandémie et ensuite pour la relance économique, la PDG du Réseau des femmes d’affaires du Québec a ciblé sans équivoque l’augmentation de l’octroi de contrats à des entreprises dirigées par des femmes, qui est passé de 10 à 15 %.

« Ça dit que le gouvernement donne l’exemple. Le fait que le gouvernement se mouille, entre guillemets, plus et décide d’aller de l’avant avec une mesure comme ça donne énormément de crédibilité à l’œuvre qu’on est en train de créer depuis les dernières années », a affirmé Ruth Vachon.

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Ruth Vachon, PDG du Réseau des femmes d’affaires du Québec

« Si les femmes arrivaient en avant de leur banquier les poches pleines de contrats, probablement que le financement serait pas mal moins difficile à obtenir », a illustré la PDG du Réseau des femmes d’affaires du Québec.

Mélanie Joly a renchéri en parlant d’un sceau de confiance pour ces entreprises qui obtiennent des contrats, conjugué à l’assurance d’être payées.

« Il faut toujours faire en sorte qu’on respecte nos attentes de libre-échange, parce que c’est toujours ça l’enjeu, mais on est capables pour des raisons de soutien à l’entrepreneuriat féminin, on est capables de le faire », a expliqué la ministre lors d’un entretien en marge de la conférence.

Être accompagné par des experts

L’accompagnement a aussi été mentionné. Au cours de la dernière année, 2400 femmes entrepreneures ont reçu le soutien de Femmessor, dont 1500 de façon individuelle avec un diagnostic du niveau de croissance et des conseils pour l’accentuer.

« Depuis 2019, depuis l’appui de DEC [Développement économique Canada], on a pu renforcer de façon significative nos services d’accompagnement. Parce que l’accompagnement était dédié seulement aux entrepreneures qui recevaient du financement. Avec l’appui de DEC, on a pu élargir nos services d’accompagnement », a souligné Sévrine Labelle, PDG de Femmessor.

C’est justement cet accompagnement qui a permis à l’entreprise de la Québécoise d’origine colombienne Andrea Gomez d’obtenir une croissance de 500 % en 2020, malgré la pandémie. L’accompagnement d’experts de Femmessor l’a aidée à changer du jour au lendemain le modèle d’affaires d’Omy Laboratoires, qui offre des soins de la peau sur mesure à l’aide de l’intelligence artificielle.

« Notre modèle d’affaires provenait à 50 % des ventes physiques et 50 % du web. On a dû transférer l’investissement qu’on voulait faire, toute la planification de ventes vers le web pour continuer à garder nos emplois », a expliqué l’entrepreneure, qui se dit fière d’avoir embauché 86 % de femmes et 30 % d’immigrants.

C’est aussi du financement de DEC par l’entremise de Femmessor qui lui a permis de lancer son entreprise, et un tout nouvel apport financier d’un demi-million l’aidera à commercialiser ses produits à l’international.