(Montréal) La valeur du placement de l’État dans l’A220 — l’ex-C Series de Bombardier — n’a pas fini de piquer du nez, a reconnu lundi le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour qui il est toutefois trop tôt pour dire si les contribuables québécois ont tout perdu.

En point de presse, lundi, à Montréal, celui-ci n’est pas allé aussi loin que le premier ministre François Legault, qui avait laissé entendre, vendredi dernier, que le « montant » total du 1,3 milliard injecté par le gouvernement libéral de Philippe Couillard en 2015 dans l’avion maintenant contrôlé par Airbus « devrait être radié ».

M. Legault avait offert cette réponse après avoir été questionné sur la possibilité que son gouvernement vole à la rescousse de Bombardier en dépit de nouvelles compressions au sein de l’entreprise, qui se traduiront par l’élimination de 2500 postes, dont 1500 au Québec.

« Il est fort probable que l’évaluation va être plus basse que l’an dernier en raison de la COVID-19, a affirmé M. Fitzgibbon. Est-ce que ça va être 0, 100 ou 200 millions ? On ne le sait pas. »

Par l’entremise d’Investissement Québec (IQ), l’État détient 25 % de l’A220 depuis février, étant donné que Bombardier a quitté l’aventure. Dans la foulée de la transaction, Québec avait dévalué de 600 millions son placement. On devrait dévoiler vers la fin août la prochaine évaluation.

La pandémie a paralysé le secteur de l’aviation commerciale, ce qui repousse les livraisons d’appareils et affecte ainsi la valeur du programme, a expliqué M. Fitzgibbon. Mais ce n’est qu’en 2026, lorsque l’avionneur aura l’option de racheter la part de Québec, que l’on aura une idée de la somme qui sera récupérée, a-t-il ajouté.

« Il n’est pas impossible que l’an prochain, si tout va bien, que nous allons remonter (la valeur du) placement », a souligné le ministre de l’Économie.

À son avis, le commentaire fait par M. Legault la semaine dernière était « circonstanciel » et évoquait en fait la valeur de la participation d’IQ dans l’A220 dans l’environnement économique actuel.

Au début du mois de mai, Airbus avait annoncé 350 mises à pied temporaires à ses installations de Mirabel, dans les Laurentides, où s’effectue l’assemblage de l’appareil, sans toutefois dire quand ces employés allaient pouvoir revenir au travail. L’entreprise avait décidé de repousser à l’an prochain l’augmentation de cadence, ce qui signifie que le rythme de production demeurera à quatre appareils par mois.