Le marché des bureaux de la région montréalaise souffre du coronavirus, et son état continue de se dégrader. Les locaux mis en sous-location dans l’ensemble de la région dépassent maintenant les 2 millions de pieds carrés, niveau atteint il y a 20 ans pour la dernière fois, souligne l’agence immobilière JLL dans une récente étude de marché.

Pour donner une idée de la superficie en jeu, 2 millions de pieds carrés, c’est l’équivalent de deux tours comme le 1000, De La Gauchetière, à Montréal. Avant la pandémie, il y avait pour 160 000 pieds carrés en sous-location dans le centre-ville.

Les sous-locations sont des locaux dont le locataire principal n’a plus besoin et dont il veut se défaire en les remettant sur le marché à un loyer alléchant.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain ne baisse pas les bras devant les difficultés. Elle est derrière l’initiative de créer une sorte d’Airbnb pour bureaux. Il s’agit d’une plateforme virtuelle pour mettre en contact les entreprises qui ont des locaux en trop et celles qui voudraient s’installer au centre-ville, mais qui n’en avaient pas les moyens avant la pandémie.

Après un an de pandémie toutefois, les symptômes de la COVID-19 ne se limitent plus aux locaux offerts en sous-location.

Réduction des bureaux de 15 % à 30 %

« Des stratégies d’optimisation des bureaux de l’ordre de 15 % à 30 % sont actuellement adoptées dans l’ensemble de la région montréalaise pour réduire l’empreinte des bureaux », fait observer Daniel Goodman, de Jones Lang LaSalle (JLL). « On s’attend à ce que ces facteurs contribuent à une augmentation significative du taux de disponibilité et exercent une pression à la baisse sur les loyers nets affichés. »

Au centre-ville, de loin le secteur le plus touché par la crise sanitaire, le taux d’inoccupation des bureaux s’élève maintenant à 12,1 %, indique l’agence Devencore dans une étude publiée en mars. Au troisième trimestre 2020, le taux s’établissait à 10,7 %.

Ce sont les secteurs de la Cité du Multimédia et de l’avenue McGill College qui sont le plus touchés. Dans le faubourg des Récollets, c’est presque la moitié des bureaux qui sont actuellement inoccupés. Sur McGill College, c’est un bureau sur cinq. Les bureaux plus vieux sont davantage délaissés que les bureaux modernes.

« Nous prévoyons que les sous-locations et les disponibilités vont continuer à augmenter au centre-ville dans la prochaine année », anticipe Devencore.

Malgré toutes ces mauvaises nouvelles, le marché des bureaux de la région de Montréal figure au sixième rang des grandes villes du Canada et des États-Unis affichant les taux d’inoccupation les plus bas, souligne JLL.

Dans le contexte, les nouveaux baux se font rares dans le bureau ; les transactions d’immeubles également. Ça bouge davantage dans les autres catégories d’actifs. Par exemple, Joe Rullier, de l’agence Colliers, a vendu un portefeuille de 70 immeubles regroupant 2242 logements répartis dans les villes de l’Ouest-de-l’Île. Banvest est l’acheteur et RAAMCO, du New Jersey, est le vendeur dans cette transaction de 300 millions de dollars.

Dans un entretien avec La Presse, M. Rullier, ancien hockeyeur professionnel, a dit s’attendre à des transactions dans le secteur multirésidentiel, de même que dans les centres commerciaux et dans l’industriel en 2021.

L’équipe de JLL Marchés des capitaux, menée par Mark Sinnett, vient d’ailleurs de conclure la vente d’un entrepôt de 366 000 pieds carrés au 3055, rue Anderson, à Terrebonne. L’acheteur est le fonds de placement immobilier Dream.