L’idée du Panier Bleu m’a plu. Lorsque les fabricants, producteurs et commerçants du Québec réussissent, dans une véritable économie de propriétaires, nous créons de la prospérité ; ce que nous léguerons à nos enfants, afin qu’ils puissent eux aussi se payer les écoles, les hôpitaux et les infrastructures leur assurant un niveau de vie adéquat. 

En encourageant les entreprises d’ici, leurs ventes augmentent, ainsi que leur capacité à accroître les emplois. Les propriétaires réalisent des gains qu’ils réinvestissent ici, souvent accompagnés par des copropriétaires tels la Caisse de dépôt, le Fonds de solidarité FTQ, Investissement Québec ou d’autres qui contribuent également à la prospérité des familles québécoises.

Ce nationalisme économique ne contredit pas notre ouverture aux propriétaires étrangers sur le sol québécois. Ils sont les bienvenus ; toutefois, on vise clairement à favoriser la création de prospérité là où les Québécois sont propriétaires, avec notre argent, nos investissements, nos programmes, nos comportements, et notre savoir issu de l’éducation qu’on paie.

Un des effets de cette crise de la COVID-19, malgré le drame humain qui se déroule devant nos yeux, sera indéniablement la prise de conscience de l’importance de la « chose économique » par un plus grand nombre de citoyens. Les 10 dernières années ont offert une croissance économique importante à l’échelle mondiale, doublée du plein emploi pour plusieurs régions du Québec. Nombreux sont ceux qui tenaient les entreprises pour acquises, ignorant souvent que la source de l’argent public était intimement liée à leur succès, et réalisent brutalement que lorsque l’économie cesse de fonctionner, le bien-être est très rapidement affecté.

Le Panier Bleu devrait être un réflexe pour tous les Québécois. Toutefois, il faudra comprendre les limites de sa portée économique réelle, car toute mesure du genre ne doit jamais masquer l’importance de la compétitivité de nos entreprises à l’échelle internationale. Autrement dit, personne ne paiera 5 $ pour une tomate québécoise, encore moins un étranger.

Cette crise sera inévitablement un catalyseur de l’obsolescence des modèles d’affaires, et par conséquent de la nécessité de l’investissement en innovation.

L’innovation chez nous, l’innovation en bleu. En ce moment, ce sont les entreprises et organisations grandement adaptables et flexibles qui fonctionnent et ont le plus de chances de prospérer ; un certain darwinisme des affaires, une sélection des survivants. Les commerçants transformés au commerce électronique, les manufacturiers 4.0 automatisés, les entreprises qui maîtrisent la logistique par le numérique, celles qui étaient adaptées au télétravail ou aux opérations en infonuagique ; toutes ces organisations sont aujourd’hui déjà mieux placées pour poursuivre leurs activités. Elles grandiront, parce qu’elles sont compétitives grâce à leurs efforts d’innovation.

Nombreux sont les individus ayant découvert le télétravail, l’efficacité du commerce électronique ou celle de certains manufacturiers et réseaux de distribution. Personne ne voudra régresser et tous exigeront davantage d’efficacité, de numérique et d’innovation dans les affaires. 

La barre des attentes sera encore plus élevée qu’en amont de la crise, et il y a fort à parier que les entreprises réévalueront leurs besoins d’espaces physiques, que les centres d’appels seront virtualisés, que les manufacturiers voudront davantage d’automatisation-robotisation, que le juste-à-temps sera la norme et que le système de santé favorisera la télémédecine.

Au sortir de cette crise, ce dont le Québec aura le plus besoin, c’est d’innovation dans tous les secteurs. De l’innovation en bleu, chez nous, nécessaire pour être efficace, compétitif, exporter, et importer la richesse pour nos générations futures. Cela nécessitera davantage de talent qui devra être investi dans nos entreprises et institutions. Le produit de l’éducation que les Québécois paient doit donner des fruits d’abord chez nous, pour créer de la prospérité ici.

Nos talents innovants ne sont plus que de simples travailleurs payeurs de taxes ; ils sont des leviers de création de compétitivité et de prospérité lorsqu’ils sont déployés pour innover dans nos organisations. L’inverse est malheureusement également vrai : sans innovation, nos entreprises seront moins compétitives à l’échelle internationale et menacées d’extinction.

Le Panier Bleu, oui. Mais l’innovation en bleu, c’est là que nos gouvernements et notre société devront investir, en favorisant le déploiement de nos talents, le produit de l’éducation dans laquelle nous investissons, chez nous, et pour nous. Un Québec innovant sera certainement un Québec plus riche pour nos enfants.