Le bras immobilier de la Caisse de dépôt vise la neutralité carbone en 2040 ce qui se traduit dans l’immédiat par un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35 % d’ici 2025 par rapport à son niveau de 2017.

Ivanhoé Cambridge (IC) investira 75 millions par an d’ici 2025 dans son portefeuille existant pour abaisser l’intensité carbone de son portefeuille. Depuis 2017, IC soutient avoir réduit ses émissions de GES de 20 %. Les efforts visent donc à réduire les émissions d’un 15 % additionnel au cours des quatre prochaines années.

Ivanhoé possède quelque 1000 immeubles à travers le monde. Le secteur de l’immobilier et de la construction, rappelons-le, représente près de 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

« On pense qu’il est important de bien positionner la relance verte, dit dans un entretien à La Presse la patronne d’Ivanhoé Cambridge Nathalie Palladitcheff. Il faut tirer des leçons de cette pandémie. Il y a beaucoup de choses difficiles qu’on a dû subir. C’est une façon de ne pas subir et de préparer la suite. On est à un moment de l’histoire technologique de notre industrie qui fait qu’il est réaliste et lucide d’avoir des objectifs aussi ambitieux. »

Utiliser des énergies propres

Le propriétaire foncier cherchera d’abord à consommer de l’énergie produite à partir de sources renouvelables. Quand le contexte le permettra, elle envisage même d’installer des panneaux solaires sur ces propriétés.

Comme geste pouvant être posé, Mme Palladitcheff a donné l’exemple de l’Édifice Jacques-Parizeau (le bureau de la Caisse à Montréal) qui utilise le gaz naturel, une énergie fossile, pour le chauffage. Pour compenser, Ivanhoé a acheté de l’énergie éolienne auprès du parc éolien Gros-Morne, à Gaspé.

Le volet « énergie décarbonée » devrait contribuer à plus de 25 % de l’objectif. « Nous estimons également à 30 % la part de notre objectif qui sera atteinte grâce aux efforts de transition énergétique des fournisseurs d’électricité, qui décarbonent leurs réseaux », précise l’investisseur dans un communiqué qui a paru mardi matin.

Efficacité énergétique

Autre axe de la stratégie déployée, Ivanhoé misera sur l’efficacité énergétique. « Comme on dit souvent : la meilleure énergie est celle que l’on n’utilise pas », dit-elle. Les outils technologiques, comme des capteurs, existent désormais pour mesurer et optimiser la performance énergétique des immeubles et Ivanhoé compte bien en profiter. La société foncière travaillera aussi sur la consommation d’eau, la gestion des déchets et des matériaux. L’amélioration de la performance énergétique de ses principaux actifs devrait contribuer à plus de 20 % de notre objectif.

Le troisième axe de la stratégie consiste à partir de 2025 d’acquérir et de construire des immeubles qui émettent très peu de GES, qui sont « bas-carbone », selon l’expression consacrée. Quelque 20 % de la cible sera atteinte de cette façon.

Malgré cet engagement fort, la filiale de la Caisse ne paraît pas prête immédiatement à s’engager à utiliser davantage la pierre naturelle comme matériaux de revêtement au détriment du fameux mur-rideau de verre qui n’est généralement pas une merveille d’efficacité énergétique.

La société québécoise Polycor, plus important propriétaire de carrières en Amérique du Nord, mise justement sur le virage énergétique de l’industrie du bâtiment pour assurer sa prospérité. Des villes comme New York prônent un retour à ce genre d’« âge de pierre » dans le cadre de son virage vert.

> (Re)lisez notre article sur l’utilisation de la pierre naturelle dans l’immobilier

Si elle est restée silencieuse sur l’utilisation de la pierre naturelle, Mme Palladitcheff a tenu à parler de l’utilisation du bois architectural dans la construction du campus ARBORETUM dans le quartier Nanterre-La Défense à Paris. Il est construit en bois massif en provenance de la Finlande. L’approvisionnement en bois du Québec était ardemment souhaité par la présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé, mais a été impossible à mettre en place jusqu’à maintenant, s’est-elle excusée.

Finalement, Ivanhoé Cambridge augmentera ses investissements sobres en carbone de plus de 6 milliards d’ici 2025 par rapport à 2020. Depuis 2017, les investissements sobres en carbone de la société ont déjà progressé de près de 200 %, soit de 14,6 milliards au 31 décembre 2020.

Ivanhoé a un actif d’une valeur qui dépasse les 60 milliards de dollars.