Deux douzaines de gestionnaires de l’opérateur portuaire Termont ont été physiquement pris à partie, mercredi soir, par plus d’une cinquantaine de débardeurs en grève. Le syndicat condamne le geste, mais l’explique par la provocation de l’employeur.

L’incident, durant lequel certains gestionnaires ont reçu des coups ou se sont fait voler leur portefeuille ou leur téléphone selon l’employeur, est survenu dans un stationnement intérieur du Parc olympique. Les gestionnaires avaient été invités par leur employeur à y laisser leur voiture avant d’être emmenés au travail dans des fourgonnettes, en compagnie d’agents de sécurité.

Ce mécanisme a été mis en place mardi, deuxième jour de la grève, après que les gestionnaires aient mis environ 90 minutes à être capables de sortir de leur stationnement régulier au terme de leur journée de travail de lundi, en raison de l’intervention des syndiqués.

Au moment de revenir à leur voiture, vers 19 h mercredi soir, en compagnie de « 7 ou 8 » agents de sécurité, les 24 gestionnaires ont vu « de 50 à 80 syndiqués, dont au moins deux membres de l’exécutif », sortir de leur propre voiture et s’approcher, selon le président de l’Association des employeurs maritimes (AEM), Martin Tessier.

Toujours selon M. Tessier, certains de ces syndiqués tenaient des bâtons normalement employés pour tenir des pancartes, mais ne s’en sont pas servi autrement que pour frapper au sol. Certains gestionnaires auraient néanmoins reçu des coups au visage, alors que d’autres ont été dépouillés de leur portefeuille ou de leurs téléphones.

D’après le syndicat, les travailleurs présents sur place faisaient partie d’une équipe de piquetage « volante » dont la mission était de reproduire sur place ce qui avait été fait au stationnement régulier lundi soir, à savoir retarder la sortie des gestionnaires.

Les choses se seraient envenimées quand un gestionnaire a reconnu un syndiqué dans sa voiture, déclenchant une cohue au cours de laquelle une fourgonnette aurait transporté un manifestant sur son capot sur une courte distance. Cet incident aurait été l’étincelle qui a mené à un brasse-camarades. Quant aux gestes précis qui auraient été posés par la suite, le syndicat dit s’en remettre à l’enquête de la police.

Selon une porte-parole du SPVM, Caroline Chèvrefils, les manifestants avaient tous fui les lieux à l'arrivée des policiers. Les victimes ont été rencontrées, aucune arrestation n'a encore eu lieu, mais une enquête concernant des voies de fait et des vols est en cours.

« Entière responsabilité »

« Ce n’était pas une embuscade, c’était un piquet volant qui a mal tourné, et on en prend l’entière responsabilité comme syndicat », a déclaré le conseiller syndical Michel Murray. Plus tôt, il avait dit que son syndicat condamnait « toute forme de violence et d’intimidation ». Aucune mesure disciplinaire n’est toutefois envisagée pour les syndiqués fautifs.

« Depuis le début de la semaine, on se fait provoquer par les cadres à leur sortie, a-t-il aussi expliqué. Je pense que le presto a sauté. Ce n’est pas un retour aux années 70 des relations de travail. C’est ce qui arrive, à l’occasion, quand on fait appel à des briseurs de grève. »

Depuis le début de la grève, lundi matin, les gestionnaires en question accomplissent des tâches normalement effectuées par les syndiqués, comme le permet la loi. Le syndicat avait qualifié cette décision de provocation « épouvantable » et de « déclaration de guerre ».

La journée de négociations en présence d’un médiateur qui avait été prévue jeudi a été annulée par le syndicat mercredi soir, après les événements, en prévision de la crise qu’il faudrait gérer. Les gestionnaires victimes de la manœuvre syndicale ont quant à eux été invités à rester à la maison. Le retour à la table est prévu pour la semaine prochaine.

Retour vendredi?

La grève de quatre jours doit se terminer vendredi matin, à 7 h. Des doutes subsistent toutefois à savoir si les débardeurs seront vraiment de retour au travail à ce moment, puisqu’un autre syndicat, celui des vérificateurs, doit à son tenir une journée de grève vendredi.

M. Murray s’est abstenu de promettre un retour.

« Le syndicat des vérificateurs est un syndicat frère depuis plus de 100 ans. Nous serons en discussion au cours des prochaines heures avec le syndicat des vérificateurs parce qu’on ne voudrait pas froisser notre syndicat frère. C’est avec eux qu’on travaille à longueur de journée. Lorsqu’on aura accès, dans l’éventualité où on a accès, [vendredi], à nos pièces de machinerie, les débardeurs vont effectuer leur travail normal. »