Tandis que les débardeurs du port de Montréal voteront dimanche sur l’offre patronale que leur syndicat a reçue vendredi dernier, plusieurs représentants d’industries qui dépendent des activités portuaires craignent des perturbations si les deux parties n’arrivent pas à s’entendre après sept mois de trêve.

Le vote de dimanche coïncide avec la dernière journée d’une trêve négociée l’été dernier entre le syndicat des débardeurs, affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), et l’Association des employeurs maritimes (AEM), qui représente les entreprises exerçant leurs activités dans le port de Montréal.

Il n’a pas été possible de prendre connaissance du contenu de l’offre qui sera soumise au vote, dont les débardeurs doivent recevoir une copie d’ici jeudi. Ni le syndicat ni l’AEM ne communiquent avec les médias sur l’avancement des négociations afin de respecter les conditions de la trêve.

L’incertitude liée à la possibilité d’un nouveau débrayage inquiète les représentants d’entreprises dont les activités sont liées au bon fonctionnement du port.

Inquiétudes

Mardi, l’Association du camionnage du Québec (ACQ), la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) ont cosigné une lettre adressée à la ministre fédérale du travail, Filomena Tassi, lui demandant d’agir afin que le conflit de travail se règle rapidement.

« Avec l’année qu’on a eue, les manufacturiers n’ont pas besoin d’une autre crise », explique Véronique Proulx, PDG de MEQ. Elle rappelle que de nombreux manufacturiers étaient passés bien près de devoir arrêter leur production lors de la grève de 12 jours au mois d’août dernier.

« Ça a un impact sur l’importation de matières premières et de composantes, mais aussi sur l’exportation », poursuit-elle. Plusieurs de ses membres ont déjà fait rediriger leurs conteneurs vers d’autres ports, notamment celui d’Halifax.

Selon Marc Cadieux, PDG de l’ACQ, le déplacement des livraisons vers d’autres ports de la côte Est menace non seulement des emplois dans son industrie, mais entraîne une augmentation des coûts et risque de faire diminuer la confiance des entreprises et des armateurs envers le port de Montréal.

« La dernière grève a coûté très cher en réorganisation. Ça a créé des augmentations de coût d’exploitation considérables, poursuit M. Cadieux. Ça a pris de six à huit semaines pour rétablir le cours normal des choses. »

Au ministère du Travail, le cabinet de Filomena Tassi a bien reçu les doléances des industriels inquiets. « Le gouvernement garde un intérêt spécial dans cette négociation, qui dure depuis deux ans et demi, a dit Lars Wessman, directeur des communications. Les deux parties sont encore en train de discuter. Ce sont elles qui mènent les discussions. »

Les trois médiateurs dépêchés par le gouvernement fédéral accompagnent toujours syndicat et patronat dans leurs négociations.

Les deux parties sont également en attente d’une décision du Conseil canadien des relations industrielles, qui doit déterminer si le syndicat a fait preuve de mauvaise foi lors des négociations.

La décision devrait tomber rapidement, a confié une source proche des négociations.