Avec l’annonce de Québec, qui donne un coup de pouce financier au secteur touristique en accordant une somme 65,5 millions, dont la plus grande partie, 38 millions, sera consacrée au secteur de l’hébergement, c’est un peu comme célébrer « Noël avant le temps » pour les représentants de l’industrie.

Ces mesures d’aide ne doivent toutefois pas s’arrêter là, puisque les sommes annoncées sont loin de couvrir les pertes encourues depuis les débuts de la crise, rappellent les hôteliers.

« C’est un rayon de soleil dans notre journée, mais il va falloir ajouter des rayons au fur et à mesure que le temps va passer », a illustré Xavier Gret, président directeur général de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ), à la suite de l’annonce de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, mercredi.

« Ce qu’on remarque, dans cette aide gouvernementale, c’est qu’on a eu de l’écoute au niveau de l’aide directe. C’est de l’argent qui va rentrer dans notre poche directement, ce ne sont pas des prêts. Mais c’est sûr que dans la durée, on va avoir besoin de plus. »

Ainsi, les pourvoiries, les gîtes et les hôtels comptant entre 4 et 299 chambres pourront recevoir de l’aide directe jusqu’à hauteur de 200 000 $ par établissement. Pour y avoir droit, ils devront « démontrer une baisse d’au moins 30 % de leur taxe sur l’hébergement pour les deuxième et troisième trimestres de 2020 sur 2019 », a expliqué la ministre Proulx lors de son point de presse. Ils pourront ainsi recevoir « une subvention qui va couvrir 100 % de l’écart de la taxe sur l’hébergement entre les deux périodes de référence ». La taxe d’hébergement représente une somme de 3,5 % du prix d’une nuitée. Rappelons que près de 96 % des hôtels au Québec offrent 200 chambres ou moins.

Les établissements à grande capacité n’ont pas été oubliés, a assuré la ministre. « Vos entreprises nécessitent des mécanismes de soutien adaptés à votre réalité », a-t-elle ajouté en s’adressant aux propriétaires des hôtels de plus de 300 chambres. Sur ce dossier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, devrait faire une annonce sous peu.

Aide aux grands centres

Par ailleurs, le gouvernement viendra aussi en aide aux grands centres touchés par la pandémie avec une enveloppe de 17 millions. « Le Québec dispose de trois portes d’entrée touristiques : Montréal, Québec et l’Outaouais, a rappelé Mme Proulx. Ces trois régions totalisent 60 % des dépenses touristiques réalisées sur le territoire québécois. Elles sont davantage dépendantes du tourisme international, du tourisme d’affaires et du tourisme corporatif que d’autres régions. »

Sans donner de détails sur la forme que prendront ces investissements, la ministre a indiqué qu’ils serviraient au « maintien de nos actifs touristiques stratégiques » et à la « revitalisation des centres-villes ».

Tourisme Montréal s’est réjoui de cette mesure.

C’est Noël avant l’heure. On était vraiment inquiets. La lumière tend à apparaître.

Manuela Goya, vice-présidente développement de la destination et affaires publiques chez Tourisme Montréal

Les festivals, les attraits touristiques et les croisières sont autant de dossiers que Tourisme Montréal souhaite consolider.

Rassemblements de 250 personnes

Par ailleurs, un arrêté ministériel du 22 octobre permettant les rassemblements jugés essentiels d’un maximum de 250 personnes même en zone rouge a semé la confusion lorsqu’il a été ramené sur le tapis par des journalistes à l’occasion du point de presse de la ministre Proulx.

Or, son cabinet a tenu à préciser peu de temps après que le gouvernement permettrait la location de salles dans les hôtels « pour des activités organisées nécessaires et même essentielles à la poursuite des activités s’inscrivant dans le cadre de l’exploitation d’une entreprise ou de celles d’un établissement d’enseignement, d’un tribunal, d’un arbitre, d’une association de salariés, de professionnels, de cadres, de hors-cadres ou d’employeurs, d’un poste consulaire, d’une mission diplomatique, d’un ministère ou d’un organisme public ». Les rassemblements festifs ne sont donc pas permis.

De son côté, l’Association des professionnels de congrès du Québec (APCQ) a envoyé un courriel à ses membres afin d’éviter une mauvaise compréhension de l’arrêté. « Un premier aspect important à considérer est qu’aucune activité de nature événementielle ou sociale ne peut y être exercée », a écrit Gilber Paquette, directeur général de l’APCQ.

Aucune activité liée au tourisme d’affaires ne peut avoir lieu. Cela inclut les congrès, les réunions d’entreprises non essentielles et qui peuvent se dérouler en mode virtuel, les expositions commerciales et les voyages de motivation.

Gilber Paquette, directeur général de l’APCQ

« Les activités organisées nécessaires et même essentielles à la poursuite des activités s’inscrivant dans le cadre de l’exploitation d’une entreprise sont, par exemple : la tenue d’un conseil d’administration qui ne peut se tenir autrement qu’en mode présentiel, la tenue de mission diplomatique, les délibérations d’un jury. »

À ce sujet, Ève Paré, présidente directrice générale de l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), rappelle qu’un hôtel demeure un endroit sécuritaire pour tenir ce genre d’évènements.

« Mais ce n’est pas ça qui va générer de la demande et qui va nous permettre de remplir nos hôtels. »

Aide totale de 65,5 millions

– 38 millions pour les établissements d’hébergements qui ont entre 4 et 299 chambres

– 17 millions pour soutenir Montréal, Québec et la région de l’Outaouais, considérés comme les portes d’entrée touristiques

– 5 millions pour faire la promotion touristique sur les marchés québécois et à l’extérieur afin de préparer la relance

– 2,5 millions pour la relance du tourisme d’affaires à Montréal

– 3 millions pour aider à contrer les effets de la pandémie sur la main-d’œuvre en tourisme