Les détaillants sont furieux d’avoir été mis au courant mercredi soir, par Québec, qu’ils seront forcés de reprendre les contenants consignés normalement. C’est-à-dire à l’intérieur de leurs établissements. Certains avaient investi « de 5000 à 10 000 $ » en installations semi-permanentes pour respecter l’entente conclue il y a deux semaines.

« On ne peut pas tirer la plogue comme ça sans discussion ! On peut-tu s’asseoir ? […] Ils nous ont prévenus hier soir à 21 h 15 et le communiqué était déjà écrit », déplore Stéphane Lacasse, porte-parole de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA).

Le 10 mai, une entente était intervenue entre Québec, les brasseurs de bière, les dépanneurs et les épiciers afin que les contenants consignés soient repris à l’extérieur, notamment sous des chapiteaux, à compter du 18 mai. Les détaillants ont ensuite organisé de « grandes corvées » les fins de semaine. Certains ont même installé des gobeuses dehors.

Or, le taux de récupération des bouteilles de bière à remplissage multiple lors de ces « corvées » n’était pas suffisant pour les besoins de Molson, Labatt et Sleeman. Leur production, depuis des semaines déjà, tournait d’ailleurs au ralenti, faute de bouteilles.

Et certains volumes ont été transférés en Ontario par Labatt qui n’a pas l’équipement nécessaire au Québec pour utiliser des bouteilles neuves, a confié à La Presse Sylvain Moreau, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Brasserie Labatt-CSN.

Des pénuries pour certaines marques de bière en bouteilles étaient même à prévoir dans les prochaines semaines, selon l’Association des brasseurs du Québec.

Dans un communiqué diffusé jeudi matin, le gouvernement du Québec précise qu’à compter du 8 juin « tous les détaillants du Québec, hormis ceux de l’île de Montréal, devront recommencer à reprendre tous les contenants consignés en magasin ».

La reprise des contenants consignés dans l’île de Montréal reprendra quant à elle le 22 juin.

Autre point important : les détaillants devront remettre les montants des consignes perçus aux consommateurs. Dans les « grandes corvées », certains détaillants donnaient systématiquement l’argent à des œuvres de charité pour éviter de manipuler de l’argent comptant.

« On a été premièrement surpris et choqués », a réagi le DG du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) Marc Fortin. Pour le moment, il dit n’avoir aucune idée de la façon dont ses membres (les grandes chaînes d’alimentation) pourront se plier à cette directive sans mettre en danger la santé des employés. Des discussions à cet effet sont prévues jeudi.

À l’instar de l’ADA, M. Fortin déplore que l’entente soit déchirée rapidement alors que les installations extérieures « ont coûté une fortune ».