« On pourrait être un fleuron » en la matière, dit-il

Contre toute attente, la décision d’Hydro-Québec de reconsidérer sa décision de relier les Îles-de-la-Madeleine à son réseau au moyen d’un câble sous-marin est bien accueillie sur place.

« On est bien heureux de ça », affirme le maire des Îles, Jonathan Lapierre. Selon lui, Hydro-Québec a une belle occasion de faire de l’archipel une première communauté entièrement autonome en énergie au Canada.

« On pourrait être un fleuron et un exemple d’autonomie énergétique », estime Jonathan Lapierre.

À la mi-juillet, Hydro-Québec a annoncé qu’elle devait reconsidérer sa décision prise il y a deux ans d’alimenter les Îles-de-la-Madeleine en électricité en installant un câble sous-marin entre Percé et Cap-aux-Meules, en raison du coût trop élevé de cette solution.

« Nous anticipons une augmentation de coûts assez importante pour que nous prenions le temps de mettre à jour nos connaissances sur les autres options », a fait savoir Hydro-Québec, qui affirmait en même temps que le câble « demeur[ait] l’option privilégiée ».

(Re)lisez notre texte sur l’annonce d’Hydro-Québec

Les autres options offrent un potentiel plus intéressant que le câble pour le développement économique et la création d’emplois aux Îles, estime le maire, qui évoque une combinaison d’éolien, de solaire et de stockage d’énergie pour assurer l’approvisionnement en électricité.

Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine, quant à lui, ne voit pas quelle autre option pourrait assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité. « Le solaire et l’éolien nous ont toujours été présentés comme complémentaires à une source d’énergie principale », a-t-il souligné récemment lors d’un entretien avec La Presse.

Le député et le maire des Îles ne sont pas sur la même longueur d’onde à ce sujet. Le maire ne voit aucun problème à assurer l’approvisionnement en électricité avec des sources d’énergie intermittentes comme l’éolien ou le solaire. La centrale au mazout, qui alimente actuellement la communauté de 12 000 habitants en électricité, pourrait être conservée et convertie au gaz naturel liquide pour servir de police d’assurance, en réserve des sources d’énergie intermittentes, selon lui.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

On nous dit que le câble est ce qu’il y a de plus fiable, mais c’est parce que c’est ce qu’ils [Hydro-Québec] connaissent.

Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

Si Hydro-Québec décide au terme de sa réflexion d’installer le câble de 225 kilomètres pour amener l’électricité aux Îles, « on ne s’y opposera pas, mais on est rendus ailleurs », affirme le maire.

Le projet de câble d’Hydro-Québec devait régler un autre problème, celui du réseau de télécommunications fragile de l’archipel. De nouveaux câbles de télécommunications devaient être installés en même temps que le lien sous-marin, prévu pour être fonctionnel en 2025.

Les deux câbles optiques qui permettent aux Madelinots de communiquer par téléphone et d’utiliser l’internet ont déjà fait l’objet de trois bris majeurs. Lors de l’évènement le plus récent, à l’automne 2018, un câble a été sectionné lors d’une tempête et le deuxième câble, qui devait prendre la relève, est tombé en panne. L’archipel a été coupé du monde pendant des heures.

Le problème du réseau de télécommunications peut être réglé autrement et pour bien moins cher, affirme le maire Lapierre. Installer un nouveau câble de télécommunications coûterait une fraction du coût prévu pour le projet d’Hydro-Québec, d’après lui.

Hydro-Québec estimait le coût préliminaire du projet de câble sous-marin à 606 millions. De nouvelles études « montrent que les fonds et les courants marins ont considérablement changé au fil des ans et que l’érosion des berges s’est accélérée », ce qui fait grimper le coût du projet, selon la société d’État.