(Bruxelles) Bruxelles a dit « regretter » l’entrée en vigueur mardi de nouvelles taxes américaines sur certains produits européens dans le cadre du vieux litige entre Boeing et Airbus qu’elle espère solder avec l’arrivée prochaine du président Joe Biden.

« Nous regrettons que les États-Unis aient choisi d’ajouter d’autres produits de l’UE à leur liste de représailles », a déclaré mardi une porte-parole de la Commission européenne.

L’exécutif européen se dit « impatient » de s’engager « de manière constructive avec la nouvelle administration américaine pour résoudre ce différend de longue date dans le cadre d’un programme transatlantique renouvelé », a-t-elle insisté.

Les nouveaux droits de douane de Washington, annoncés en fin d’année, visent des produits français et allemands : +25 % sur les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et +15 % sur certaines pièces aéronautiques.

Ils entrent en vigueur à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, pendant lequel les relations commerciales des États-Unis avec l’UE se sont profondément détériorées.

Ces taxes s’ajoutent à celles imposées depuis 2019 sur des produits européens (vin, fromage, huile d’olive, whisky) et sur les avions d’Airbus.

L’administration Biden « aura les mains libres pour négocier » avec l’UE, ont espéré les producteurs de cognac par la voix du directeur général de leur interprofession (BNIC), Raphaël Delpech.

« Nous espérons que le gouvernement français, l’Union européenne trouveront les moyens d’engager une discussion extrêmement rapide avec cette nouvelle administration pour […] arriver au moins à sortir nos produits de ce mauvais pas et suspendre les droits actuellement appliqués », a déclaré à l’AFP Nicolas Ozanam, directeur général de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux en France (FEVS).

« Les sujets ne seront pas réglés le 21 janvier du fait de l’arrivée de M. Biden », a-t-il toutefois averti, soulignant l’urgence de la situation, les entreprises perdant de la trésorerie et risquant de perdre des parts du premier marché mondial, avec « potentiellement plus d’un milliard d’euros de pertes pour le secteur ».

Une coalition de 21 organisations commerciales américaines, britanniques et européennes du secteur des vins et spiritueux a appelé les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni « à retourner à la table des négociations sans délai » pour « suspendre immédiatement ces taxes ».

Une soixantaine d’eurodéputés ont par ailleurs envoyé un courrier mardi à la Commission européenne pour réclamer un fond de compensation pour « les pertes subies par les secteurs agroalimentaires ».

L’application des nouvelles taxes est « contreproductive » et « ne contribue pas à créer un climat de confiance pour trouver une solution négociée », a estimé pour sa part Airbus, qui fait « confiance » à l’Europe pour défendre ses intérêts.

Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’UE et les États-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales, dans le conflit commercial le plus long traité par le juge de paix des échanges mondiaux.

Les États-Unis ont été autorisés fin 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l’OMC.

Dans une décision miroir un an plus tard, l’institution a autorisé l’UE à mettre en place des taxes sur des produits importés des États-Unis. L’UE impose depuis des droits de douane sur 4 milliards de dollars d’exportations américaines.