Des contrôles de la température. De plus grandes files d’attente. Moins de repas. Pas d’alcool. Au bout du compte, des prix plus élevés.

Les voyages en avion, souvent un casse-tête avant la pandémie, devraient comporter encore plus d’inconvénients. Il y a plus d’espace pour chacun, mais aussi plus d’attente, des tarifs à la hausse et des environnements plus stériles.

Les transporteurs, dont les flottes sont en grande partie immobilisées depuis la mi-mars, en lien aux restrictions de voyage et à une demande extrêmement faible, doivent générer assez de revenus pour rester à flot, tout en assurant la sécurité des passagers et employés.

Afin de maintenir une distance physique, Air Canada et WestJet bloquent la vente de sièges adjacents en classe économique et dans tout l’avion, respectivement.

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Les passagers d’Air Canada reçoivent des trousses comprenant un désinfectant pour les mains, des lingettes antiseptiques, des gants, une bouteille d’eau et un masque – ce dernier item conformément aux règles fédérales, en date du 4 juin.

Pour minimiser les contacts, les oreillers, les couvertures et l’alcool ne sont pas disponibles, et le service de boissons est limité à l’eau en bouteille.

Seuls les voyageurs internationaux ou en classe affaires, au cours des trajets de plus de deux heures, se voient offrir des repas en boîte : pas de repas à plusieurs plats, même pour les voyageurs « élites ».

Des contrôles de température infrarouge seront bientôt requis pour tous les passagers ; d’ici à septembre, des postes de contrôle seront installés dans 15 aéroports au pays.

Les voyageurs dont la température est élevée — 37,5 °C dans le cas d’Air Canada, qui effectue déjà des vérifications préalables — ne pourront embarquer, et il leur sera interdit de prendre un vol pendant au moins 14 jours.

L’efficacité de cette mesure reste à établir.

« La thermographie n’est bonne que pour les personnes qui ont un début de fièvre ou un semblant de celle-ci, a déclaré Tim Sly, épidémiologiste et professeur émérite à la School of Public Health de l’Université Ryerson. Or, ce virus est furtif. »

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Les voyageurs dont la température est élevée — 37,5 °C dans le cas d’Air Canada, qui effectue déjà des vérifications préalables — ne pourront embarquer, et il leur sera interdit de prendre un vol pendant au moins 14 jours.

Une étude de l’Imperial College de Londres a révélé que la technique ne détecterait pas une augmentation de la température chez environ la moitié des personnes atteintes du virus.

Selon Transports Canada, les passagers de deux ans et plus, les membres d’équipage et les employés d’aéroport doivent porter en tout temps un masque non médical ou un couvre-visage, sauf au cours des repas.

Les passagers assis à l’arrière embarquent généralement en premier et ceux à l’avant en dernier, pour réduire le risque de transmission.

Les aéroports de Montréal, Toronto, Vancouver et Calgary incitent à un contrôle des bagages « sans contact » : les voyageurs s’enregistrent à distance, impriment des étiquettes dans un kiosque de l’aéroport et déposent leurs bagages à un endroit désigné.

Les règles de distance physique dans les terminaux très fréquentés pourraient réduire la capacité et encombrer les arrivées et les départs, ce qui compliquerait la tâche des transporteurs pour récupérer leurs pertes.

Davantage de nettoyage signifie probablement plus de temps entre les vols. Combiné à moins de passagers, ça pourrait limiter sérieusement les revenus.

« Éliminer le siège central réduirait la capacité d’un tiers, a dit Jacques Roy, professeur de gestion des transports aux HEC Montréal. Pour compenser, il faut augmenter les prix. »

En Amérique du Nord, la distance physique à bord ferait grimper le prix moyen de 43 % à 289 $ US, contre 202 $ US en 2019. Cela juste pour que les compagnies aériennes atteignent le seuil de rentabilité, selon l’International Air Transport Association (IATA).

« Si l’élimination du siège du milieu est compensée par des tarifs plus élevés, l’ère des voyages abordables va se terminer », a confié le directeur général de l’IATA, Alexandre de Juniac.

Le volume de passagers a chuté de plus de 95 % chez les transporteurs canadiens, par rapport à l’an dernier. Quand plus de gens voudront reprendre l’avion, il se peut que les transporteurs offrent de nouveau le siège du milieu.

WestJet a dit par courriel qu’elle réévaluerait sa politique là-dessus à la fin du mois. Chez Air Canada, un porte-parole a fait savoir qu’il est impossible de spéculer.