Montréal est confiné depuis le début de l’année pour lutter contre la COVID-19. Et pourtant, l’année 2021 s’annonce faste en tournages étrangers dans les studios de MELS et de MTL Grandé situés dans la métropole. Au point que le Québec pourrait connaître la meilleure année de son histoire en tournages étrangers, selon les premières estimations du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ).

« Nous avons le potentiel d’avoir une année de 400 millions [de dollars en 2021], ce qui n’est jamais arrivé. On n’est jamais [complètement] à l’abri, mais nos protocoles sanitaires fonctionnent. Le reste de l’Amérique le voit et le comprend bien. S’il n’y a pas d’incident supplémentaire et si les variants ne viennent pas changer la donne, on pourrait briser le plafond de 400 millions », dit Pierre Moreau, PDG du BCTQ, l’organisme responsable des tournages étrangers et de l’industrie des effets visuels au Québec.

Le record de dépenses en tournages hollywoodiens et étrangers au Québec : 399 millions en 2002-2003.

Malgré la COVID-19, Pierre Moreau a plusieurs raisons d’être optimiste pour 2021. Premièrement, il n’y a pas eu d’éclosion de coronavirus dans les studios de cinéma au Québec depuis la reprise des tournages étrangers en septembre, notamment en raison de protocoles sanitaires très stricts. Et deuxièmement, après un automne presque à pleine capacité, Montréal continue d’attirer beaucoup de projets de tournages étrangers en ce début d’année 2021.

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Pierre Moreau, PDG du BCTQ

La ville est d’ailleurs sur le point de s’entendre pour accueillir une mégaproduction hollywoodienne qui pourrait dépenser jusqu’à 200 millions de dollars au Québec en 2021. Si le contrat est signé dans les prochaines semaines, c’est le genre de tournage qui pèse lourd dans la balance à la fin de l’année. « Je suis extrêmement optimiste, dit Pierre Moreau. Ça s’annonce bien. » Le tournage en question commencerait au printemps.

Plusieurs tournages étrangers sont à Montréal depuis le début de l’année. L’équipe de la superproduction hollywoodienne Moonfall, du réalisateur Roland Emmerich, continue de travailler après avoir vu son tournage interrompu par la COVID-19 en 2020. Moonfall aura dépensé plus de 100 millions de dollars au Québec en deux ans. Les séries télé américaines Republic of Sarah, The Bold Type et The Moodys tournent aussi à Montréal actuellement. « Un peu comme l’an dernier [en 2020], on a eu un super départ », dit Pierre Moreau.

189 millions en six mois en 2020

En 2020, les tournages étrangers ont dépensé 189 millions au Québec, selon les chiffres du BCTQ. L’année précédente, sans coronavirus, ils avaient dépensé 360 millions. Par contre, ce montant de 189 millions en 2020 a été dépensé en six mois puisque tout a été arrêté à cause de la COVID-19 de mars à la fin d’août. À ce rythme, on parle d’environ 380 millions sur une année complète, soit davantage qu’en 2019 et sensiblement le même volume de contrats qu’en 2017 (383 millions) et en 2018 (378 millions).

Les producteurs étrangers reçoivent un crédit d’impôt provincial de 20 % pour les tournages étrangers. Pour l’année 2020, ce crédit d’impôt devrait donc coûter environ 37,8 millions au trésor public québécois.

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L’un des studios MELS à Montréal

390 millions en effets visuels

Comme les tournages étrangers, l’industrie québécoise des effets visuels a aussi vu son chiffre d’affaires diminuer l’an dernier en raison de la COVID-19. D’un sommet de 622 millions en 2019, il est passé à 390 millions en 2020.

L’explication est simple : les contrats d’effets visuels proviennent pour la plupart des studios de cinéma et de la télévision. Si les tournages arrêtent, les contrats arrêtent eux aussi par la suite. « Les pipelines étaient pleins jusqu’à l’été [2020]. Là, ils connaissent un automne difficile, et un hiver plus difficile. La reprise est lente. Mais à compter de septembre 2021, les pipelines sont à nouveau remplis », dit Pierre Moreau. Avec un peu de chance, à la fois sur les plans sanitaire et économique, l’industrie québécoise des effets visuels pourrait générer un chiffre d’affaires supérieur à 600 millions en 2021.

Environ 390 millions de dollars de contrats en une année, c’est davantage que ce que l’industrie québécoise des effets visuels a réalisé en 2017 (262 millions). Avant la pandémie et depuis 2017, le chiffre d’affaires des effets visuels au Québec montait en flèche. En 2023, le BCTQ a comme objectif que l’industrie québécoise des effets visuels décroche des contrats totalisant 750 millions.

Les producteurs étrangers reçoivent un crédit d’impôt provincial de 36 % pour leurs dépenses en effets visuels effectuées au Québec. Pour l’année 2020, ce crédit d’impôt devrait donc coûter environ 140,4 millions au Trésor public québécois.

L’an dernier, les entreprises québécoises ont aussi réalisé pour 159 millions de dollars de contrats de films d’animation, comparativement à 193 millions en contrats en 2019.