(Québec) Il y aura finalement une seule évaluation environnementale Québec-Ottawa sur le controversé projet de pipeline Gazoduq.

Une entente entre les gouvernements Legault et Trudeau a été signée et déposée vendredi à l’Assemblée nationale. « Une très, très belle entente », a dit le ministre caquiste de l’Environnement, Benoit Charette, tandis que le Parti québécois (PQ) plaide que le Québec recule.

Donc, il y aura un seul processus d’analyse de ce long pipeline projeté sur le territoire québécois, plutôt que d’avoir deux démarches en parallèle, l’une menée par le Québec, avec le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et l’autre par le fédéral, avec l’Agence canadienne d’évaluation environnementale.

« Favoriser la cohérence »

Ainsi, les deux organismes « conviennent de collaborer afin de favoriser la cohérence à l’égard des conditions éventuelles qui pourraient être imposées à Gazoduq ».

Le PQ avait déjà dénoncé l’entente quand elle était encore à l’ébauche. Selon le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, le gouvernement caquiste abdique ainsi ses responsabilités et renonce à sa compétence en matière d’environnement : le Québec pourrait ainsi être forcé de plier devant le fédéral qui veut imposer ce projet.

« Un premier pas »

« Au contraire, c’est une très, très belle entente », a pour sa part tenu à souligner Benoit Charette, en entrevue avec La Presse canadienne. On vient ainsi de réduire les délais pour les promoteurs d’environ 20 mois et, par ailleurs, le fédéral reconnaît ainsi ainsi les étapes d’évaluation du Québec, a-t-il fait valoir.

« On souhaite à terme une exclusivité à cette reconnaissance. […] Malheureusement, cette complète indépendance ne nous a pas été reconnue, mais c’est un premier pas excessivement important et j’espère qu’il fera école pour les autres évaluations conjointes. »

« C’est un aveu que le fédéral peut venir jouer dans les enjeux environnementaux sur le territoire du Québec, estime plutôt M. Gaudreault. Je refuse que le BAPE abdique ses responsabilités au profit d’une instance fédérale. »

Prétendue « cohérence »

Au nom de la « prétendue cohérence », quand les lois du Québec et du fédéral seront en contradiction, le gouvernement Trudeau imposera ses conditions, considérant qu’il subit beaucoup de pression pour autoriser l’exploitation et l’exportation des énergies fossiles de l’Alberta, craint le député péquiste.

Or la loi québécoise protège mieux l’environnement que les lois fédérales depuis que l’ancien gouvernement Harper les a affaiblies, a-t-il soutenu.

M. Gaudreault refuse même que ce projet soit considéré comme « interprovincial », ce qui permet au fédéral d’asseoir sa prétention.

Ainsi, une très petite portion de la canalisation projetée de 750 km se trouve sur le territoire ontarien, alors que tout le reste traverserait le Québec d’ouest en est pour aboutir au port de Saguenay, à un autre projet : une usine de liquéfaction de gaz naturel baptisée GNL-Québec, où des méthaniers viendraient s’approvisionner à destination de l’étranger.

Faussement nationaliste

Le porte-parole péquiste en matière d’environnement en conclut que le gouvernement Legault est faussement nationaliste.

« Il fait des effets de toge pour dire que l’environnement est une compétence du Québec, mais dans le premier cas venu, il baisse les bras, il rend les armes. »

Rappelons que le premier ministre François Legault s’est exprimé lui-même à plusieurs reprises en faveur des projets Gazoduq et GNL-Québec, des chantiers de plusieurs milliards de dollars.