Après avoir investi 150 millions pour faire avancer leur projet, les promoteurs de GNL Québec sont toujours aussi convaincus de sa nécessité pour réduire l’utilisation du charbon dans le monde.

« Je suis confiant pour la suite », a affirmé Tony Le Verger, président par intérim de GNL Québec, lors d’un entretien avec La Presse.

Avec la publication imminente du verdict du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le moment de vérité approche pour le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de Saguenay, qui suscite énormément d’opposition.

Tony Le Verger estime que c’est davantage « un moment important » que le moment de vérité pour cet investissement de 9 milliards. « Ce sera probablement un rapport mitigé, et tout projet peut toujours être amélioré », dit-il.

PHOTO ROCKET LAVOIE, ARCHIVES LE QUOTIDIEN

Tony Le Verger, président par intérim de GNL Québec

Selon lui, malgré l’opposition des environnementalistes et la décision du Parti libéral du Québec de retirer son appui, le projet jouit toujours d’un appui majoritaire de la communauté locale.

Des gens d’affaires de la région se sont d’ailleurs cotisés pour investir ensemble 2 millions dans le projet, a-t-il rappelé. Ça ne pèse pas lourd dans un projet de plusieurs milliards de dollars, « mais c’est un signal important pour les investisseurs étrangers », soutient celui qui assure l’intérim depuis le départ du président Pat Fiore en novembre dernier.

On a toujours une base très solide d’investisseurs intéressés par le projet. Les fondamentaux de la demande n’ont pas changé.

Tony Le Verger

La demande de GNL devrait doubler d’ici 2040, et cette perspective a généré plusieurs projets de liquéfaction et d’exportation de gaz naturel liquide semblables à celui de GNL Québec en Amérique du Nord.

Ces projets ne se réaliseront pas tous. La semaine dernière, le géant Chevron a annoncé qu’il mettait sur pause son projet de GNL de Kitimat, en Colombie-Britannique, après avoir tenté en vain de vendre sa participation. Comme GNL Québec, LNG Kitimat s’annonçait comme la première usine de liquéfaction alimentée en énergie renouvelable au monde.

Les projets qui verront le jour seront ceux qui pourront se démarquer, affirme Tony Le Verger. L’engagement de GNL Québec d’être carboneutre grâce à l’hydroélectricité québécoise « nous permet de nous différencier ».

Pour des pays qui dépendent de la Russie ou du Qatar pour leur approvisionnement en énergie, le GNL du Canada est intéressant, selon lui.

Le tour du monde

Le marché cible de GNL Québec est surtout l’Asie. Le gaz naturel de l’Ouest passerait par l’est du pays pour retourner en bateau vers l’Asie. Ce tour de monde se justifie, selon le promoteur. « Le gazoduc existe déjà [jusqu’à la frontière du Québec et de l’Ontario] et il y a déjà un port en eau profonde [au Saguenay]. Il faut prendre tout ça en considération et ce qui compte, c’est le prix du gaz livré au client. »

Par comparaison, les autres projets de GNL exigent la construction de gazoducs à travers les montagnes Rocheuses, précise-t-il. L’usine de liquéfaction de gaz naturel dépend du prolongement du gazoduc de la frontière entre le Québec et l’Ontario jusqu’à Saguenay. Ce projet, baptisé Gazoduq, exige un investissement de quelque 5 milliards. Le coût total du projet de 14 milliards, s’il se réalise, en ferait le plus important investissement privé de l’histoire du Québec.

Le projet de construction du gazoduc de 750 kilomètres dans le nord de la province est moins avancé que le projet d’usine, mais il progresse, indique Marie-Christine Demers, porte-parole de Gazoduq. « On est au stade de l’étude d’impact à finaliser », précise-t-elle.

Le projet de Gazoduq doit ensuite faire l’objet d’un examen conjoint par le gouvernement fédéral et celui du Québec. « L’usine de liquéfaction est plus longue à construire que le gazoduc, ce qui fait que les deux projets arriveront en même temps », a fait savoir la porte-parole.

GNL Québec et Gazoduq affirment que leur projet générera 1100 emplois directs et indirects permanents dans la région.

GNL QUÉBEC

PROMOTEURS

Freestone International Jim Illich, ancien dirigeant de Bechtel, qui a lancé sa firme d’investissement Breyer Capital Jim Breyer, firme d’investissement qui a participé à la naissance de Facebook

ÉNERGIE SAGUENAY

Une usine de liquéfaction, trois réservoirs de stockage et un terminal maritime
Investissement : 9,5 milliards

GAZODUQ

Une conduite souterraine de 750 km entre la frontière avec l’Ontario en Abitibi-Témiscamingue et Saguenay
Investissement : 5 milliards