Si la phrase de l’année 2020 était « enlève le mute », celle de 2021 sera pour plusieurs : « c’est B. O. » (en rupture de stock).

Depuis maintenant presque un an, les individus comme les entreprises ont de nouvelles préoccupations en tête : est-ce que mon restaurant préféré sera toujours ouvert la semaine prochaine ? Est-ce que mon fournisseur sera en mesure de me livrer ma commande à temps ? Ce qui était au bas de la liste des tracas remonte maintenant sur le dessus.

Le « Just In Time », l’industrie 4.0 et les ententes commerciales internationales nous permettaient de faire des prouesses logistiques et d’atteindre des niveaux d’efficience de plus en plus élevés (lire ici : avantage concurrentiel). Certains secteurs de l’économie doivent maintenant « mettre sur pause » cette dynamique pour se concentrer sur l’essentiel : ne manquer de rien.

Disons-le, la COVID-19 semble avoir créé une tempête économique parfaite. Les mesures sanitaires qui diminuent les capacités d’extraction, de production et de transport accouplés aux mesures de type « stimulus » de la part des gouvernements génèrent une forte pression sur la chaîne logistique. D’un côté, on stimule la demande et de l’autre, l’offre est ralentie !

En tant que consommateurs, les mesures sanitaires ont modifié (temporairement ?) nos habitudes. Notre dollar-loisir est maintenant disponible à d’autres fins comme l’achat de biens matériels ou de maisons, par exemple ! Qui aurait pu prédire qu’au Québec, en 2020, avec six semaines de pause, on dépasserait de 8 % le nombre (record !) de mises en chantiers résidentielles de 2019 ?

D’un autre côté, d’importants manufacturiers annoncent à tour de rôle des augmentations de prix inhabituelles ainsi que des reports des délais de livraison. Tous dû à la combinaison de congestion dans les terminaux de conteneurs ainsi qu’à la rareté grandissante de certaines matières premières. Et, cerise sur le sundae, une tempête de neige et des froids sibériens paralysent les usines de production de résine plastique du Texas !

À court terme, les distributeurs tentent par tous les moyens de sécuriser des inventaires et de trouver des prix raisonnables pour leurs clients. Bien que leur rôle dans la chaîne d’approvisionnement se voit maintenant de plus en plus sollicité, leur capacité à livrer la marchandise s’en retrouve d’autant réduite.

À long terme, après un retour à une « nouvelle normale », il faudra voir à renforcer certains maillons de la chaîne logistique, ou à les contourner. Devra-t-on accroître la capacité de nos terminaux de conteneurs et de nos entrepôts ? Ou bien rapprocher les sites de production des pôles de demande ? Quelle sera la prochaine contrainte majeure à notre activité économique ? On a parlé d’autonomie alimentaire, est-ce qu’on peut aussi parler d’autonomie logistique ? Un beau défi attend nos entrepreneurs et nos gouvernements dans l’économie de demain.